Virbac Paprec 3 attendu demain

@ Yvan Zedda / Sea&Co

Concentrés. Si Jean-Pierre Dick et Jérémie Beyou sentent la victoire de Virbac-Paprec 3 proche, les deux marins continuent de mettre du cœur à l’ouvrage. Les derniers milles jusqu’à Puerto Limon risquent d’être compliqu és avec, devant leur étrave, des petits airs instables et derrière eux, le retour de Hugo Boss. Les écarts pourraient diminuer fortement, même si il faudrait un incroyable retournement de situation pour voir le classement bousculé. Si tout va bien, Virbac-Paprec 3 devrait franchir la ligne d’arrivée demain (18 novembre) entre 7h00 et 13h00, heure française (TU+1).

Comme en 2009, les derniers milles pour Puerto Limon vont mettre à mal les nerfs des navigateurs. Le vent devrait jouer les abonnés absents au fin fond de la mer des Caraïbes et permettre un rapproché des poursuivants de Virbac-Paprec 3. Et ce, même si le premier concerné, Alex Thomson, à bord de Hugo Boss affichait un air totalement désabusé à la vacation de ce midi, quant à une &eacu te;ventuelle possibilité de chiper la victoire au tandem Dick-Beyou. Les autres duels, pour les troisième et cinquième places, semblent aussi tourner court en cette quinzième journée de navigation. Banque Populaire, longtemps bord à bord avec MACIF a creusé, en une nuit, un écart significatif de plus de trente milles et continue surtout d’afficher une vitesse de près de deux nœuds supérieure à celle de son rival. De là à supposer que François Gabart et Sébastien Col, injoignables à la vacation, ont quelques soucis techniques à gérer, il n’y a qu’un pas. De même, Kito de Pavant et Yann Régniau ont propulsé leur Groupe Bel en cinquième position en déposant sans coup férir le Bureau Vallée des frères Burton.

De confidences en révélations

A l’approche de l’arrivée les langues finissent par se délier. Dès lors que les jeux semblent presque faits, les navigateurs deviennent moins pudiques sur les petits ennuis qui les ont affectés durant ces quinze jours de navigation. C’est Bruno Dubois qui révèle à la vacation, qu’à bord de Gamesa, Mike Golding souffre d’une infection de la main droite suite à une blessure dans les premiers jours de course, tout en évoquant un problème de réception de satellite ne leur permettant pas de disposer de cartes météos précises. Ce sont les frères Burton (Bureau Vallée) qui avouent avoir déchiré leurs trois spinnakers et être handicapé s par des problèmes de pilote. Sans oublier les avaries de gouvernail enregistrées à bord de Safran et Mirabaud. Mirabaud, pour la deuxième fois en course, a dû affronter une vedette des douanes qui, venue de République Dominicaine, manifestait des velléités de monter à bord. Heureusement, une intervention rapide de Jean Maurel, le directeur de course, auprès des autorités locales, via le MRCC, a permis à Dominique Wavre et Michèle Paret de reprendre leur route sans encombre. Les deux navigateurs n’en sont pas à leur première expérience en la matière puisque, lors de la Barcelona World Race 2011, ils avaient déjà été arraisonnés par les douanes marocaines qui avaient procédé à une fouille en règle de leur bateau, perturbant sérieusement leur début de tour du monde.

Class 40, la prime aux premiers

A 500 milles de l’arc antillais, l’équipage d’Aquarelle.com continue de filer à belle allure, porté par un alizé puissant et régulier. Même son de cloche à bord d’ERDF des Pieds et des Mains, bien calé en deuxième position. Yoann Richomme avouait à la vacation que les conditions n’étaient pas de tout repos, avec un bateau qui flirtait régulièrement avec la barre de vingt nœuds de vitesse. Derrière, la flotte a renoué avec des moyennes supérieures à dix noeuds et tout ce petit monde profite d’une rotation des vents à l’est, voire légèrement sud-est, pour empanner et descen dre dans le sud chercher un alizé plus régulier. En queue de flotte, Partouche est maintenant à plus de mille milles du leader. Les derniers jours ont encore aggravé le différentiel entre les premiers et les derniers. Yannick Bestaven et Eric Drouglazet sont aujourd’hui plus proches du dernier Imoca que du dernier des Class40. Ce qui témoigne aussi de l’acharnement des deux premiers à tirer le meilleur parti de leur machine.
En Multi50, Yves Le Blévec et Samuel Manuard (Actual) ne sont plus qu’à 650 milles de l’arrivée et possèdent plus de 300 milles d’avance sur Maître Jacques. L’essentiel est maintenant de conserver la vigilance nécessaire pour ne pas s’exposer à un incident de dernière minute, qui viendrait remettre en cause une victoire acquise au fil d’une course d’une grande intelligence.

