Telefonica encore impérial à Sanya

Ce matin, à Sanya, la première partie de l’étape 4, disputée sur près de 45 milles le long des côtes de la baie de Sanya (Chine), a décidé des temps de départ des concurrents pour la seconde partie qui doit mener la flotte 5200 milles plus loin, jusqu’à Auckland, en Nouvelle-Zélande.

Divisée en deux temps pour éviter une tempête en début de parcours dans le sud de la Mer de Chine, la manche a commencé à 7h00 (HF) ce matin par un parcours côtier remporté par Telefónica qui partira donc le premier cette nuit, à 00h00 (HF). Groupama, qui a signé une très belle 2ème place sur cette régate, partira en deuxième ligne, 2mn32 après Telefonica, le temps de son retard sur les Espagnols sur le ligne d’arrivée devant la marina de Sanya.

Le grand perdant de la journée est PUMA, qui, après avoir fait un début de course magistral, c’est fait piéger dans un trou de vent pendant près de ¾ d’heure sur le chemin du retour vers la ligne d’arrivée. Il termine bon dernier, à 39mn 17s de Telefonica. Un scenario cauchemardesque pour les Américains.

Heures des départs de l’Etape 4.2 à partir de 00h00 (FH) – 07h (HL) cette nuit :

  1. Team Telefónica : 00h 00mn 00sec (heure française)
  2. Groupama sailing team : 00h 02mn 4sec
  3. Abu Dhabi Ocean Racing : 00h 03mn 36sec heure locale
  4. Team Sanya : 00h 07mn 32sec
  5. CAMPER with Emirates Team New Zealand : 00h 09mn 13sec
  6. PUMA Ocean Racing powered by BERG : 00h 39mn 17sec

Retour sur le déroulé de l’Etape 4.1

43,2 milles au large de Sanya pour quatre heures de course environ. Départ à 14h heure locale, 07h heure française. Pas de point comptabilisé mais des heures d’arrivée qui déterminent les heures de re-départ vers Auckland cette nuit, une fois le gros temps passé.

Ce parcours a connu deux rotations de vent à 180 degrés et des péripéties en tous genres. Une pénalité (un 360°) au départ pour Groupama qui a touché la bouée de fond de ligne, une pour Abu Dhabi, qui n’a pas laissé d’eau à la marque, et surtout, l’écroulement de PUMA à mi-parcours.

Les Américains ont d’abord mené la flotte jusqu’à la statue du Bouddha de Guan Yin, avec jusqu’à deux milles d’avance. Mais au retour, ils sont tombés sous un nuage de convergence et se sont fait dépasser par toute la flotte.

Déjà vainqueur de la course In-Port Sanya Haitang bay hier et leader au général, Telefónica en a alors profité pour prendre la tête et remporter cette première partie.

« On a vu PUMA se faire attraper dans les vents faibles et on a essayé de rester à l’écart, » explique le skipper Iker Martínez, « Heureusement, on a réussi les transitions. Je suis désolé pour PUMA qui a vraiment fait une belle course et a simplement été malchanceux. »

Groupama, lui, est revenu de loin. Mal partis, pénalisés, en dernière position au début de la course, les Français ont su reprendre des places et passent la bouée du Bouddha en deuxième position. Puis tiennent leur position sur un dernier bord de près tortueux.

« On ne s’en sort pas trop mal après un mauvais départ, » avoue Charles Caudrelier, barreur et régleur français. « On a bien navigué après avoir dégagé de la dernière marque de Sanya. C’est plaisant. Le but, c’était de ne pas avoir d’écart de temps avec les autres pour repartir groupés. »

Ce qui sera le cas pour les 5 premiers concurrents, puisque 9mn 13 sépareront les départs de Telefonica de celui de Camper. Seul Puma partira sur cette Etape 4 avec un véritable handicap stratégique.

Avec près de 40mn de retard, PUMA Ocean Racing a vécu un moment difficile. À l’arrivée, le skipper Ken Read ne cache pas son émotion.

« Je n’ai jamais rien fait qui termine aussi mal après avoir si bien commencé. C’était incroyable. On était vraiment des milles en tête. On savait qu’il y avait une transition à venir. On était au près serré avec le foc envoyé, et tout d’un coup, on s’est fait aspirer et on a regardé toute la flotte nous passer. On est restés (dans ce trou sans vent) pendant une heure et demi.

« On a mené le groupe vers cette transition et hop, la brise a disparu. Vous avez juste envie de prendre une manivelle de winch et de la jeter par dessus bord. C’est ça, la réaction.

« On va devoir se regrouper. C’est une manière très frustrante de démarrer une étape. La compétition est suffisamment rude sans donner une heure aux autres gars. »

La deuxième partie de l’étape est longue de 5 200 milles, et mènera la flotte vers Auckland, part ce soir à minuit HF / 07h demain matin en Chine.

Les concurrents partiront en décalé, selon leur ordre et leur temps d’arrivée aujourd’hui. La deuxième place de Groupama, 2 minutes et 34 secondes après Telefónica, lui évite un retard trop pénalisant.

Caudrelier commente cette décision de l’organisation, qui a choisi de faire patienter la flotte en attendant que la météo dans le sud de la Mer de Chine se dégage pour atteindre le détroit de Luçon en sécurité.

« Le fait d’attendre 12 heures permet de perdre quasiment cinq nœuds de vent et 1,50 mètres de mer. Il y a vraiment beaucoup moins de vent et surtout une mer moins forte que si on était partis aujourd’hui. On attend quatre ou cinq mètres de mer et 25 nœuds max.

« C’était une bonne décision : la Mer de Chine casse beaucoup les bateaux. On n’est pas une grosse flotte, l’important est de partir tous ensemble. »

À partir de minuit HF, une couverture vidéo simple (webcam) devrait être assurée sur le site internet de la course. Un blog en français et en direct sera ouvert.

Rappel des grandes lignes du parcours Etape 4.2 :

Juste après Luçon, il faudra choisir entre nord et sud pour traverser la mer des Philippines. L’anticyclone actuellement au dessus de la Chine se déplacera vers l’est, apportant des vents faibles et une possible compression de la flotte. Laquelle cherchera à accrocher les alizés du Pacifique Nord, qui sont instables et influencés par les îles des Philippines, de Papouasie – Nouvelle Guinée et d’Indonésie.

Obstacle suivant : le Pot-Au-Noir, poussé au sud par la mousson du Pacifique Nord. Cette zone instable, ponctuée de grains et de vents faibles et instables autour des iles Salomon, est large de cinq à 10 degrés.

Les Volvo Open 70 devront ensuite franchir la zone de convergence du Pacifique Sud (SPCZ). Ce front permanent agit comme une extension du Pot-Au-Noir et peut en compliquer la sortie. 2012 est une année affectée par le phénomène La Niña : la température de l’océan est plus basse que d’habitude, ce qui atténue cependant l’effet de cette zone.

Les Fiji dépassées, les concurrents navigueront à l’est de l’Australie en pleine saison des ouragans ! Un risque qui ne les menace pas directement, car ils pourront les repérer à l’avance et dévier leur route en conséquence, mais les conséquences stratégiques seront importantes.

Enfin, il faudra traverser la mer de Tasmanie, une zone plus dynamique encore. Pas de choix tactique radical mais une météo changeante, entre tropiques et mers du Sud, pour un dernier casse-tête avant d’atteindre Auckland.

Source

Anne Massot

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