Jérémie Beyou veut rentrer le le livre des Records !

  • © Jean-Marie Liot
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J-9 avant le départ ! Tenant et triple vainqueur de la Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire, Jérémie Beyou est parti mercredi soir en convoyage pour Pauillac où il est arrivé ce vendredi matin. Dans la soirée, il sera à Bordeaux, pour le coup d’envoi des festivités de la 46e édition sur les bords de la Garonne. Opéré du genou droit le 28 avril, le skipper de Maître CoQ a retrouvé sa motricité et affiche un moral à toute épreuve, déterminé à devenir le premier à remporter cette épreuve mythique pour la quatrième fois.

Jérémie, que vous est-il arrivé au genou et comment s’est passée votre rééducation ?

« C’est une douleur que j’avais déjà eue au Vendée Globe 2012 et qui est revenue lors du Spi Ouest-France. L’IRM a détecté un problème de cartilage rotulien, si bien que nous avons programmé une arthroscopie le 28 avril pour nettoyer. Lors de celle-ci, pratiquée par le docteur Gunepin, spécialiste du genou à la Clinique Mutualiste de Lorient, en présence de mon médecin du sport Yves Lambert, ils ont vu que le ménisque était aussi abîmé et ont pris la décision de le ligaturer. J’ai aussitôt entamé ma rééducation au centre de Kerpape où j’ai été pris en charge par une équipe très compétente, habituée des sportifs de haut niveau et de leur impatience ! En trois semaines, j’ai progressé de manière incroyable et j’ai pu naviguer de nouveau vendredi dernier en convoyant le bateau de Port-la-Forêt à Lorient, ce qui m’a permis de valider les nouvelles voiles de portant. »

La forme est de retour, le moral aussi ?

« Oui, d’autant que finalement, ce contretemps m’a permis de me reposer davantage que je ne l’aurais fait si j’avais disputé la Solo Concarneau qui était à mon programme. Là, je ne me suis focalisé que sur mon genou pendant trois semaines dans un environnement très zen, cela m’a fait beaucoup de bien au niveau mental. Je sors du convoyage avec Christopher Pratt, cela m’a permis de passer deux nuits en mer et d’aller encore repérer l’embouchure de la Gironde, je me sens fin prêt pour aller défendre mon titre ! »

Cette année, vous pouvez être le premier à remporter quatre fois la Solitaire, êtes-vous sensible à cet aspect historique ?

« Forcément, car la Solitaire reste pour moi la course de référence, celle qui a bercé mes rêves d’adolescence, avec bien sûr le Vendée Globe. Le fait d’être arrivé tout en haut du palmarès constitue une très grande fierté, si j’arrive à être tout seul, ce serait énorme. L’objectif qui me tient aussi à cœur est de tenter d’en remporter une deuxième de suite, c’est la première fois que je reviens l’année suivant une victoire. Au début, je ne voulais pas y retourner, mais c’était tellement magique en interne avec Maître CoQ l’année dernière que nous avons tous envie de revivre ça ! »

Les 6 facettes de Jérémie Beyou…

Passionné

C’est à l’âge de 2 ans que Jérémie Beyou découvre la navigation, lors des croisières familiales sur le bateau construit par son père, Alain. « La passion pour la mer, c’est d’abord lui qui me l’a transmise. A 7-8 ans, je ne pensais qu’à une chose : naviguer », raconte-t-il. L’apprentissage de la régate se fait en Optimist, et là encore, la magie opère : « Je me sentais heureux d’être en mer, d’arriver à gérer mon affaire tout seul ». Ses idoles ont alors pour noms Alain Gautier ou Philippe Poupon, tandis que la Solitaire du Figaro, la Route du Rhum et le Vendée Globe bercent ses rêves d’enfance. Et si les rêves sont aujourd’hui devenus réalité, la passion demeure intacte : « C’est primordial de rester passionné et motivé par son sport. »

Tenace

« Ne jamais capituler », telle est sa devise. Bruno Jourdren, l’un de ses moniteurs au Centre Nautique de Carantec, qui lui a inculqué le virus de la compétition, se souvient d’un élève « terriblement accrocheur, de loin le plus tenace ». Sur l’eau, le skipper de Maître CoQ n’a pas son pareil pour grappiller le moindre dixième de nœud, il l’a encore démontré sur la dernière Route du Rhum, accroché aux basques de François Gabart, qui dit de son dauphin : « Jérémie est un marin qui ne lâche rien, très teigneux, sanguin. C’est beau à voir, il met beaucoup d’énergie dans ce qu’il fait ». A force de détermination, Jérémie Beyou s’est bâti un impressionnant palmarès. : triple vainqueur de la Solitaire du Figaro, des victoires sur la Transat Jacques-Vabre en 2011 aux côtés de Jean-Pierre Dick, l’Istanbul Europa Race 2009 avec Michel Desjoyeaux et l’IB Group Challenge en trimaran Orma en 2005 avec Pascal Bidégorry.

Exigeant

Ambitieux, Jérémie Beyou fait preuve d’une grosse détermination pour remplir ses objectifs, d’où une exigence extrême. « Il est hyper exigeant envers lui et ceux qui travaillent avec lui il veut que son team aille vers l’excellence et soit aussi investi que lui. Son moteur reste l’insatisfaction de ne pas arriver à la perfection, » raconte Christopher Pratt, l’un de ses équipiers sur le Diam 24 Maître CoQ. « Bourreau de travail » pour les uns, « investi à 250% » pour les autres, le Finistérien est « un homme précis et méticuleux ».

Entrepreneur

Diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce de Brest en 1998, Jérémie Beyou s’est donné très tôt les moyens d’accompagner sa progression en créant sa société, Beyou Racing. « Mon projet de dernière année consistait à créer une entreprise fictive, je l’ai fait de façon réelle, de A à Z. Cela m’a d’autant plus servi que parallèlement, je préparais la Solitaire du Figaro. Il me fallait une structure pour facturer les prestations de sponsoring, acheter du matériel… » Aujourd’hui, la SAS, qui emploie de façon permanente sept personnes et comprend un hangar et une flotte de trois bateaux, constitue l’outil idéal pour permettre au skipper de se consacrer au sportif mais également proposer une offre « clé en main » à ses partenaires.

Polyvalent

D’abord réputé pour ses succès en solitaire et en monocoque, Jérémie Beyou aime relever de nouveaux défis sur d’autres supports. Ce qu’il fait cette année en se présentant sur le Diam 24 Maître CoQ au départ du Tour de France à la voile face à une concurrence particulièrement relevée. « A vivre sans risque, on périt sans gloire. Je me sens vivant quand je me remets en question. La voile est un sport qui demande d’être ouvert d’esprit », justifie-t-il. Investi sur trois projets en 2015, le marin de 38 ans part du principe que pour progresser, il faut naviguer, encore et toujours, et apprendre des autres. Cette année, il passera en tout 250 jours en mer…

Sensible

Lorsqu’il s’agit de défendre les causes qui lui semblent justes, Jérémie Beyou, pourtant pudique, sait faire preuve de franc-parler : « J’ai souvent tendance à dire ce que je pense, si bien que je ne me fais pas toujours que des copains », reconnaît-il. Derrière cette franchise, se cache un vrai sentimental, très fidèle en amitié et respectueux des gens qui l’entourent. Ses équipiers en Diam 24 évoquent tous un skipper « attentionné et à l’écoute », toujours prompt à prendre des nouvelles des uns et donner des coups de main aux autres. Père de deux garçons auxquels il a transmis sa passion pour le sport, Jérémie allie aujourd’hui maturité et sérénité.

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Kaori

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