Il se passe toujours quelque chose à Saint-Tropez !

  • © Carlo Borlenghi / Rolex
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Hauts les cœurs : le jeudi, tout est permis ! Même après deux jours d’un coup de vent d’est d’une rare férocité, les Voiles de Saint-Tropez reprennent à la première occasion tous leurs droits tant à terre que sur mer. Ce jeudi, journée des Défis, moment de célébration de l’esprit des Voiles et du yachting, a plus que d’habitude peut-être excité l’appétit d’en découdre et d’affronter les éléments des marins et régatiers. Dans le sillage du Wally Genie of the Lamp qui célébrait face au 15 m JI Tuiga son 20ème anniversaire, voiliers centenaires et yachts modernes ont tenu à rendre hommage, sur la houle encore creusée du golfe, à l’art de la régate, au plaisir de se défier sur l’eau, pour mieux se retrouver à terre dans cette convivialité si singulière et propre à Saint-Tropez.

A Moonbeam la Club 55 Cup!

Météo oblige, le cotre bermudien Hallowe’en a ce matin informé l’organisation de sa volonté de ne pas courir aujourd’hui. Le cotre aurique Moonbeam of Fife qui s’est lui présenté sur le plan d’eau, emporte donc et par défaut la Club 55 Cup. Le grand jury qui préside à cette Club 55 Cup va sous peu décider du nom du prochain Defender, Moonbeam l’ayant déjà emporté.
Genie et Tuiga pour la bonne cause…
Duel étonnant, choc des générations, contraste des genres… le Wally Genie of the Lamp, était opposé au vénérable Tuiga, cotre aurique de 1909 dans le cadre d’un défi porteur de valeurs chères aux hommes de mer. Chaque armateur, le Prince Charles de Bourbon-Siciles (Genie) et le Prince Albert de Monaco (Tuiga) avait en effet librement décidé de placer sous la bannière de la lutte contre la faim dans le monde et la préservation des océans, leur duel du jour. Longtemps bord à bord tout au long du parcours qui les menait de la tour du Portalet au fond du golfe et la marque de Beauvallon, c’est finalement la modernité qui l’a emporté sur la tradition, Genie franchissant avec plusieurs longueurs d’avance la ligne d’arrivée. Les équipages rejoignaient vite la terre où des calèches les attendaient pour les mener en un cortège joyeux vers Pampelonne et le Club 55.

Les participants au Trophée Rolex aussi…

Quelque peu en manque de course depuis le début de ces Voiles de Saint-Tropez contrariées par une météo peu favorable, nombre de participant au Trophée Rolex ont profité de la ligne ouverte sous le Portalet, et du parcours mouillé en baie pour se lancer de très amicaux défis. Patrick Teyssier et son plan Stephens Palynodie II en ont ainsi profité pour défier ses copains de toujours à bord de Ratafia (Mauric 1967), Jericho (Carter 1966), Helisara, et Stiren (Stephens 1962). Las ! une des bouées à virer s’est évaporée du plan d’eau, ne laissant aux skippers d’autre choix que de se réunir au bar du Village des Voiles pour décider, entre gentlemen, de l’issue de la course. Même état d’esprit bon enfant à bord de Outlaw et Oryx, les deux plans Illingsworth également engagés dans le Trophée Rolex et qui ont profité des départs lancés à la demande par le Comité de course depuis le Portalet.

