Le mur de l’Atlantique

© Arnaud Boissières / Akena Veranda

Il reste aux leaders moins de 25% du parcours à accomplir. Mais ont-ils fait le plus dur ? Pour l’instant, cette remontée de l’Atlantique Sud est tout sauf une sinécure. La sortie du Pacifique n’est pas non plus une partie de rigolade. SynerCiel devrait enfin doubler le cap Dur demain matin.

Les ennuis de Dick

La nuit dernière, François Gabart et Armel Le Cléac’h n’ont pas fermé l’œil. « La mer, c’était les montagnes russes, raconte le skipper de Banque Populaire. Il y a eu des grains à 45 nœuds ». Au près serré, la vie à bord d’un monocoque de 60 pieds se transforme vite en calvaire. Pire encore quand les soucis techniques s’en mêlent. C’est ce qui est arrivé ce matin à 5h15 à Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) lorsque l’attache textile (le loop) de son étai de solent s’est rompue. Cet étai est celui qui maintient le mât sur l’avant. La rupture d’un de ses points d’ancrages représente toujours un risque de démâtage. Heureusement, Jean-Pierre naviguait alors sous trinquette. Comme il était au près, dans une mer démontée, il a immédiatement abattu afin de pouvoir rétablir la situation : d’abord, récupérer son étai (avec le solent enroulé dessus) qui valdinguait dans tous les sens, ensuite le fixer à nouveau sur le pont. Une fixation de fortune car il faut maintenant remettre cet étai sous tension pour qu’il remplisse pleinement son rôle… Mais l’affaire est loin d’être terminée. Car à la mi-journée, Virbac-Paprec 3 était à nouveau en sens inverse de la marche, cap au 114. Jean-Pierre est toujours en train d’essayer de solutionner son problème. Dommage, car il avait réussi à combler une partie de son retard sur les deux larrons de devant…
Cela dit, la voie est loin d’être dégagée et la situation météo, au grand large de Buenos Aires, est pour le moins obscure. Au live de la mi-journée, Armel Le Cléac’h avouait ne pas avoir les conditions prévues par les fichiers météo. Et au pointage de 16 heures, Banque Populaire n’avançait plus qu’à 6,5 nœuds, dans une zone de vent faible. Plus à l’Est, MACIF semble mieux s’en sortir pour l’instant. Il est en tout cas plus véloce (10,2) que son adversaire, même s’il progresse toujours au près serré.
Au final, ces péripéties techniques et météorologiques profitent à Hugo Boss. Alex Thomson a encore gagné 39 milles en 24 heures et se rapproche lentement du podium virtuel.

L’autre soulagement de Stamm

A 1700 milles du quatuor de tête, Jean Le Cam vit une approche douloureuse des côtes chiliennes, à coup d’empannages. SynerCiel est à 235 milles du cap Horn. Son passage y est prévu demain (mardi) matin. Dans son sillage, tout le monde serre les dents en attendant la délivrance. Mike Golding devrait entrer en Atlantique Sud une douzaine d’heures derrière SynerCiel. Puis ce sera au tour de Mirabaud et de Cheminées Poujoulat.

Pour Bernard Stamm, le passage du Horn sera aussi un soulagement, mais pas pour les mêmes raisons que ses congénères. Son équipe est en train d’étudier les solutions pour le ravitailler en carburant dès qu’il aura doublé le fameux caillou. Ce sera alors la fin des galères d’énergie pour le marin suisse…

Classement au 7/01 – 16h00

  1. FRANCOIS GABART
    [ Macif ]
    à 5539,7 milles de l’arrivée
  2. ARMEL LE CLEAC’H
    [ Banque Populaire ]
    à 59,2 milles du leader
  3. JEAN-PIERRE DICK
    [ Virbac Paprec 3 ]
    à 336,6 milles du leader
  4. ALEX THOMSON
    [ Hugo Boss ]
    à 6578,9 milles du leader
  5. JEAN LE CAM
    [ SynerCiel ]
    à 1706,4 milles du leader

Ils ont dit

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire)

La nuit a été difficile. Il y avait du vent au près assez fort, des grains jusqu’à 45 nœuds et une mer démontée. C’était un peu les montagnes russes et ce n’était pas drôle à vivre. Le vent n’est pas du tout dans la bonne direction par rapport à ce qui était prévu sur les fichiers. On va attendre que ça tourne un peu mais je ne comprends pas. La remontée de l’Atlantique Sud, ce n’est pas ce qu’il y a de plus sympa. Ce ne sont pas les meilleures journées du Vendée Globe. On va vers le nord et un alizé un peu plus stable mais on essaie de progresser tant bien que mal. Il n’y a pas de galère sur le bateau donc c’est bien, il y a juste quelques bricoles.

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud)

La mer est toujours croisée mais elle est moins haute, ça s’est un peu arrangé. Le bateau enfourne encore un peu et la stabilité n’est pas extraordinaire. Mais on est à 20 nœuds au lieu de 30 donc c’est plus facile. On fait route vers le cap Horn, je pense y être dans 48 heures. Je suis en pleine forme. J’ai bien pu roupiller cette nuit, un peu par hasard car je n’ai pas entendu mon alarme. C’est la première fois depuis le début du Vendée que je dors 3h d’affilée. Mais c’est bien car il faut du sommeil dans ces moments-là. Dans ces zones, notre physique est soumis à des conditions très difficiles. Mais 3h d’affilée, c’est une faute professionnelle (rires).

Tanguy de Lamotte (FRA, Initiatives-cœur)

Le bateau est rangé, c’est en ordre. J’ai rangé les bouts de scotch et ficelle. J’ai remis le gennak et la grand-voile, j’ai fini mon empannage un peu bizarre. Là je suis sur la route avec un vent parfait pour aller à la prochaine porte. (Sur sa réparation de grand-voile) On est les ingénieurs multifonctions mais effectivement de temps en temps, la mécanique ça peut être de la couture par exemple. Il faut savoir faire un peu de tout. C’est important d’avoir de l’expérience dans ce domaine. La manœuvre la plus fatigante, c’est sans doute de hisser la grand-voile avec trois ris. Ça représente 50% de la grand-voile à hisser d’un coup. Du coup c’est un peu plus dur. Mais physiquement, ça va bien. Je prends souvent le temps la journée de faire quelques exercices pour entretenir les parties de mon corps qui ne travaillent pas lors des manœuvres

Source

Liliane Fretté Communication

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