Jour de répit

© Jean-Marie Liot / DPPI

Avancez vos réveils. C’est dès potron-minet demain (7h30) que les concurrents quitteront le port d’Hyères pour des premières courses lancées à 8h30 pour le Match Race. Le Comité de Course a en effet choisi de bousculer les habitudes pour profiter au maximum des conditions plutôt clémentes prévues en début de journée. Pour la suite, les logiciels météo proposent un joli camaïeu de couleurs passant du orange (20 nœuds) au rouge (25/30 nœuds) et allant jusqu’au violet (au-delà de 30). En comparaison de ces prévisions et de la rude journée d’hier, ce lundi ressemblait presque à une promenade de santé. « C’était plus mou qu’hier » explique ainsi Sophie de Turckheim qui parlait hier d’ « apocalypse ». Qu’on ne se méprenne pas, les 15 à 20 nœuds qui ont balayé le plan d’eau ont tout de même sollicité les abdominaux des 600 concurrents engagés mais ils ont surtout permis de remettre les pendules à l’heure dans des séries où tout le monde n’avait pas disputé le même nombre de manches.

49er : D’Ortoli et Delpech mènent la danse

Ainsi, les 49er sont partis sur les chapeaux de roues puisque seule une partie de la flotte avait pu concourir hier et ils en sont ce soir à 4 manches pour le plus grand bonheur de Julien D’Ortoli et Noé Delpech. Les Marseillais prennent la tête à la faveur d’une victoire sur la dernière manche du jour alors que leurs compatriotes, Mathieu Frei et Yann Rocherieux, les talonnent. Manu Dyen et Stéphane Christidis étaient partis pour faire une belle journée. En tête sur la première manche, à quelques longueurs de l’arrivée, ils ont chaviré. « Ils avaient course gagnée » explique le coach Guillaume Chiellino, déçu par cette 18ème place qui plombe leur classement général.

RS :X : Les Français en retrait

En planche à voile, Charline Picon partait ce matin avec le maillot rouge du 3ème mais elle a dû le céder ce soir, suite à une erreur de parcours. « Je ne visais pas la bonne bouée au vent et j’ai fait un monstrueux hors cadre » explique t’elle un peu dépitée. Julien Bontemps, de son côté perd son leadership et prend la troisième place du général.

470 : Les Hollandaises volantes

En dériveur double, l’association de Pierre Leboucher et Nicolas Le Berre fait des étincelles puisque les deux hommes, dans des conditions éprouvantes continuent de jouer la gagne avec deux belles manches aujourd’hui. Chez les filles, les hollandaises Lisa Westerhof et Berkout Lobke survolent l’épreuve avec deux victoires de manche (et deux deuxièmes places) mais les bretonnes Camille Lecointre et Mathilde Géron continuent sur leur lancée et pointent ce soir à la sixième place.

Match Racing : Le « quasi-sans-faute » de Leroy

La bonne opération du jour est réalisée par Claire Leroy, Marie Riou et Elodie Bertrand. Les « mermaids » remportent cinq des six matchs et seule la Britannique Lucy Macgregor parvient à stopper leur progression. « C’est un super début » explique la barreuse, bien décidée à grimper sur la plus haute marche du podium de cette dernière Semaine Olympique Française. Le match racing étant évincé des Jeux Olympiques à partir de l’année prochaine, cette SOF est la dernière pour l’Elliott.

Star : Rohart et Ponsot entre les gouttes

Privés de régate hier pour cause de vent trop fort, les Stars s’en sont donnés à cœur joie tout l’après midi, avec une pointe de nervosité. Sur trois manches, on dénombre une petite dizaine de rappels généraux et autant de concurrents sanctionnés par un « Black Flag ». Xavier Rohart et Pierre-Alexis Ponsot n’ont pas été touchés par cette épidémie et occupent ce soir la troisième place d’un podium orphelin de Robert Scheidt. Le Brésilien, patron de la série a quitté Hyères en urgence pour raisons personnelles après avoir gagné la première manche.