Le Centenary Trophy pour Oriole

Le coup de vent avait fait craindre le pire aux organisateurs et participants de la 5ème édition du Centenary Trophy, organisé en parfaite collaboration par la Société Nautique de Saint-Tropez et le Gstaad Yacht Club. 23 voiliers, tous centenaires, de taille et de gréement différents, sont entrés en lice dès la mi-journée, dans un vent enfin maniable et sur une mer assagie. Georges Korehl, Directeur de course des Voiles de Saint-Tropez, avait pour l’occasion mijoté un parcours bien abrité compte tenu de la météo complexe de la semaine ; « L’idée est de garder les voiliers à l’abri du golfe » expliquait-il. Les centenaires étaient ainsi invités dès la mi journée à s’élancer selon un ordre établi en fonction de leur handicap de jauge, pour un grand rectangle long de près de 8 miles depuis Le Portalet, vers la marque de la Rabiou, travers au golfe vers la Sèche, descente au portant vers le fond du golfe et la marque de Beauvalon, avant un retour vers Saint-Tropez. Premier à s’élancer, Lulu, le vénérable cotre aurique signé Caillebotte et lancé en 1897, accompagné de la goélette aurique Morwenna (Linton Hope 1914). Le principe de la régate est simple : suite à ce départ à handicap, le premier à franchir la ligne d’arrivée est déclaré vainqueur. C’est Oriole (Herreshoff 1905), qui s’est montré à son avantage, et vient succéder à Olympian (Gardner 1913), vainqueur l’an passé et qui doit cette année se contenter de la deuxième place. Mignon (Plym 1905) complète le podium.

Les Marseillais en force!

On l’oublie trop souvent, mais la France demeure un acteur très dynamique du circuit des voiliers classiques. La Société Nautique de Marseille, par exemple, a réuni depuis plusieurs années en son pôle Tradition pas moins d’une trentaine de yachts classiques, dont un grand nombre régate chaque année aux Voiles. Une bonne dizaine est fidèle aux Voiles, dont Nan of Fife (Fife 1895), Esterel (Sybil&Grossi 1912), Jour de Fête (Paine&Burgess 1930), ou Sonda (Gruer 1951) cher à Florence Arthaud… autant de sublimes embarcations qui font le bonheur des aficionados tropéziens, et qui poursuivent à la Nautique de Marseille leur époustouflante carrière. Acteur majeur du circuit de la voile classique, la SNM a souhaité, voilà six ans, à travers la création de la Calanques Classique, mettre en valeur, le patrimoine maritime que représentent ces bateaux et qu’elle abrite sous ses pannes, à travers le patrimoine environnemental des calanques. Pour mémoire, Marseille a été récemment désignée comme plan d’eau pour l’organisation des épreuves de voile pour les JO, si Paris est retenu pour l’édition 2024.

Vendredi 2 octobre ; la journée Genie

L’histoire de Genie of the lamp est indissociablement liée à celle des Voiles ; c’est en effet lors de la Nioulargue, « ancêtre » des Voiles, en 1995 que Genie a effectué ses grands débuts en régate. A cette occasion, une journée particulière, celle de demain vendredi 2 octobre, lui sera entièrement dédiée dans son groupe des Wally. Un trophée spécial sera remis aux vainqueurs du jour, et Genie recevra nombre d’attentions particulières de la part de tous les bateaux et équipages, les sublimes Wally arborant leur grand pavois, tandis que chaque voilier fera retenir cornes et sirènes au retour du bateau dans le port. Lancé en 1995 sur un concept développé par Luca Bassani, l’inventeur des Wally, Genie of the lamp fut le premier d’une longue série de voiliers de croisière haut de gamme capables d’être mené par un homme seul, grâce aux nombreux dispositifs de navigation mis au point par Wally. Plus confortable, plus rapide, plus sûr aussi, Genie of the lamp était en lui-même une véritable révolution. Long de 24 mètres, il a inspiré les développements de tous les Wallys, et a influencé durablement le design des voiliers du monde entier. Malgré ses 20 ans, Genie demeure un voilier très actuel, sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise…

