Du Rhum à la Volvo, ou inversement…

© Amory Ross/Team Alvimedica/Volvo Ocean Race

Avant de larguer les amarres, Josse, Gavignet, Coville, Riou, Gabart jetteront un dernier coup d’œil au classement de la Volvo Ocean Race. Ces accrocs aux tours du monde suivent avec attention les routes des sept bateaux engagés. Après 19 jours de course, la flotte de la Volvo Ocean Race est toujours aux prises avec l’anticyclone de Sainte-Hélène. Une zone que les cinq Français du Rhum ont du gérer lors de chacun de leur tour du monde. Abu Dhabi Racing Team est toujours en tête quasiment bord à bord avec Team Brunel et Team Vestas Wind, respectivement à 2 et 9.9 milles de l’équipage de Walker.

Seb Josse, François Gabart, Vincent Riou, Thomas Coville et Sidney Gavignet nous livrent leurs points de vue sur la course et la stratégie des Volvo Ocean 65 avant de se lancer dans leur sprint sur l’Atlantique, avant aussi de devoir se résoudre à ne plus pouvoir suivre de manière quotidienne la Volvo Ocean Race. Au moins pour quelques jours… Car ils ont eux aussi une course à gérer comme le dit François Gabart.

François Gabart, skipper de MACIF et vainqueur du Vendée Globe 2013 :

 (…) Le Pot au Noir a été cruel pour plusieurs bateaux dont Dongfeng et MAPFRE qui est sorti avec pas mal de retard. Ca semblait difficile à rattraper par la suite. C’est dur car MAPFRE, à ce moment là, était tout proche de Team Vestas Wind. A bord, ça ne doit pas être facile. En voile, il faut parfois de la réussite et dans ces zones, il en faut un peu plus.

Les bateaux en tête aujourd’hui sont les mieux sortis du Pot au Noir. En ce moment, c’est frustrant pour ceux de derrière car ils n’avaient d’autres choix que de faire le grand tour de Sainte-Hélène comme leurs adversaires.

Par contre, les trois bateaux de tête se tirent la bourre. C’est génial. J’aimerais bien être à bord d’un de ceux-là en ce moment ! Ca va batailler jusqu’au bout. Team Vestas Wind a fait un joli coup en se décalant dans l’ouest, il est bien revenu sur ses adversaires. Maintenant, il n’y a quasiment plus de décalage latéral. Désormais, c’est la vitesse qui va primer et peut être quelques petits coups tactiques.

La Volvo Ocean Race ne me tente pas sous le format actuel (monotypie). Par contre, si jamais elle se faisait un jour en multicoque… C’est mon rêve ! Je rêve d’un tour du monde en équipage en multicoque.

Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim et vainqueur de la Volvo Ocean Race 2012-13 avec Groupama :

 (…) Sainte-Hélène, j’en ai souffert dans tous les records que j’ai pu faire et souvent, beaucoup de choses se sont jouées là. C’est une zone très compliquée à passer et j’ai même l’impression qu’elle est de plus en plus complexe. (…)

J’aime bien l’attitude de Team Vestas Wind. Ils naviguent bien depuis le début, ils sont audacieux. (…) Par la route que les équipages font, on peut presque avoir une idée de l’état d’esprit ou de l’ambiance à bord.

Cette course brasse un grand nombre de nationalités. Elle est aussi un exercice sur la durée, c’est une épreuve majeure en voile. Elle demande beaucoup de facultés d’adaptation et une capacité à se projeter. Quand Franck m’a appelé pour la dernière édition, il m’a fait un cadeau exceptionnel. J’ai appris énormément. C’est une grande fierté pour moi d’avoir gagné cette course. Après cette victoire, j’étais apaisé.

