Yannick Bestaven a une revanche à prendre

© Bertrand Duquenne

Il a franchi hier la ligne d’arrivée de la Route du Rhum à la quatrième place en Class40 (*). Yannick Bestaven, 42 ans, se tourne désormais vers le prochain Vendée Globe, une épreuve dont il a déjà pris le départ en 2008-09, avant d’abandonner prématurément. Sa volonté de revenir est immense et son sponsor actuel pourrait bien le suivre. C’est donc un sérieux candidat au tour du monde en solitaire que nous avons rencontré. Entretien.

Yannick, pourquoi souhaites-tu participer une deuxième fois au Vendée Globe ?

Car mon abandon très précoce en 2008 a été un échec que j’ai beaucoup ressassé et auquel je pense encore aujourd’hui (à bord de l’ex Aquitaine Innovations d’Yves Parlier, Yannick avait démâté dans le golfe de Gascogne, 30 heures après le coup de canon, N.D.L.R.). Je veux donc revenir pour oublier cet épisode cruel. Huit ans après, je n’aurai aucune envie de revivre ça, donc je ne m’engagerai certainement pas à l’arrache comme en 2008.

Comment ça, « à l’arrache » ?

Un sponsor m’a lâché à trois mois du départ du Vendée Globe. Avec mon équipe, nous nous sommes battus, et je me suis endetté. J’ai réussi à couper la ligne aux Sables-d’Olonne, mais j’étais déjà épuisé. Si je reviens en 2016, je ne partirai pas juste pour faire le tour, mais bien pour jouer les avant-postes à bord d’un bateau de dernière génération. Je pense pouvoir être un sérieux outsider, à condition d’avoir un partenaire solide à mes côtés.

Justement, ton sponsor actuel en Class40, Le Conservateur, envisage-t-il de voir plus grand et de te soutenir dans un projet en 60 pieds IMOCA ?

Oui, à tel point que mon partenaire parle plus du Vendée Globe que moi (rires) ! Nous travaillons dans une confiance mutuelle. D’ici la fin de l’année, nous prendrons une décision quant à la suite des événements.

On imagine que tu surveilles déjà avec attention les bateaux d’occasion sur le marché…

Bien sûr, car il s’agit d’acheter un 60 pieds qui a du potentiel. Il n’y en a pas tant que ça sur le marché… J’en ai un en tête dont je tairai le nom (rires). Il ne faut pas perdre de temps, le projet doit démarrer tôt pour bien prendre en main le support. Il faudrait participer à la Transat Jacques Vabre en IMOCA en novembre 2015. Sinon le timing deviendra limite et ce sera difficile, pour l’équipe et pour moi.

J’aimerais pouvoir parler des mers du Sud…

Compte tenu de ton abandon très prématuré en 2008, te sentiras-tu comme un bizuth si tu prends le départ du prochain Vendée Globe ?

Oui. Je ne considère pas vraiment avoir participé au Vendée Globe, j’étais juste au départ. J’ai démâté vraiment trop vite et je n’ai rien vu de ce tour du monde en solitaire, si ce n’est l’ambiance d’avant-course. C’est une inconnue, à découvrir absolument. Mon copain Arnaud Boissières a terminé deux fois. J’aimerais un jour pouvoir parler avec lui des mers du Sud…

Tu n’as pourtant pas pris part à la dernière édition. Etait-ce par choix ou faute de financements ?

Un peu des deux. Après le Vendée Globe 2008-09, je n’avais plus de bateau et je me suis concentré sur ma société Watt&Sea, qui conçoit des hydrogénérateurs. En 2012, le succès de l’entreprise a été incroyable. Après seulement deux ans d’existence, nous avons équipé 19 des 20 concurrents au départ du dernier Vendée Globe (seul Safran a construit en interne des hydrogénérateurs de sa conception, N.D.L.R). Sur les pontons des Sables-d’Olonne, je suis monté sur tous les bateaux pour expliquer le fonctionnement des hydrogénérateurs. Equiper tous les copains sans pouvoir moi-même partir n’a pas été facile. Mais j’ai pris sur moi, j’ai mis ma fierté dans ma poche. Je n’ai pas arrêté de naviguer pour autant car en 2011, j’ai acheté un Class40. Je me suis éclaté pendant trois saisons dans cette classe qui monte et propose un niveau sportif de plus en plus relevé. Je préfère nettement avoir un bon bateau en Class40 qu’un mauvais en IMOCA !

Le Vendée Globe est une montagne.[/quote]

A deux ans du départ, tout indique déjà que le plateau du prochain Vendée Globe sera fourni et de qualité. Cela doit accroître ta volonté d’y être ?

Bien sûr ! 25 à 30 chanceux seront probablement au départ de la plus belle course en solitaire qui soit. J’aimerais faire partie de l’affaire ! Mais je sais trop bien que le Vendée Globe est une montagne, qui implique des sacrifices à tous les niveaux : personnel, familial, professionnel. Avec la maturité, c’est toutefois une course que je pourrais aborder plus sereinement qu’en 2008.

La classe IMOCA a autorisé les foils. Quel est ton point de vue sur ces appendices ?

Les bateaux sont faits pour voler maintenant. On voit des foils depuis un bon moment, en kitesurf par exemple, mais la dernière America’s Cup a crée un déclic. Sur le principe, je ne suis pas opposé aux foils en IMOCA car cela permet d’aller de l’avant. Les marins qui partiront avec les foils seront des précurseurs. J’espère simplement que cette évolution ne va pas créer un trop grand fossé entre les bateaux existants et les bateaux neufs… J’étudierai en temps voulu la possibilité d’installer ces nouveaux appendices. Une chose est sûre : je ne mettrai pas par terre un deuxième Vendée Globe pour des foils mal étudiés ou mal installés !

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