Match en tête entre Morvan et Lunven

© Alexis Courcoux

Deux concurrents sont sortis gagnants des péripéties de la nuit dernière. Dans une course de vitesse sous spi qui dure depuis plus de 20 heures, Nicolas Lunven (Generali) et Gildas Morvan (Cercle Vert) ont pris l’ascendant et progressent désormais au coude à coude à 70 milles de l’Occidentale de Sein, prochaine marque de parcours de cette deuxième étape. Mais la nuit prochaine apportera son lot de difficultés : un empannage au niveau de la chaussée de Sein, un virage en tête d’épingle au large de Crozon, puis un tronçon 10 milles au louvoyage dans les courants jusqu’au raz de Sein. Ce changement de régime le long des côtes françaises est une promesse pour les poursuivants.

Le long tout droit à travers le golfe de Gascogne a été un exercice de placement et une épreuve de résistance. D’abord se sortir de la dorsale, puis encaisser une nuit sous spi dans la brise, dans un vent de sud-ouest instable et une mer de travers. Dans ce grand concours de vitesse sur un bord, rares sont les marins qui ont réussi à dormir. A la vacation de midi, la plupart d’entre eux confiait sortir d’une nuit blanche, mais pas forcément pour les mêmes raisons. Il y a ceux qui ont dû se surpasser pour rattraper un mauvais départ, comme Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), Yann Eliès (Groupe Queguiner/ Journal des Entreprises) ou encore Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste). Il y a ceux qui ont connu des galères, comme Thierry Chabagny (Gedimat) qui enrageait d’avoir une fois de plus explosé son grand spi, ou encore le jeune Britannique Henry Bomby (Artemis 37), démoralisé après ses problèmes de pilote automatique qui lui ont fait perdre énormément de terrain cette nuit : le benjamin de la flotte est désormais relégué à 24 milles de la tête de course. Enfin, il y a ceux qui sont restés accrochés à la barre pour maintenir leur avance. C’est le cas de Nicolas Lunven (Generali), qui a cravaché toute la nuit et de Gildas Morvan (Cercle Vert), en tête depuis les premières minutes de course en baie de Gijón. Cet après-midi, les deux hommes naviguent à moins de 200 mètres l’un de l’autre. Autant dire qu’ils ne sont pas près de fermer l’œil !

Des écarts à combler

Derrière, sous le vent des leaders, la chasse est ouverte pour un groupe de concurrents accusant moins de 5 milles de retard, avec dans l’ordre Erwan Tabarly (Nacarat), Jean-Pierre Nicol, le vainqueur de la première étape Yann Eliès, Damien Guillou, Jeanne Grégoire (Banque Populaire) et Vincent Biarnès (Prati’Bûches). Mais la flotte, répartie en petits groupes épars, s’est passablement étirée et les écarts commencent à parler : plus de 6 milles à partir du 13e (Xavier Macaire – Skipper Hérault) et au delà de 8 milles dès le 18e (Julien Villion – Seixo Promotion). A la vitesse où progressent les Figaro Bénéteau, un retard de 8 milles équivaut à un malus d’une heure à l’arrivée. Mais nous n’en sommes pas encore là…

Le carrefour breton

Car les 36 figaristes n’ont encore effectué que 55 % du parcours de cette deuxième étape. Dès cette nuit, ils entament la partie côtière du tracé. Les premiers devraient enrouler l’Occidentale de Sein (Grand Prix GMF) vers 2 heures du matin puis effectuer un virage à droite en Mer d’Iroise avant de mettre le cap vers la ligne d’arrivée, via le raz de Sein. Au programme : un empannage puis du louvoyage avec un courant qui devrait être favorable mais qui lèvera une mer face au vent. A l’aube de la dernière journée de navigation, ce grand carrefour au large de la Bretagne sera certainement favorable à quelques remaniements dans la hiérarchie. Les premiers sont attendus à Saint Gilles Croix de Vie mercredi dans la soirée…

Ils ont dit :

Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) : « Je ne pouvais pas faire pire… »

 » Je ne pouvais pas faire pire. Je ne me suis fait rentrer dedans, après j’ai fait une faute. J’étais rappel individuel. Je suis content d’être revenu dans le match, c’est plus plaisant d’être devant que derrière. J’avais bien retenu la leçon. Je me suis préparé en me disant que l’objectif était d’aller le plus vite possible. J’ai été le premier à accélérer et je me suis extirpé de cette molle espagnole le plus vite possible. J’ai passé toute la nuit à la barre, et j’y suis encore. Ca fait depuis hier midi que je suis à la barre de mon bateau. On ne voit rien, c’est blanc. Le plus près de moi c’est Erwan Tabarly mais je ne le vois pas tellement la visibilité est mauvaise! Je suis un peu seul au monde. On avait un vent bien établi, ça rentrait bien c’était plutôt agréable. Là il y a un passage de front, le vent est tombé et on essaie tant bien que mal de faire avancer le bateau dans de la houle résiduelle. J’imagine que le vent va revenir, sinon ça va être long. On devrait arriver dans la nuit à la Chaussée de Sein et après il y aura le courant à gérer à la pointe Bretagne. Le moral ? Quand on est devant il est toujours meilleur. Je me dis qu’après la pointe Bretagne on pourra un peu aller dormir ».

