Cheminées Poujoulat au Horn avec le bon train

© GAES

Pour approcher le cap Horn, Bernard Stamm et Jean Le Cam vont subir des vents de nord-ouest jusqu’à 40 nœuds et une mer sauvage de 6 à 10 mètres. Mais le contournement du mythique rocher, mardi 24 février vers 13h TU, devrait déjà sonner comme la délivrance, dans des conditions plus calmes voire idéales pour la remontée de l’Atlantique. Elles s’annoncent plus lentes pour Neutrogena et GAES Centros Auditivos, qui se livrent à un combat furieux, à 11 milles de distance.

Arrivé hier à 23h04 TU à Wellington, Renault Captur a engagé une course contre la montre pour réparer son safran tribord et revenir dans la course, où il a rétrogradé à la sixième place, devancé par We are Water mais également One Planet, One Ocean & Pharmaton. A l’arrière, à bord de Spirit of Hungary, Nandor Fa et Conrad Colman décideront d’ici demain d’une éventuelle escale en Nouvelle-Zélande pour rép arer le chariot de têtière de grand-voile, après une dernière et ultime tentative de réparation en mer. Ce serait une escale au goût amer pour le duo qui a su faire face, depuis le départ, à de multiples soucis techniques. Alors que Spirit of Hungary vient de rejoindre les autres concurrents dans l’océan Pacifique, Cheminées Poujoulat s’apprête à quitter les mers du Sud. Le directeur de la course, Jacques Caraës, cap-hornier lui-même, fait le point sur la météo et la situation des glaces aux alentours du célèbre caillou, la pointe la plus australe de l’Amérique du Sud.

Quelle est la spécificité du passage du cap Horn ? Qu’est-ce qui fait sa légende ?

C’est un cap particulier avec des régimes de vents très soutenus d’ouest, sud-ouest, nord-ouest et beaucoup de mer. La hantise pour les marins est de se positionner pour ne pas être surpris par une météo trop fo rte, au vent de la côte quand ils ne peuvent rien faire. Il y a également un plateau continental qui remonte très brutalement, en moins de 20 milles, de 3000 mètres de fond à 200 mètres aux abords du cap Horn, avec les premières îles Diego Ramirez, celles que les marins prennent parfois pour le cap Horn. Au niveau de ces hauts fonds, la houle déferle, mieux vaut éviter de s’en approcher trop près. La nuit surtout, les marins peuvent se faire surprendre, ils voient moins les crêtes des vagues déferler.

Quelle va être la situation pour Cheminées Poujoulat d’ici mardi?

Ils sont actuellement dans un vent de nord-ouest assez soutenu proche de 35 nœuds, qui va passer progressivement à l’ouest puis au sud-ouest et ça mollira à l’approche du cap Horn, dans la journée du 24 pour un passage vers 13 heures TU. Le soleil se levant là bas vers 4 heures du matin, ils auront un passage favorable d e jour, avec un vent de sud-ouest de 25-28 nœuds établis. À 100 milles du cap Horn, ils auront des conditions idéales, du sud-ouest virant ouest, pour suivre la route orthodromique et prendre le détroit de Le Maire entre la côte orientale de la Terre de Feu et l’île des Etats.

Les organisations de secours sont-elles en alerte au passage des bateaux ?

Oui, la zone des MRCC chiliennes commence à la longitude 131°W. Neutrogena et GAES Centros Auditivos viennent d’y entrer et Cheminées Poujoulat y est depuis plusieurs jours. Bernard Stamm et Jean Le Cam ont reçu un message de bienvenue des MRCC, ce qu’ils ont beaucoup apprécié. À la direction de course, nous sommes en rapport avec les MRCC dès que les bateaux entrent et quittent la zone concernée.

Cheminées Poujoulat doit-il craindre les glaces à l’approche du cap Horn?

La situation des glaces n’a pas évolué. Le passage est favorable, clair. On maintient notre zone d’exclusion d’origine. Entre le cap Horn et la zone, il y a 85-90 milles, c’est assez large pour passer sans soucis. Bernard Stamm et Jean Le Cam devraient passer en bordure des hauts fonds, au maximum à une vingtaine de milles du cap Horn, peut être moins pour prendre la photo. Ce sera en fonction de l’état de la mer.

Le premier au cap Horn a-t-il course gagnée ?

C’est souvent le cas, oui ! D’autant plus que Cheminées Poujoulat va passer avec le bon train de suroit qui va les catapulter en Atlantique quand Neutrogena et GAES Centros Auditivos devraient avoir des vents plus légers. La course va encore tirer par devant après le cap Horn. Attention néanmoins, sur la Barcelona World Race, il existe un dernier passage à niveau avec la Méditer ranée qui peut être traître.

Classement à 14h TU :

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 7745,3 milles de l’arrivée
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 1172,7 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1183,1 milles
  4. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 3034,8 milles
  5. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3329,5 milles
  6. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 3639,8milles
  7. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 4235,7 milles

Ils ont dit :

Nandor Fa (Spirit of Hungary) :

Nous avons eu cinq jours très pleins parce que nous luttons avec nos problèmes, notamment au niveau du mât. Le système d’accroche (du chariot de têtière de grand-voile) est à nouveau cassé. Il est coincé. Je suis monté au mât et j’ai essayé de réparer. Conrad également, sans succès non plus. Demain matin, nous allons essayer à nouveau. Et si nous n’y arrivons pas, nous prendrons une décision. Si nous pouvons résoudre le problème en mer, tant mieux. Si nous devons aller en Nouvelle-Zélande, nous perdrons du terrain. C’est le seul problème, et il est sécurisé. Je pourrais doubler la drisse, la grand-voile est OK, toutes les voiles le sont. Nous avons ralenti un peu avec tout ça. Quand le vent va de nouveau entrer, nous reprendrons de la vitesse. D’un côté nous sommes heureux d’être dans l’océan Pacifique et, d’un autre côté, nous avons p assé la moitié du chemin dans le Sud. Nous sommes heureux, mais cette lutte inutile nous a pris beaucoup d’énergie. Nous sommes fatigués. Nous essayons de nous reposer, de reprendre des forces, de nous détendre et nous mangeons de bons plats. J’espère que bientôt nous pourrons oublier tous ces soucis qui nous pompent inutilement notre énergie.

Anna Corbella (GAES Centros Auditivos) :

GAES navigue à 30 nœuds. C’est vraiment inconfortable à l’intérieur. Nous devons dormir attaché dans les bannettes superposées parce que parfois, nous tombons quand le bateau plante. Et, nous naviguons avec le pilote automatique parce qu’il navigue mieux que nous dans ces conditions. Et nous devons essayer de ne pas tomber. Nous allons vraiment vite…

Source

Barcelona World Race

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