Qui êtes vous ? Jérôme Nutte

Jérôme est Cannois et fier de l’être. Comité de course international, « race officer » des Régates Royales, il est aussi depuis 4 ans responsable du rond « Classiques » aux Voiles de Saint-Tropez. Un travail « de terrain » qu’il apprécie particulièrement, au sein des équipes des Voiles ; « Cannes accueille exclusivement des Dragon et des yachts Classiques, avec une tonalité très sportive. Les Voiles de Saint-Tropez sont pour nombre d’équipage la dernière régate de la saison, et à ce titre à la fois sportives et festives.» Le rond Classique, sous la responsabilité ultime de Georges Korehl s’attache à dessiner chaque jour des parcours, des courses pour satisfaire les régatiers les plus exigeants. « Georges nous donne chaque matin des objectifs et des consignes à respecter pour garantir la bonne tenue des régates » explique Jérôme. « Nous donnons 5 départs par jour. On gère ensuite les temps de passage, la stabilité du parcours. » Jérôme privilégie dans sa réflexion l’humain, mais, et c’est la spécifié du rond classique, intègre aussi la composante matériel de voiliers parfois centenaires et qu’il convient aussi de protéger. « Les débats peuvent être animés » raconte t’il, « comme à Cannes dernièrement ou Mariska et Elena se sont un peu frottés. » Pour Jérôme comme pour Georges, Jean-Pierre (Mannetstatter) ou Paul (Bastard), la relation avec les coureurs est primordiale. C’est par le dialogue avec les coureurs que l’on progresse dans l’organisation des courses. »

Météo du jour :

La dépression centrée sur le golfe de Gènes progresse vers le nord. Un front chaud actif va aborder les côtes varoises dans la nuit de jeudi à vendredi, apportant une possibilité de pluie élevé. Le vent va tourner au nord ouest, soufflant entre 13 et 16 noeuds en journée.

Yacht extra ordinaire : Sincerity

Sincerity, habitué de la Nioulargue, est un yawl « nouveau venu » aux Voiles dessiné par Vincenzo Baglietto, architecte italien connu pour ses bateaux des classes métriques, le premier 12 m construit en Italie à La Spina notamment. Le bateau avait été commandé par Andrea Luigi Piccardo et construit aux chantiers Baglietto de Variazze. Lancé en aout 1928, son premier nom était Janua. Le bateau s’est illustré en course dès l’année suivante. Il fut venu en 1938 à Andrea maria Piaggio à Gênes, et rebaptisé Ester VII. C’est le français Jean Castel, l’homme des nuits parisiennes et tropéziennes, qui s’en porte acquéreur en en 1970. Le bateau a été construit en teck et chêne.

Good news, bad news :

Au chapitre des bonnes nouvelles, les Voiles de Saint-Tropez se réjouissent du retour demain et en course du magnifique Maxi Rambler 88, victime lundi d’une grave avarie sur l’un de ses haubans. Le voilier américain avec dû rallier la Ciotat où des spécialistes du gréement ont procédé immédiatement aux réparations.
Moins souriante en revanche l’information du jour et qui concerne le très estimé cotre aurique Marigold (Nicholson 1892) qui, dans le fort clapot du jour, a brisé net son immense bout dehors, et a vu son top mat se casser. Une mésaventure quasi équivalente est arrivée au grand Wally Sensei dont le mât s’est brisé net à hauteur du premier étage de barre de flèches. Les équipages sont indemnes.

Le coin des béotiens : Gréement

Le gréement d’un navire à voile est l’ensemble du matériel situé sur le pont permettant sa propulsion par la force du vent. Il est constitué de l’ensemble des espars (mâts, bômes, tangons, etc.), manœuvres courantes (drisses, écoutes, etc.), manœuvres dormantes (étais, haubans, etc.) servant à régler, établir et manœuvrer la voilure. On appelle gréement dormant toutes ses parties fixes : mât, bout-dehors, queue de malet, étai, faux-étai ou bas-étai (largable),maroquin, pataras, haubans, bas-haubans, galhaubans, barres de flèche, guignol, outrigger (grande barre de flèche). Le gréement courant est lui constitué de toutes ses parties mobiles : bôme, wishbone, pic, barre de flèche, vergue, tangon, écoutes, drisses, hale-bas, hale-haut ou balancine, bastaques, bras, bosses de ris, garcettes…

Source

Maguelonne Turcat

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