Yann Eliès (Groupe Queguiner – Le Journal des Entreprises) : « Je suis au four et au moulin… »

 » Je suis au four et au moulin. J’ai mon pilote principal qui est tombé en rade. J’ai réussi à mettre le pilote de secours en route. Pour l’instant ça va, c’est un pilote un peu moins performant mais ça devrait faire l’affaire. Je suis mal parti mais j’ai cravaché pour revenir dans le match. Mais il y a quatre bateaux qui ont réussi à me passer sous le nez et se sont échappés par l’est au passage de la dorsale et du coup il sont un peu loin, ils sont au moins à 4 milles. J’ai bien dormi cette nuit. Je vais essayer de trouver la panne, je vais m’y mettre dès que je vais raccrocher. La prochaine difficulté ? Ca va être le passage de Sein. Je n’ai pas encore regardé le timing au niveau du courant. Mais ca peut créer des écarts s’il y a des passages à niveau. Le vent a molli, ça va revenir dans la journée ».

Jeanne Grégoire (Banque Populaire) : « Je suis dans le bon wagon… »

 » Je suis dans le bon wagon depuis le début c’est cool. Il y en a quatre qui se sont échappés mais je suis juste derrière et je suis bien contente. J’ai passé beaucoup de temps à la barre mais j’ai dormi quand même un peu, même si je savais que je perdais parce ce n’est pas cette nuit en passant le raz de Sein qu’on va dormir. Le pilote barrait pas mal même quand il y avait du vent. Il faudrait appeler Valérie Damidot parce qu’ici on n’a pas changé le décor depuis la dernière fois qu’on est passé. C’était gris la dernière fois et c’est gris encore. Là il y a un peu de luminosité qui arrive. Il y a un front froid qui est passé ou que nous avons passé, c’est selon. Du coup le vent est bien tombé, à 9 nœuds et il fait tout et n’importe quoi. C’est entrain de rentrer de temps en temps. Un petit peu de pluie là dessus et on va changer d’intensité. Du coup ça retarde un peu notre paquet. Je sais que ça va rentrer et on va faire du tout droit. C’est celui qui va réussir à se rapprocher au maximum de la bouée. Il faudra se caler pour l’empannage. J’avais une ETA pour minuit et je me dis qu’on aura peut-être une ou deux heures de retard, ça dépend quand le vent rentre. Il reste la mer du vent. On est dans une mer où le bateau a un peu de mal à glisser. Cette nuit le bateau surfait c’était génial, j’ai passé toute la nuit avec les dauphins. Là ça va être un peu moins funky ! »

Damien Guillou (La Solidarité mutualiste) : « J’ai complètement loupé le départ… »

J’ai complètement loupé le départ et le côtier et bien comme il faut ! Je n’étais pas bien à la bouée Radio France. Finalement j’ai carrément remonté, j’ai fait un décalage et s’est bien passé. Cette nuit j’ai bien avancé, du coup je ne suis pas trop trop mal. Mais il faut faire attention, car on a des molles de temps en temps et ça revient par derrière, il faut rester vigilant. Je suis pas mal fatigué car j’ai barré toute la nuit, j’ai essayé de dormir, je me suis allongé, mais je n’ai pas réussi à m’endormir. Il y a plus de mer que de vent, le bateau est difficile à faire avancer, il faut rester éveillé mais je suis fatigué. C’est brumeux parfois, il y de la pluie, du crachin, ça vient de s’arrêter, j’ai peu de visibilité, mais je vois les autres bateaux pas loin ; Yann Eliès est juste devant moi, Banque Populaire et Prati’Bûches sont sous mon vent. C’est quasiment que de la vitesse, on est sur la route, il n’y plus vraiment d’option jusqu’au Sein, donc c’est vitesse et faut rien lâcher, faut aller vite sinon c’est la sanction directe.

Thierry Chabagny (Gedimat) : « Les moments forts sur cette course »

 » Sur Gedimat c’est la soupe à la grimace. J’ai déchiré mon grand spi en début de nuit. Je l’avais déjà déchiré lors de la première étape, on l’avait réparé mais ça n’a pas tenu, je l’ai re-déchiré tout de suite. J’étais dans le gros du paquet hier mais depuis je vois passer les concurrents à droite, à gauche, mais j’ai pas le bonne voile. Ce n’est pas idéal pour continuer. Il a claqué et il s’est ouvert en deux. Pour moi je pense qu’il y a un défaut, va falloir voir cela avec le voilier, ça met en péril mon étape et le classement général donc je suis déçu. Je fais ce que je peux pour avancer, mais je ne peux pas rivaliser avec les autres, il y a encore 10 milles pour la Chaussée au portant. C’est handicapant, tu perds 20 m² et en vitesse 0,5 nœuds en moyenne, sur 24h c’est énorme … quand j’étais au contact avec les premiers j’ai fait un bon départ et là je suis au fond du peloton. Je ne peux rien faire d’autre que de naviguer avec le petit spi. Je me raccroche à faire marcher le bateau mais je n’ai pas encore digéré la pilule …. Quand ça m’est arrivé j’étais dégouté, c’est dur de rester motivé, voir les bateaux autour de moi, ils vont plus vite c’est dur… »

Source

RivaCom

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent

Les vidéos associées : La Solitaire du Figaro