Tous derrière et lui devant

© Cheminées Poujoulat

Un tour du monde exige une endurance à nulle autre pareille. Pour les hommes comme pour les bateaux. Défiant Cheminées Poujoulat depuis le 15 janvier dernier, Neutrogena est contraint de mettre en parenthèse la course-poursuite. Le démarreur du moteur ne répondant plus, Guillermo Altadill et José Muñoz se déroutent vers l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande où les attendra leur équipe technique pour réparer au plus vite. Bernard Stamm et Jean Le Cam vont commencer leur retour vers Barcelone, désormais esseulé aux avant-postes.

L’équipage de Neutrogena n’a pas réfléchi longtemps avant de décider d’un arrêt technique en Nouvelle-Zélande, ultime terre d’accueil avant quelque 5500 milles de désert liquide. Il dispose bien d’hydrogénérateurs pour pallier aux mauvais hoquets du moteur, mais ils ne sont pas adaptés aux grands surfs promis dans l’océan Pacifique. Et pénétrer plus avant dans cet espace vertigineux s ans pouvoir recharger les batteries qui alimentent aussi bien l’électronique embarquée que le désalinisateur était impensable.

« Désolés pour eux »

Peu ou prou au moment où Neutrogena décidait de se dérouter, Cheminées Poujoulat dépassait, à 0h21 TU la nuit dernière, la borne des 11720 milles, milieu de la route théorique du tour du monde. Bernard Stamm et Jean Le Cam abordent le chemin du retour, désormais seuls aux commandes de la flotte. Les deux skippers aguerris ont tenu à saluer, cet après-midi, la sagesse de leur plus coriace concurrent : « Les conditions que nous avons actuellement sont très dures et il est difficile de continuer sa route avec des problèmes graves comme ceux rencontrés par Guillermo et José. L’océan Pacifique est immense. Il est nécessaire d’avoir un minimum vital pour naviguer en sécurité. Sans énergie, ce n’est pas le cas. Nous sommes vraiment d ésolés pour eux, mais la route est longue et quand on connait la combativité de l’équipage de Neutrogena, nul doute qu’ils vont revenir en course à fond, une fois leur problème réglé. »

Quatre jours

Atteindre Invercargill ne va pas être de tout repos pour Guillermo Altadill et José Muñoz. Un front froid sévit en mer de Tasmanie, avec des vents tempétueux de 35 à 40 nœuds attendus à l’approche des côtes néo-zélandaises. Selon l’équipe technique de Neutrogena, en partance pour la Nouvelle-Zélande avec des pièces de rechange, le problème de démarrage du moteur pourrait être vite résolu. Et l’espoir est vif de les voir repartir en course rapidement, avec une détermination décuplée.

GAES Centros Auditivos a débuté sa descente vers le sud le long de la zone d’exclusion des glaces, avec quelque quatre jours de retard sur Cheminées Poujoulat et Neutrogena. Cet écart construit patiemment par le s deux leaders tout au long de ce début du tour du monde laisse un espoir à Guillermo Altadill et José Muñoz de repartir de Nouvelle-Zélande dans des eaux proches de celles d’Anna Corbella et Gerard Marin, désormais virtuels deuxièmes de la course. Le problème moteur de Neutrogena, la collision de Spirit of Hungary avec un OFNI (objet flottant non identifié) et tous les autres incidents techniques qui se sont enchaînés ces derniers jours viennent rappeler que sur un tour du monde, rien n’est jamais écrit à l’avance.

Classement à 14h00 TU :

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 11477,5 milles de l’arrivée
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 361,5 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1511 milles
  4. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 1789,9 milles
  5. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 2484,1 milles
  6. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3434 milles
  7. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 4081,7 milles

Ils ont dit :

Guillermo Altadill(Neutrogena) :

Nous sommes en contact avec notre équipe technique et ils vont probablement envoyer des techniciens d’Angleterre et de Nouvelle-Zélande pour nous aider. Ce sont des choses qui arrivent dans des marathons comme la Barcelona World Race. Nous sommes déçus parce que nous essayions de nous battre depuis quarante jours pour être aux avant-postes. Nous étions en bonne position, attendant des opportunités et maintenant, nous allons concéder beaucoup de milles. Mais la course est encore longue. Nous nous déroutons, mais nous restons en course. Qui sait ? Si cela nous arrive, cela peut arriver aux autres.

Nandor Fa (Spirit of Hungary) :

Tôt dans la journée, nous avons heurté un OFNI (objet flottant non identifié). C’était gros, noir, compact. Ce n’était pas un cétacé. Ça pourrait être un tronc d’arbre, un madrier, quelque cho se dans ce genre. Le safran bâbord s’est arraché avec ses vis et malheureusement la barre de liaison entre les deux safrans s’est cassée. On a dû réparer le système de barre. On doit aussi changer plusieurs lattes qui ont ragué sur les haubans. On a donc plusieurs réparations en cours, stratifier de nouveau une barre de liaison, réparer le dôme du fleet car les connections sont trempées. C’est ce qui fait qu’il ne marche pas depuis deux jours. On l’a donc nettoyé et imperméabilisé. Heureusement qu’il faisait beau. La mer est à 17° environ, et il fait 22° comme en été.

Aleix Gelabert(One Planet One Ocean & Pharmaton) :

La nuit devrait être difficile avec des vents de 40 nœuds, et probablement des rafales à 50-55 nœuds. Alors, nous nous reposons et nous préparons le bateau pour les conditions à venir. Nous avons été alertés la nuit dernière par la direction de course de la possible présence de gro wlers sur notre route. Nous avons changé un peu un notre cap, juste au cas où. Ce n’est pas la peine de rajouter des risques. Le cap Leeuwin est dans nos têtes, mais il est encore à 4 ou 5 jours de navigation. Pour nous, atteindre ce deuxième cap du tour du monde serait un honneur, un moment fort. Et le cap Horn est le prochain!

Source

Barcelona World Race

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