60 milles de sprint vers Saint Gilles Croix de Vie

© Alexis Courcoux

C’est la dernière ligne droite, au sens propre comme au figuré. Car d’ici le finish en Vendée vers minuit, il n’y a rien d‘autre à faire que d’aller vite sur la route, au bon plein. Le scénario semble tout écrit pour Gildas Morvan (Cercle Vert), en passe de remporter à Saint Gilles Croix de Vie la cinquième étape de sa carrière de figariste. Nicolas Lunven (Generali), lui, apparaît comme le dauphin tout désigné de ce deuxième round. Derrière eux, c’est chaud bouillant pour l’attribution de la médaille de bronze que cinq marins au moins se disputent, au premier rang desquels Yann Eliès (Groupe Queguiner – Le Journal des Entreprises). La messe n’est donc pas dite pour tous. Car le flux de sud-ouest va mollir en fin de journée et que la route directe emmène les marins sous le vent de l’Ile d’Yeu, dans une zone incertaine…

Les deux hommes qui animent les débats depuis 48 heures n’ont pas flanché cette nuit dans le grand virage au large de la presqu’île de Crozon. Le raz de Sein, passé avec un courant favorable, a été indolore et les a conforté dans leur position. A 60 milles de l’arrivée, ils poursuivent leur démonstration de force. Le skipper de Cercle Vert a passé toutes les marques de parcours en tête et on voit mal, compte tenu du contexte météo limpide, comment il pourrait être rattrapé. C’est le constat que faisait ce matin son plus fidèle adversaire Nicolas Lunven : « A moins qu’il ne s’endorme lamentablement sur sa table à carte ou qu’il ne commette une bêtise, je vois mal comment je pourrais dépasser Gildas ».

Un fauteuil pour cinq

Cette derrière ligne droite au bon plein entamée dès la sortie du raz de Sein n’est effectivement pas propice aux grands chamboulements. C’est une course de vitesse pure, un sprint final éreintant pour conserver sa place et limiter les écarts. Yann Eliès (3e à 2,8 milles du leader) en sait quelque chose. Depuis 24 heures, il navigue sans électronique, passe beaucoup de temps à la barre et doit faire appel à toutes ses sensations pour jauger au feeling direction, force du vent et vitesse du bateau. Un exercice d’autant plus délicat que Yann est chassé depuis longtemps par un Erwan Tabarly (Nacarat, 4e à 3,2 milles) qui ne lâche rien. Pas plus que Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls, 5e à 3,6 milles) qui a tout fait depuis le départ pour laver son abandon dans la première étape. Un troisième larron s’est glissé dans le club des prétendants au podium : Alexis Loison (Groupe Fiva), auteur d’une remontée spectaculaire cette nuit. Un peu plus loin, Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) est aussi à l’attaque. Tous espèrent que la situation se compliquera ce soir sous le vent de l’Ile d’Yeu. Un tassement de la flotte permettrait à Fabien de se rapprocher de Yann Eliès, actuel leader du classement général. A l’issue de la première étape, 20 minutes et 19 secondes séparent les deux hommes.

La cerise pour Nick Cherry ?

Chez les bizuths, cette deuxième étape va probablement resserrer les rangs. Cette fois, c’est le Britannique Nick Cherry (Artemis 77 – 23e) qui mène le bal des débutants tandis que Thomas Normand (Financière de l’Echiquier), leader en Espagne, occupe actuellement la 29e place. Les écarts ne sont pas monumentaux entre ces deux concurrents, au milieu desquels s’intercalent Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Espoir) et Julien Villion (Seixo Promotion). Il n’y aura donc pas de grande révolution au classement, juste une petite compression du temps…

A propos de temps, seul étalon de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard Cachemire, les 36 skippers devraient tous arriver en l’espace de 4 heures à Saint Gilles Croix de Vie. La nuit sera longue sur les pontons de Port La Vie où les premiers sont attendus vers minuit.

Ils ont dit

Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Je fais ma route optimum »

« Je viens de vérifier la météo. On devrait avoir du vent quasiment jusqu’à l’arrivée. Du vent qui va tourner doucement à droite. Il va faiblir mais rester assez fort pour arriver jusqu’à Saint Gilles tranquillement. Je ne réfléchis pas trop à mon positionnement, je fais ma route optimum. L’objectif est d’aller très vite vers Saint Gilles, comme je le fais depuis le début. Cette nuit, j’ai bien anticipé mon arrivée sur l’Occidentale de Sein, j’ai passé Nico Lunven alors qu’on était en match race sous spi bord à bord sans savoir qui allait passer en tête…Entre la Basse du Lis et le raz de Sein, j’ai vu qu’il fallait chercher le courant à fond à gauche. Là, j’ai pris deux nœuds dans les fesses. Là, c’est sûr que j’ai creusé. »