Les interviews :

Charline Picon (RSX) :

« Sur la première manche, j’ai eu un soucis. Je ne visais pas la bonne bouée au vent et j’ai fait un monstrueux hors cadre. En revanche, je fais une super deuxième manche. Après un mauvais départ, je suis bien revenue pour finalement terminer 3ème. Ce début de SOF n’est pas fou pour moi mais c’est une régate d’entraînement en vue des Jeux. Je voulais naviguer dans le vent fort et on est servis de ce côté-là. Demain, on part tôt sur l’eau pour éviter les vents les plus forts. Après le mondial à Cadix, on a plus peur de ces conditions ! »« J’ai gagné les deux manches. C’est bien parce que dans ma poule, j’étais avec le Polonais Miarczynski qui est réputé pour être très rapide dans le vent. Je voulais bien commencer la SOF et c’est fait ! On avait 25 – 30 nœuds, comme au mondial mais le clapot est plus difficile. Ce sont des conditions physiques en planche à voile. Au portant, sur le bord le plus favorable, on est pas loin des 30 nœuds (près de 60 km/h, ndlr). »

Claire Leroy (Match Race) :

« Pour nous, ça a commencé aujourd’hui. Nous sommes dans le groupe 2 donc hier, nous avons pu rester au calme et profiter d’un repas dominical. Nous gagnons 5 matchs sur 6, c’est donc un super début. Nous avons une bonne vitesse et au portant, ça commence à rentrer. C’est notre troisième SOF, nous avons commencé par un podium. L’année dernière, nous sommes passées à côté en terminant 4ème donc cette année, on aimerait bien grimper sur la plus haute marche. C’est un de nos objectifs de l’année et on serait très contentes de gagner à la maison. Il nous reste pas mal de choses à travailler dans la brise, donc on va bien profiter de cette semaine. »

Sophie de Turckheim (Laser radial) :

« Je fais un bon résultat, dans la continuité de ce que j’ai fait hier mais sans mon petit dessalage. C’est plus calme qu’hier avec 15-20 nœuds. J’aime toutes les conditions et je suis contente que ça marche bien ici. A Palma, je suis arrivée un peu crevée après deux mois d’entraînement. J’étais fatiguée physiquement et nerveusement. Ici, ça va mieux. C’est long de terminer la sélection fin mai mais je ne me pose pas de questions. La sélection dure depuis un an mais j’en fais abstraction. »

Lisa Westerhof et Berkout Lobke (NED / 470 Femmes) :

« C’est un événement important pour nous. Nous devons montrer au comité national Hollandais que nous maintenons notre niveau. On aimerait valider cela, ce serait super. Notre vitesse est bonne, nous sommes assez contentes. C’est assez agréable de naviguer dans du vent et de voir comment on s’en sort. Nous travaillons aussi certains points particuliers et des automatismes se mettent en place. C’est toujours plus facile de naviguer dans du vent que dans des petits airs. Aujourd’hui, nous faisons 1 et 2 et hier, 2 et 1 ! Aujourd’hui, ce n’était pas aussi facile qu’hier. Plus de bascules et moins d’air. Mais nous avons pas mal échangé à bord et avons pris les bonnes décisions. »

Piotr Myszka (POL / RS :X Hommes) :

« Je vais vraiment vite dans ces conditions. Je savais qu’il fallait prendre un bon départ. C’est ce que j‘ai fait et j’étais 3ème à la première marque. J’ai rattrapé mon retard sur le vent arrière et j’ai pu après contrôler la flotte. »

Interview de Denis Masseglia :

Denis Masseglia , Président du CNOSF était ce matin sur la Semaine Olympique Française, « en voisin ». Il a accompagné sur l’eau le Président de la FFVoile, Jean-Pierre Champion, ainsi que le Directeur Technique National Philippe Gouard.

