L’air est à 5°, l’eau est à 6…

© Francisco Vignale/MAPFRE/Volvo Ocean Race

Alors qu’il évolue en deuxième position à bord de MAPFRE, Jean-Luc Nélias fait le point sur cette sixième étape. Il parle de cette régate au contact, des conditions glaciales, des icebergs en maraude et des empannages à n’en plus finir.

Quelles sont vos conditions actuellement ?

Nous avons 25 nœuds de vent et 20 nœuds de vitesse moyenne, c’est reparti. Nous avons eu le temps de respirer un peu pendant quelques heures avec du vent plus faible. Il fait nuit, il n’y a presque pas de lune, c’est nuageux et nous sommes bord à bord avec les copains. On se tire la bourre. Avant de se coucher il ne faisait pas trop froid mais au réveil, c’est dur. On a réussi à sécher le bateau ces derniers jours mais maintenant, c’est terminé. Les toilettes sont sous le mat et dès qu’une vague passe sur le pont, on se fait tremper. Il faut mettre le ciré pour aller au petit coin !

Nous venons de compter et nous avons fait 26 empannages en 24 heures. A chaque fois, il faut se réveiller, mettre le ciré, les bottes, les gants, le bonnet. Ça prend un temps fou. Certains se déshabillent pour dormir, d’autres restent habillés pour gagner du temps mais le réveil est très froid. La température extérieure est de 5° et la température de l’eau est de 6°. Les vagues sont froides !

Quel est votre comportement face au risque d’iceberg ? La porte des glaces vous rassure où vous restez vigilant ?

Il faut rester vigilant avec les icebergs. Nous sommes passés à 120 milles d’un gros iceberg qui a été signalé à plusieurs reprises. C’est large, on est assez serein mais on sait que dans une eau à 6°, les petits ne fondent pas. En tous cas, le travail de CLS (l’entreprise française en charge de la localisation des icebergs) est remarquable.

Seuls deux milles séparent le gros de la flotte. Tu t’attendais à ce que ça soit si serré ?

On navigue à vue entre nous. On voyait même Dongfeng il n’y a pas très longtemps et j’ai pu discuter à la VHF avec Charles. On se croise, on se double. On voit les gars sur les autres bateaux, on est très proches. On savait qu’il y aurait une zone de compression par ici. Hier, nous étions dans une bulle avec quatre bateaux et on ne pouvait pas avancer en longeant la porte des glaces. On avait donc le choix entre rester collés près de la porte ou faire plus de route et avancer. On a fait comme nos camarades et Dongfeng est passé par-dessous alors qu’ils avaient 30 milles de retard ! Charles était très heureux !

Vous vous êtes fait peur en début de semaine ?

Comme presque toute la flotte, nous avons fait en gybe chinois en début de semaine. On sait que l’on ne doit pas trop pousser sur ces bateaux au portant. En tous cas, on sait qu’on ne peut pas pousser autant que sur les bateaux de la dernière édition. Ça a permis à tout le monde de s’étalonner. On n’a pas eu peur mais ce n’est pas très agréable. Ça laisse des marques. On perd du temps, on casse des choses et surtout on perd de la confiance dans le bateau. Et encore, nous avons eu la chance de le faire de jour. Maintenant, on sait que si on va trop loin, on risque d’aller dans les gravillons.

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