Le pari de Puma

© Amory Ross/PUMA Ocean Racing

Trop, c’est trop. PUMA Ocean Racing en a eu assez de suivre les leaders et s’est décalé à l’est de la flotte pour tenter une option inattendue en mer de Chine. Il laisse le premier, Telefónica se démener aux prises de Groupama, deuxième entêté. Il laisse derrière lui un coup de vent qui arrive le long du Viêtnam : il prend un pari.

Sur la cartographie, un bateau décalé plus de 160 milles à l’est de Groupama,: Mar Mostro, à droite de la flotte. Les hommes de Ken Read espèrent y trouver des vents et des courants plus favorables. Ils devraient effectuer moins de virements – manœuvre d’une demi-heure toujours couteuse et fatigante en Volvo Open 70 – et profiter d’un près débridé vers Sanya.

« Il reste trois jours de course et 800 milles, » explique Jonathan Swain, barreur et régleur du bateau américain. « On avait deux possibilités : longer la côte vietnamienne contre le vent et le courant, ou partir à l’est et rejoindre Sanya avec un meilleur angle et du courant favorable. On a vu une opportunité et on a décidé de la saisir plutôt que de suivre le leader. Une décision difficile à prendre pour le navigateur (Tom Addis) et le skipper (Read), mais c’est la route qu’on a choisie et on espère que ça marchera. »

Troisièmes hier encore, ils sont cinquièmes au classement de 13h UTC. Telefónica mène toujours, Groupama est deuxième, CAMPER troisième, Abu Dhabi quatrième, Sanya sixième. Pourtant, cette place ne reflète pas vraiment la réalité.

« Notre choix ne payera qu’au dernier moment : vous ne verrez sans doute aucune amélioration dans les prochains jours, c’est à la toute fin de l’étape qu’on sera fixés.

« On a besoin que plusieurs facteurs coïncident – que la brise souffle dans une certaine direction, que les autres n’aient pas la même bascule que nous, qu’ils aient un courant contraire le long du Viêtnam.

« De quoi se ronger les ongles … On est soulagés d’avoir un plan bien défini, mais on est anxieux. L’équipage peut seulement continuer de pousser le bateau à 100 %. Demain, on aura de la brise et des vagues et il faudra garder le bateau entier. »

Car le coup de vent prévu le long des côtes vietnamiennes se rapproche. Erwan Israël, barreur et régleur pour Groupama sailing team, témoigne.

« Le ciel est beaucoup plus voilé et ténébreux qu’auparavant. On sent bien qu’on va avoir du gros temps mais il se fait un peu attendre. »

Au près tribord amure dans une quinzaine de nœuds de vent, les Français et les autres se préparent à l’arrivée du vent.

« Jusqu’à présent, personne à bord n’a encore mis ses bottes. Au gré des virements de la journée, on a pu accéder aux sacs où on avait mis nos affaires de gros temps. On a préparé nos cirés, nos balises de sécurité, nos flash lights, … Tout est prêt. »

À sept milles de Telefónica, le team français s’accroche. « On les avait encore à vue ce matin, mais il s’est échappé vers la droite avant un grain, » souffle Israël. « Là, on navigue seuls, ce qui n’est pas arrivé souvent depuis le début de l’étape. On a été très, très prêts de dépasser Telefónica à au moins trois reprises. Ça s’est joué au mètre près. Cette course était d’une intensité rare, chaque mètre était déterminant, on était tout le temps à fond sur les réglages, on savait qu’on pouvait faire des petits coups à tout moment et il ne fallait pas se relâcher. On a manqué d’un tout petit peu de réussite ou d’une petite risée pour les doubler, on n’était vraiment pas loin.

« Maintenant, la course a complètement changé : le terrain de jeu s’est élargi et les bateaux partent un peu dans tous les sens. On est sur une vraie régate de large avec, pour nous, une option un peu plus à l’ouest. »

À la veille du coup de vent qui changera peut-être la donne – 30 à 35 nœuds de vent et des vagues de trois à cinq mètres -, l’emblématique chef de quart de Sanya Richard Mason exprime un sentiment partagé par la flotte.

« Ça pourrait être des conditions casse-bateaux. La dernière fois, avec Ericsson 3, on a quasiment coulé le bateau, PUMA a cassé sa bôme et Delta Lloyd a aussi eu des soucis.

« Il y a un moment où vous arrêtez de courir et où vous commencez à survivre. C’est vers 35 nœuds. »

ETA des premiers bateaux : autour du 4 février

Étape 3, acte 2, Malé – Sanya, 3051 milles

Positions le 1er février 2012 à 13h00 UTC :

  1. Team Telefónica – 12 nœuds – à 665,7 milles de Sanya
  2. Groupama sailing team – 11,8 nœuds – à 7,00 milles du leader
  3. CAMPER with Emirates Team New Zealand – à 12,2 nœuds – à 39,10 milles du leader
  4. Abu Dhabi Ocean Racing – à 12,4 nœuds – à 76,00 milles du leader
  5. PUMA Ocean Racing powered by BERG – à 10,3 nœuds – à 118,40 milles du leader
  6. Team Sanya – à 7,9 nœuds – à 256,80 milles du leader

Source

Anne Massot

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