A la limite des glaces

© Manuel Medir

Aux commandes de la Barcelona World Race depuis treize jours, Cheminées Poujoulat prend le large dans l’océan Indien sur son poursuivant direct, Neutrogena. La route nord de Bernard Stamm et Jean Le Cam semble gagnante sur la voie sud, en bordure de la zone d’exclusion antarctique, prise par Guillermo Altadill et José Muñoz. Quand les premiers bénéficient de pressions par le nord, les seconds sont contraints de jouer dans la limite et les empannages se succèdent. Longeant également la zone, GAES Centros Auditivos et plus à l’arrière Renault Captur voient se profiler le même schéma et perdent du terrain sur le leader. Dans l’Atlantique Sud, One Planet One Océan & Pharmaton a fait son entrée au delà du 40e parallèle.

Quatre semaines de course et le chemin parcouru chiffre déjà. Si les classements, calculés en fonction de la route directe, donne quelque 6600 milles parcourus par Cheminées Po ujoulat et Neutrogena, les deux bateaux de tête ont réellement avalé peu ou prou 9000 milles. Et la course bat son plein dans un train de houle qu’aucune terre ne vient plus freiner. Depuis hier, Bernard Stamm et Jean Le Cam regagnent du terrain. Embarqués sur une route nord bien avant le cap de Bonne-Espérance, ils se retrouvent mieux lotis dans l’étroit passage à négocier entre une zone de hautes pressions au nord et la zone d’exclusion antarctique.

Zigzag

Cette zone inédite, mise en place par la Barcelona World Race, se substitue aux traditionnelles portes des glaces avec le même objectif : sécuriser le parcours austral des IMOCA 60 de la dérive des growlers. Neutrogena flirte avec cette frontière depuis des jours et se voit contraint d’empanner régulièrement pour rester dans des vents établis sans franchir la limite. Guillermo Altadill et José Muñoz zigzaguent, 200 milles maintenant derrière les leaders q ui filent droit vers l’avant.

Renault Captur a tricoté également avec cette frontière infranchissable sous peine de pénalités. Sans pour l’instant se sentir obligé dans sa stratégie. Pour se faire une idée plus juste, Jörg Riechers et Sébastien Audigane attendent les pourparlers avec l’anticyclone qui les attend une fois dans l’océan Indien. Ils devraient y entrer à leur tour ce soir.

Hospitalité

Cette problématique semble lointaine pour l’heure aux frères Bruno et Willy Garcia (We are Water) qui goûtent pleinement les sensations et les images de leur premier Grand Sud. Le gris qui revêt tout l’environnement, les albatros qui observent les invités des lieux, les vagues qui se forment dans le désordre. Une atmosphère particulière qu’Aleix Gelabert et Didac Costa célèbrent également pour la première fois. One Planet One Ocean & Pharmaton vient de faire son entrée dans les 40es Ru gissants. Tous bizuths qu’ils soient, les marins espagnols le savent, le Grand Sud s’est montré jusque là bien hospitalier.

Classement à 14h00 TU :

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 16542,1 milles de l’arrivée
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 204,2 milles
  3. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 594 milles
  4. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 1125 milles
  5. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 1722,9 milles
  6. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 2260,8 milles
  7. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 2876,7 milles

Ils ont dit :

Bruno Garcia (We are Water) :

Nous avançons bien dans un flux de nord ouest de 30-35 nœuds avec quelques grains vers le cap de Bonne Espérance. Nous sommes très excités, heureux d’être là, nous voulions au moins vivre cela une fois dans notre vie. Le Sud change la donne complètement. Depuis qu’on a passé Tristan da Cunha, le ciel est devenu gris et on a vu des albatros partout. C’est frappant, impressionnant. Mais, jusqu’à maintenant on a eu des conditions assez maniables pour un IMOCA avec des vents forts mais de portant, ils n’ont pas encore trop forci. On peut dire qu’on ne connaît que la moitié du Grand Sud.

Jörg Riechers (Renault Captur) :

Le temps est agréable, avec 20 nœuds de vent, avec du soleil. C’est parfait. C’est moins pénible que je pensais. Les vagues sont assez hautes, nous avons eu entre 20 et 30 nœuds de vent tout le temps mais il ne fait pas encore froid. Le Grand Sud est en vacances pour le moment, c’est relativement agréable de naviguer. Nous sommes au reaching, quelque 500 milles nous séparent de GAES Centros Auditivosmais nous espérons réduire un peu l’écart dans les huit prochains jours et revenir dans le match pour la troisième place.

Sébastien Audigane (Renault Captur) :

Le vent mollit un peu aujourd’hui, on en profite pour faire un peu de ménage et se reposer un peu. La zone d’exclusion des glaces peut être contraignante car finalement, elle fait un mur tout du long du sud. Dans quelques jours, on va avoir un anticyclone assez important qui va nous barrer la route et peut être que s’il y avait eu des portes, ç’aurait été plus simple. Maintenant ce sont les règles et pour l’instant cela ne nous gêne pas outre mesure. Voilà trois jours que nous sommes dans les 40es, les Albatros nous suiv ent la journée, la mer est très formée. Ces deux derniers jours, elle était abrupte et dans tous les sens comme on voit souvent dans l’océan Indien. Il y avait 4 à 5 mètres de creux et par moment, le bateau dévalait à 25 nœuds dans le creux de la vague, c’était assez impressionnant.

Source

Barcelona World Race

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