Quand tu participes à la Volvo Ocean Race, tu fais plein de rencontres. Tu côtoies des personnalités, des caractères, des gens avec une incroyable force d’esprit. Ceux qui ont la chance d’y participer, se rendent compte à la fin, qu’ils ont changé. Ils ont progressé. J’ai été contacté par Chris Nicholson mais mon objectif était cette Route du Rhum. Si je pouvais plus tard faire une ou deux étapes, ce serait super. Naviguer avec lui et toute son équipe dont les néo-zélandais du bord, ce serait une consécration !

Sébastien Josse, skipper de Edmond de Rothschild et skipper d’ABN AMRO TWO lors de la Volvo Ocean Race 2005-06 (4ème) :

Je suis la course quotidiennement, au moins trois fois par jour ! La monotypie rend la course très intéressante. Les bateaux sont très proches. On l’a bien vu au passage du pot au noir, ceux du milieu se sont fait planter, pas de chance ! Mais on voit que la course n’est pas finie, la flotte doit encore contourner Sainte-Hélène. Il y a ceux qui essayent de prendre le virage à la corde et ceux qui vont un petit peu plus au sud pour avoir davantage de pression. Je ne fais pas de routage tous les jours mais on voit bien que Team Vestas Wind ouvre la porte, ils n’ont pas peur de prendre des options, d’aller dans l’ouest. Même Abu Dhabi, au Cap Vert a su décrocher des autres.

J’ai navigué avec deux marins qui participent à la Volvo Ocean Race : Simon Fischer, équipier d’Abu Dhabi, et le Hollandais Gerd-Jan Poortlman qui est à bord de Team Brunel. Je porte une attention particulière à leur course.

Je retournerai un jour sur cette course, pas tout de suite mais j’aimerais beaucoup la refaire. C’est une très belle aventure avec un beau parcours, une belle organisation. C’est une autre dimension, on n’a pas cela en France. C’est une course longue, en équipage.

Vincent Riou, skipper de PRB et vainqueur du Vendée Globe 2004-05 :

En regardant la flotte, on voit bien que l’anticyclone de Sainte-Hélène est aujourd’hui positionné assez bas. Il faut le contourner. Les retardataires ont essayé de combler leur retard en arrondissant un peu plus large la zone de haute pression où les vents sont faibles. C’est une situation qui n’est jamais facile pour les premiers parce qu’ils ont la lourde tâche d’ouvrir la route, tous les risques sont donc pour eux. Derrière, leur seule chance de remonter est que les premiers flirtent trop prêt de Sainte-Hélène. Team Vestas Wind s’est décalé. Ca semble être une bonne option, il a repris pas mal de terrain.

Derrière, Dongfeng Race Team et Team Alvimedica restent très proches l’un de l’autre. Il va y avoir une vraie bagarre. (…)

Je pense que Team Brunel a été audacieux. Il a été un petit peu plus joueur avec les hautes pressions quand ils ont tous empanné au large Cap Frio. Tous les équipages font une belle course et malgré la monotypie, il y a des gens devant et des gens derrière. La course reste très intéressante et belle à suivre.

Sidney Gavignet, skipper de Musandam Oman Sail et vainqueur de la Volvo Ocean Race 2005-06 à bord de ABN AMRO :

Je suis beaucoup la Volvo Ocean Race et j’espère que les Omanais suivent aussi et que ça les inspire.

Ce que je vois, c’est notamment que Dongfeng est totalement dans la course, ils sont loin d’être largués. Je pense que le profil des coureurs français est très bon. Le profil des navigants a complètement changé dans cette course puisqu’on arrive à des bateaux qui sont – même s’ils sont en équipages – en équipage réduit. L’expérience des Français acquise lors de La Solitaire du Figaro ou de la Mini Transat est très grande.

Aujourd’hui même les jeunes ont beaucoup d’expérience et savent se gérer.Pour moi, la Volvo est l’un des piliers de la course à la voile. C’est une course qui persiste et qui, grâce à la force de l’engagement de Volvo, ne semble pas être prête de s’arrêter.

Le concept de Tour du monde one design en équipage est passionnant pour moi qui suis très intéressé par le management humain. C’est un challenge que j’aimerais beaucoup relever.

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