Nicolas Lunven (Generali) : « Comment reprendre un mille à Gildas Morvan ? »

 » Dernière ligne droite à la maison, pas que pour moi, je crois qu’on est beaucoup dans ce cas là mais c’est toujours agréable. On a 15 nœuds de vent au reaching, ça avance bien. Je suis toujours en deuxième position, ça pourrait être pire. J’ai un mille de retard, et franchement il ne faut pas rêver. Mais il (Gildas Morvan) peut faire une bêtise, il peut se passer des choses. On ne sait jamais, mais en conditions normales je ne sais pas comment je peux rattraper un mille à Gildas Morvan… sauf qu’il s’endort lamentable à la table à cartes. Des iles il ne va y en avoir qu’une à négocier parce qu’on ne va pas être gêné par Groix et Belle-Ile qu’on passera au vent. Ce sera surtout l’île d’Yeu, on va y arriver ce soir. Il faudra faire attention aux dévents surtout que le vent est annoncé mollissant sur la fin. Mais je ne crois pas qu’il y aura trop d’embûches pour la fin de parcours. ETA un peu après minuit. Il me reste 86 milles à faire à peu près, ça fait un peu plus de douze heures de navigation ».

Alexis Loison (Groupe Fiva) : Un petit coup gagnant

« J’étais dans le paquet des 15 premiers et hier, j’en avais un peu marre de ce paquet et j’ai joué un coup dans mon coin qui s’est révélé gagnant. Du coup je me suis retrouvé avec Yann (Eliès) et Erwan (Tabarly) et je me bagarre avec eux maintenant pour la troisième place. Devant ils sont un peu loin, mais tout est possible ».

Morgan Lagravière (Vendée) : Pas de réussite !

 » Ca se passe mal pour moi depuis le début. Je n’ai pas trop de réussite dans ce que je fais. Déjà j’ai pris un mauvais départ, j’ai eu un contact avec un bateau et du coup j’ai un problème de cadène. Je n’ai pas pris une bonne option pour la traversée du golfe de Gascogne. J’ai pu remonter après. Malheureusement c’est une ligne droite et il n’y a donc pas forcément beaucoup de choses à faire. On est un peu à la queue leu-leu. On avance à 7-8noeuds et au final il n’y a pas grand intérêt ».

Julien Villion (Seixo Promotion) : Du tout droit en rangs d’oignons

 » C’est un peu gris. Autour de moi j’ai du monde, Thomas Normand n’est pas trop loin derrière. C’est un peu du tout droit maintenant, en rangs d’oignons. Je suis un peu fatigué, j’ai eu une nuit un peu compliquée. J’ai eu des problèmes avec le matériel. J’ai passé deux heures à les résoudre et à renvoyer le spi. J’y ai laissé beaucoup d’énergie et ce matin j’étais vraiment rincé. Quand j’ai réussi à rétablir le bateau en mode course, j’ai dormi et j’ai perdu beaucoup de places et du coup j’ai eu du mal à suivre le rythme. Là ça va mieux, je mange et ça va tenir comme ça jusqu’à l’arrivée. L’arrivée c’est pour dans une dizaine d’heures ».

Yann ELIES (Groupe Queguiner – Le Journal des Entreprises) : Pas à l’abri d’un retournement de situation

« Je suis en train de tirer des bords et j’ai toujours mon problème d’électronique, je navigue un peu en aveugle j’ai plus de nke, j’ai juste un pilote qui suit le cap. Tout ce qui est infos, vent force, direction, vitesse du bateau … je n’ai pas, donc faut que je sois à la barre.
Pour naviguer dans ces conditions, j’essaye de retrouver les repères que j’ai l’habitude d’avoir. J’ai navigué pas mal au contact avec les autres, donc ça m’a permis de me caler, mais c’est frustrant de ne pas savoir à quelle vitesse on va. Mais ça a l’air d’aller.
C’est clair que mon objectif c’est de mettre moins d’écart possible entre moi et Nicolas Lunven. Il a été à 2, 1,9, 1,8, milles … et puis derrière il y a Erwan Tabarly qui ne lâche rien. On se tire la bourre. On prend peu de temps pour dormir et manger, ça va être comme ça jusqu’au bout. Il reste une bonne douzaine d’heures à faire comme ça. Moi le scenario que j’espère, c’est tout droit et vitesse, ça me convient ! Après ça va mollir sur la fin, avec l’île d’Yeu à passer. Plus on va dans l’Est, plus ça va mollir donc on n’est pas à l’abri d’un retournement de situation ! »

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RivaCom

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