Ils ont dit :

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) : « arrivée la nuit prochaine… »

En théorie, on a de l’avance. Maintenant il faut terminer, ne pas aller dans une zone trop déventée. Dans la pétole, tout peut arriver. La meilleure façon de se faire avoir dans ce type de temps, c’est de marquer son concurrent.
On a du vent malgré tout, un vent qui évolue assez fortement en direction, en fonction de si on est sous un nuage ou pas. La force, on sait à quoi s’en tenir, mais la direction… On a des écarts de 30 degrés sur les prévisions de direction du vent, entre le modèle américain et les autres.
Pour la chaleur, c’est ce qui s’appelle l’effet de serre. Dans la journée il fait vraiment très chaud. Dès que la mer est trop agitée, on ne peut pas se permettre d’ouvrir le capot de soute à voiles, on est condamné à rester enfermés sans aération, c’est l’enfer…
On va arriver dans la nuit prochaine probablement, on donnera une heure plus précise plus tard dans la journée, on va arriver vers 6h TU vendredi, je pense.

Samuel Manuard (Actual) : « Il ne faut pas lever le pied »

On a de bonnes conditions, on a passé une nuit sans grain et aujourd’hui ça s’annonce bien. On est sortis de la zone très perturbée où on s’est fait pas mal secouer par des grains. Il faut trouver la barrière entre aller à fond et faire attention au bateau, surtout quand on a des conditions très scabreuses. La situation n’est pas clairement établie pour l’arrivée. Visiblement, il y a peu de vent au fond du golfe, on peut rester scotchés pendant longtemps, donc il ne faut pas lever le pied et surtout ne pas penser que tout est acquis.
La course a été assez rythmée, on a eu des conditions différentes, très variées. On est pressés d’arriver ; on a très envie de découvrir le Costa Rica.

Yoann Richomme (ERDF Des Pieds et des Mains) : « Il nous reste une bonne semaine »

C’est un peu physique, il y a 25 nœuds, on est sous spi entre 12 et 15 nœuds de moyenne.
Il fait très chaud, c’est assez inconfortable. Cette nuit, c’était sport, ça partait jusqu’à vingt nœuds, mais on n’a pas trop le choix. Les Anglais de 4 0 Degrees sont bien revenus dans le match. On essaie de faire au mieux vers Saint-Domingue qu’on va atteindre rapidement d’ici trois à quatre jours. Hier, j’ai trouvé ça vraiment long, on était dans un système très perturbé, aujourd’hui c’est plutôt agréable.
Il nous reste une bonne semaine de mer, on n’est pas encore lassé de cette navigation. Physiquement ça va très bien, on fonctionne par quart depuis 24 heures : deux heures sur le pont, deux heures de sommeil ; ça tire encore pas mal sur la machine, mais ça va.
Ce qui me manque ? Pas grand-chose. On est bien nourri, bien informé. Vous verriez ce qu’on mange parfois, ce n’est pas rien, chaq ue repas est vraiment délicieux. Les conditions sont agréables, le bateau est au top. Tout va bien. 

Les positions des bateaux ce jeudi 17 novembre à 17h00:

IMOCA

  1. Virbac-Paprec 3 (Jean-Pierre Dick – Jérémie Beyou) : 135 milles de l’arrivée
  2. Hugo Boss (Alex Thomson – Guillermo Altadill) : 128 milles du leader
  3. Banque Populaire (Armel Le Cléac’h – Christopher Pratt) : 219,5 milles du leader

Multi50

  1. Actual (Yves Le Blevec – Samuel Manuard) : 646 milles de l’arrivée
  2. Maitre Jacques (Loïc Fequet – Loïc Escoffier) : 361,3 milles du leader

Class40

  1. Aquarelle.com (Yannick Bestaven – Eric Drouglazet) : 1631,3 milles de l’arrivée
  2. ERDF Des Pieds et des Mains (Damien Seguin – Yoann Richomme) : 143,1 milles du leader
  3. 40 Degrees (Hannah Jenner – Jesse Naiwark) : 251,6milles du leader

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Transat Jacques Vabre

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