Divergences d’appréciation entre les leaders

© Tanguy de Lamotte / Initiatives Coeur

Il est passé par ici, il repassera par là… Au gré des classements, des relevés météo et des informations que veulent bien livrer les concurrents, les supputations vont bon train sur la route à suivre pour rejoindre les portes de l’océan Indien. A ce petit jeu, les solitaires prennent garde à ne pas se dévoiler. La guerre psychologique va bon train.

Cela va des déclarations péremptoires aux commentaires lénifiants. Entre certitudes délivrées par certains et informations soigneusement distillées pour laisser entendre que tout se déroule à merveille, la tête de flotte du Vendée Globe rivalise de tentatives d’intoxication de l’adversaire. Première règle : se montrer sûr de son fait. C’est Jean Le Cam (SynerCiel) qui déclare tout à trac que le leader actuel, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), va droit dans le mur et ne se relèvera pas tout de suite de son enfermement stratégique. Deuxième ligne de conduite : ne jamais dévoiler ses faiblesses. A bord de MACIF, François Gabart ne déroge pas à ses habitudes : depuis le départ la roue de la fortune tourne toujours dans le bon sens pour l’étoile montante de la course au large. D’autres encore, ne peuvent être joints à la vacation, quand une partie cruciale est en train de se jouer. C’est la bouteille à l’encre sur la flotte du Vendée Globe. Dans cette partie de poker menteur où les joueurs oscillent entre conviction profonde, réelle fatigue pour certains et tranquillité assumée pour d’autres, difficile de démêler le vrai du faux. Seule l’évolution des classements, dans sa froide objectivité, permet de se faire une opinion. Dans cette guerre des nerfs, savoir négocier au mieux les zones de vents faibles est primordial. Les solitaires acceptent de passer du temps sur le pont, réglant sans relâche, surveillant régulièrement les appendices de peur qu’une algue ou un sac plastique ne vienne perturber l’équilibre hydrodynamique du bateau. A terre, les équipes techniques écoutent avec attention les correspondances entre les marins et le PC Course pour essayer de déceler la moindre faille dans le discours. Mata Hari et Enigma ont de dignes successeurs.

Compression générale

Une chose est certaine : le trio Le Cam, Golding (Gamesa), Wavre (Mirabaud) a d’ores et déjà récupéré une grande partie de son retard sur le quinté de tête et se sent même quelques appétits pour essayer de dévorer Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Alex Thomson (Hugo Boss). Entre Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) et François Gabart, difficile de savoir qui est le mieux placé dans la descente vers le sud. Et tout le monde guette pour savoir si la couronne d’Armel Le Cléac’h va rester sur sa tête.
Pour le petit peloton des poursuivants, tout va aussi pour le mieux. Pour Javier Sanso (Acciona 100%EcoPowered), Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur), Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets), le syndrome du renseignement secret est bien loin de leurs préoccupations. Il s’agit avant tout de pousser les feux de leur machine, d’aligner les milles comme qui rigole… Comme par hasard, au fur et à mesure des écarts qui diminuent, les voix reprennent de la vigueur, les sourires se font plus évidents. Ils ont beau naviguer dans des conditions proches de l’idéal, aucun de ces navigateurs n’oublie qu’il est en course et que sans cet aiguillon leur univers pourrait paraître un peu fade. Encore deux ou trois jours et la musique aura changé.

Rappel

Vendredi à 14h30, CLS l’entreprise qui traite les informations concernant les positions des glaces et la direction de course du Vendée Globe tiennent une conférence de presse sur les portes des glaces.
Leur positionnement, leur utilité, les contraintes qu’elles imposent, la sécurité qu’elles offrent, ce sera l’occasion de débattre de vive voix avec les parties concernées avant que la flotte n’aborde les mers du Sud.

Classement au 28/11 – 16h00

  1. Armel Le Cléac’h
    [ Banque Populaire ]
    à 19335,6 milles de l’arrivée
  2. Alex Thomson
    [ Hugo Boss ]
    à 146,7 milles du leader
  3. Bernard Stamm
    [Cheminées Poujoulat ]
    à 200,3 milles du leader
  4. François Gabart
    [ Macif ]
    à 248,2 milles du leader
  5. Jean-Pierre Dick
    [ Virbac Paprec 3]
    à 287,8 milles du leader

Ils ont dit

Bernard Stamm (SUI, Cheminées Poujoulat)

Ça va, ça vient au niveau des allures, mais c’est plutôt mieux que prévu. Ciel bleu, avec quelques nuages, la mer est belle et calme. Il y a peu de vent, je marche à 8-9 nœuds sous spi. J’essaie de me tenir sur un petit front en dessous de nous, au nord de ce machin-là pour garder du vent autant que je peux. Là, j’ai tenté de trouver un passage, il y a l’air d’avoir un tout petit peu de vent au nord du front, c’est plutôt pas mal. Mais si j’avais voulu choisir une route, ça n’aurait pas été celle la.

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Vérandas)

Ça va super bien. Cette nuit, ça a été un peu chaud, il y avait pas mal de grain. Le meilleur coup stratégique qui a été fait, c’est la bande des trois qui a rattrapé le paquet de tête. Quant à nous, on va faire une belle cuillère, un empannage, et on va être beaucoup moins ralentis que les premiers. Sans parler de coup stratégique, on va bien revenir sur les autres et je pense que c’est une bonne chose à l’entrée des mers du sud. C’est beaucoup moins compliqué pour nous. Il faut juste glisser, ça va vite et c’est agréable avec ces bateaux.

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud)

Ça se passe extrêmement bien. Le fait de bien contourner la dorsale pas l’ouest, c’est super agréable. On prépare les transitions en se disant qu’il y a du mauvais temps qui arrive. Tu vérifies si tout va bien dans le bateau. Mais tu prépares ça avec plaisir car c’est vrai que les conditions sont un petit peu trop plates pour l’instant. Là, avoir une belle bagarre avec Golding et Le Cam et revenir sur ceux de devant, c’est vraiment génial.

Armel Le Céac’h (FRA, Banque Populaire)

J’ai eu trois ou quatre heures un peu difficiles dans la dorsale, c’était un petit peu mou mais on a retrouvé du vent depuis que je suis passé de l’autre côté de la dorsale. Les dès sont jetés. Tout le monde a pris ses options et on verra les résultats dans quarante-huit heures. Je sais que Jean-Pierre va aller vite, donc ça va être à moi d’avancer devant. On verra. Pour l’instant, je suis plutôt concentré sur le fait de retrouver du vent. Il y a eu pas mal de changements de voiles cette nuit. J’ai moins de vent que ce que je pensais mais là, ça semble être revenu comme prévu.

Jean Le Cam (FRA, Synerciel)

Là, je dois avoir la plus forte progression. C’est pas mal, depuis ce week-end, on a fait du boulot. Je suis placé tout comme il faut. Banque Populaire va dans le mur. Lui il fait tout au près, nous on fait tout au portant. Il va y avoir une bascule franche avec une belle dépression qui arrive! On se prépare à d’autres températures et d’autres horizons nouveaux. C’est sûr qu’on ne va pas être sous le soleil à bronzer. Les mers du Sud, on va trouver ça génial mais au bout de trois semaines, on en aura tous plein le c…

Source

Liliane Fretté Communication

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent

Les vidéos associées : 2012-13

Les vidéos associées : IMOCA

Les vidéos associées : Vendée Globe