Revenu du diable Vauvert

© Breschi /breschi-photo-video.com

C’est un adage bien connu des navigateurs. En course, tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, il ne faut jurer de rien. Hier, la situation paraissait fort compromise pour Jonas Gerckens (Netwerk) qui comptait une centaine de milles de retard sur Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance) en bateau de série et risquait de se voir souffler la première place du classement général. Mais une nuit d’orages a redistribué les cartes.

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8h 07mn 12s, c’était le matelas dont disposait Jonas Gerckens pour contrer le retour de Tanguy Le Turquais après l’élimination prématurée de la course au podium de Damien Audrain (EPC – Rêves de Clown). Hier au soir, les proches du navigateur belge semblaient se faire une raison. Avec près de cent milles de retard, il lui serait difficile de décrocher la timbale. C’était sans compter sur une nuit orageuse au large de la Vendée qui bloquait le leader de l’étape en bateaux de série, pendant que Jonas continuait de cravacher. Bien lui en a pris, puisqu’il ne comptait plus ce matin qu’une soixantaine de milles de retard. De plus, le vent s’orientant nord-ouest assez fort, permettait aux Minis de s’exprimer à plein. C’est à plus de 10 nœuds de moyenne que le navigateur belge a terminé cette étape retour pour s’adjuger sa première grande victoire sur le circuit Mini.

Série : le bal des débutants

Arrivé en fin de matinée, Tanguy Le Turquais ne manifestait aucune amertume. Il a démontré le potentiel de son Argo, réalisé une très jolie performance sur l’étape retour qui lui permet de grimper sur le podium. Il lui a peut-être manqué le coup de pouce de la réussite pour briguer la victoire finale. Il a aussi fallu à Tanguy toute la sagesse nécessaire pour ne pas s’embarquer dans un duel avec Ian Lipinski (Entreprises Innovantes) qui courrait pour la dernière fois en prototype puisque son Ofcet devrait être homologué en 2015 en bateaux de série.

Une carène visiblement bien née et un skipper qui n’hésite pas à puiser dans ses réserves ont permis à Ian de réussir le petit exploit de terminer l’étape en troisième position des prototypes après un final homérique bord à bord avec Ludovic Méchin (Microvitae) cinquième et Michele Zambelli (Fontanot), quatrième. Michele conserve, malgré tout, sa place sur le podium au classement général.
Quoi qu’il en soit, le potentiel des nouvelles carènes Argo et Ofcet impressionne et nombre de coureurs s’interrogent déjà sur la stratégie à suivre pour les prochaines années : faire confiance à des carènes éprouvées ou bien tenter l’aventure sur de nouveaux modèles.

Proto : les vertus de l’innocence

Ils sont maintenant six prototypes à être amarrés au ponton du Vendée Globe. Après les performances de Nico Boidevezi (ImaginAlsace) et Giancarlo Pedote (Prysmian), Michele Zambelli (Fontanot), Ludovic Méchin (Microvitae) et Fidel Turenzio (Satanas) ont découvert la navigation sur un prototype performant. Pour Michele comme pour Ludo, hériter des bateaux respectivement vainqueurs de la dernière édition des sables – Les Açores et de la Mini Transat aurait pu se révéler lourd à porter. Ils l’ont assumé crânement, même si les deux disent qu’ils ont encore beaucoup à apprendre pour tirer la quintessence de leur machine. Il reste encore un an avant la prochaine Mini Transat…

Ils ont dit :

Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance)

Déjà, j’ai un super bateau. J’ai dû partir au maximum trois fois au tas, dans toute la traversée. Je pense que c’était plutôt une course où il fallait être un bon gestionnaire, savoir mettre le curseur au bon niveau. Il y avait des moments où il fallait bourriner sans casser le bateau et d’autres où il fallait savoir se reposer et ne pas forcer sur le matériel. Je crois que la différence s’est faite là : certains ont trop tiré sur le bateau et ils ont cassé et ceux qui n’ont jamais forcé l’allure sont derrière. C’est aussi simple que ça. Hier soir, je pensais avoir creusé suffisamment sur Jonas, je me disais que c’était bon pour la victoire finale. Et cette nuit, quand je me suis retrouvé au cœur de cette dépression orageuse, j’ai vu toute mon avance disparaître. Maintenant, Jonas a fait une belle course : sa victoire est méritée.

Classement le 13 août à 17 heures (TU +2)

Séries

  1. Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance), arrivé le 13 août à 12h 07mn 15s
  2. Damien Cloarec (ETF – www.damien-cloarec.fr), arrivé le 13 août à 18h 26mn 40s
  3. Jonas Gerckens (Netwerk), arrivé le 13 août à 18h 39mn 30s
  4. Antonio Fontes (Leonor), à 31,0 milles
  5. François Jambou (Kaïros), à 39,1 milles

Protos

  1. Nicolas Boidevezi (ImaginAlsace), arrivé à 16h 31mn 15s, le 12 août
  2. Giancarlo Pedote (Prysmian), arrivé à 20h 00mn 16s, le 12 août
  3. Ian Lipinski (Entreprises Innovantes), arrivé à 07h 57mn 54s, le 13 août
  4. Michele Zambelli (Fontanot), arrivé à 07h 59mn 57s, le 13 août
  5. Ludovic Méchin (Microvitae), arrivé à 08h 17mn 12s, le 13 août
  6. Fidel Turienzo (Satanas), arrivé à 16h 02mn 17s, le 13 août

Source

Isabelle Delaune

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