« Je suis en voisin puisque mon domicile est à côté de Marseille. C’était une réelle opportunité de rendre visite à cette Semaine Olympique, en cette année olympique et avec une équipe de France qui laisse entrevoir des espoirs de performance au moment des Jeux Olympiques de Londres. Julien Bontemps vient de s’illustrer, il y a quelques semaines, en décrochant un titre de champion du monde mais, étant Marseillais, je suis aussi les performances de certains. Un petit jeune qui s’appelle Xavier Rohart, en particulier ! Je pense effectivement, qu’on a, avec l’Equipe de France de Voile, des perspectives intéressantes. J’espère de tout cœur que les performances des athlètes permettront d’avoir une équipe de France olympique et que dans celle-là, il y aura quelques médailles et pourquoi pas quelques titres pour la voile française. On sait que la SOF occupe une place de choix dans le calendrier de la voile et dans l’importance des différentes compétitions. Le site offert sur Hyères permet à tous les voileux de s’exprimer au mieux. La participation internationale est conséquente et de qualité. (…) Autant il est compliqué d’imaginer que Jeux Olympiques et Jeux Paralympiques soient jumelés, autant il est important de montrer que les handis sont d’abord des sportifs. Quand on a affaire à des gens uniquement rassemblés par le sport, on oublie les différences. C’est un très bel exemple d’intégration, cela prouve que d’autres sports peuvent s’y adapter. La voile fait partie des sports olympiques de tradition. Il est difficile d’avoir les épreuves de voile qui se déroulent sur le même territoire que les autres sports. Weymouth est à trois heures de Londres, c’est toujours gênant pour l‘impact médiatique et par rapport à tous ceux qui, dans la famille olympique, voudraient témoigner de leur soutien aux athlètes, on va faire du mieux possible pour montrer que la voile est une épreuve olympique à l’intérieur des jeux olympiques. »

Le MAG : 19ème épisode pour le commissaire Romieu

Au matin du premier jour de course, l’allure débonnaire de Gilbert Romieu ne trahit rien. Pourtant, le commissaire nautique ne cache pas une petite tension. « On n’a pas le droit à l’erreur, s’il manque des choses, c’est maintenant qu’elles apparaissent ». A 64 ans, Gilbert est un des piliers de la SOF. Les coureurs et les coachs se sont habitués à cette silhouette solide, trapue, qui sillonne le plan d’eau en guettant le petit grain de sable susceptible d’enrayer l’organisation millimétrée de l’étape française de la Coupe du Monde. « Le monde entier nous regarde. C’est une vitrine pour la France » explique le Montpelliérain qui compte pas moins de 27 SOF à son actif, dont 19 à ce poste de commissaire nautique. Sur l’eau, son rôle est « d’aplanir les difficultés ». C’est donc lui qui va dépanner le comité de course en manque d’amorces, le viseur qui n’a plus de feuille de pointage ou n’importe lequel des 200 bateaux à moteur du dispositif. Quand le temps est clément, l’organisation est en mode « vert » et chaque comité de course est autonome mais c’est en mode « orange » que le PC course prend la main et dispache les moyens d’un rond sur l’autre. « Si l’un des ronds est resté à terre, nous pouvons prendre ses bateaux pour qu’ils aillent épauler un autre rond » explique Gilbert qui travaille en coordination avec Thibaut Gatti et Christophe Barrué, les deux autres commissaires chargés de la coordination à terre. Après « vert » et « orange », la dernière phase du dispositif est bien sûr le « rouge », situation extrême qui entraîne l’annulation immédiate de toutes les courses. « Tous les bateaux prennent alors un rôle de surveillance et peuvent ramener les hommes » explique Gilbert qui n’a vu que deux fois cette situation en près de 20 ans à ce poste. « Il nous est arrivé une fois d’avoir un équipage disparu, mais il a été retrouvé ce qui nous a permis de voir que pas grand-chose ne pouvait passer entre les mailles du filet » se rassure t’il. Cette semaine, les prévisionnistes n’annoncent pas de conditions exceptionnelles mais il en faudrait plus pour endormir la vigilance du vieux briscard. S’il reconnait la qualité du travail des météorologues, il garde un œil sur le ciel et sait pouvoir s’appuyer sur un dispositif prêt à réagir en permanence.

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Agence Effets Mer

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