L’écureuil et le raz

  • © Alexis Courcoux
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A une trentaine de milles de l’arrivée à Cherbourg, la flotte s’est compactée sur l’île de Guernesey pour se protéger du courant de marée descendante. L’issue de cette dernière étape de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire se joue sur cet ultime sprint mais aussi la victoire finale sur quatre manches puisque Jérémie Beyou reste sous la pression de Corentin Horeau, Charlie Dalin et Gildas Mahé…

Corentin Douguet (Un maillot pour la vie) aura mené le train pendant les trois quarts de cette quatrième étape, mais c’est sur les cinquante derniers milles de ce parcours réduit à 440 milles que l’issue se déroule. Car avec le passage par le raz Blanchard, la flotte doit composer avec les courants de marée qui sont parmi les plus puissants du monde… Or ce mercredi matin, la renverse n’a lieu qu’à 6h02 à Goury (petit port à la pointe Nord-Ouest du Cotentin) : les solitaires cherchaient donc à se positionner au mieux pour bénéficier de ce véritable tapis roulant jusqu’à Cherbourg.

Le requin et le poisson pilote

Dès le coucher du soleil, Adrien Hardy (Agir Recouvrement) lançait la première attaque : sous le vent de la meute, il virait de bord pour croiser afin de se recaler au plus près du DST des Casquets. Et une heure plus tard, presque tout le monde suivait le mouvement avant de buter sur l’île de Guernesey… La marée commençait à descendre et il fallait se réfugier près des roches éparses pour avancer encore dans un flux de secteur Est mollissant à une quinzaine de nœuds. Et si Adrien Hardy jouait les poissons pilotes, c’est le « requin » Gildas Morvan (Cercle Vert) qui poussait le bouchon encore plus loin en enchaînant deux virements de bord supplémentaires pour prendre le large. Dans l’espoir de toucher une bascule du vent au Nord-Est…

Pour le reste de la meute, la nuit se passait à se faufiler entre les roches et à ce jeu, Paul Meilhat (SMA) était le plus malicieux avec dans son sillage, Jérémie Beyou (Maître Coq), suivi par Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir), Corentin Douguet, Vincent Biarnes (Guyot Environnement), Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance)… Ce groupe visait la pointe Nord-Est de l’île anglo-normande pour sortir le plus dans l’Est possible afin d’accrocher le courant du Grand Roussel. Et sur les coups de six heures, ce sextuor retrouvait Adrien Hardy revenu du large…

Le loup et le renard

C’est donc probablement au sein de ces sept mercenaires que se cache encore le vainqueur de cette ultime manche ! Car ce groupe possède déjà plus de deux milles d’avance sur le peloton emmené par Charlie Dalin (Normandy Elite Team) et Alain Gautier (Generali). Mais outre le fait que les écarts à l’arrivée à Cherbourg vont être minimes voire infimes entre ces sept prétendants, c’est la victoire au classement général sur quatre étapes qui se joue aussi en ce moment : Jérémie Beyou a joué la politique de l’écureuil depuis le départ de Deauville en jouant placé sans prise de risque et Corentin Horeau, son plus pressant rival, est à ses basques… Ce qui ne suffira pas à combler son retard d’un quart d’heure ! Mais la morale de la fable ne sera vraiment connue qu’à Cherbourg !

Il y a maintenant un raz Blanchard à embouquer et toute la flotte devrait s’aligner dans la veine de courant qui perce les îles anglo-normandes et passe entre Aurigny et le cap de La Hague. D’un coup, le rythme va s’accélérer (à plus de dix nœuds au lieu de six ce matin) et il n’y aura plus que quelques bords à tirer entre le raz et la grande rade de Cherbourg. De quoi départager de quelques minutes, voire quelques secondes ces sept leaders, mais aussi toute la meute qui va défiler en moins de trois heures. Les premiers sont attendus à Port Chantereyne à partir de 10h00 si la brise de quinze nœuds d’Est tient jusque là…

Ils ont dit…

Charlie Dalin (Normandy Elite Team) :

C’est super joli, c’est assez sympa ce matin le long des côtes de Guernesey. Dans une heure, cela commencera à être pas mal, le courant sera inversé et il sera de plus en plus vers la gauche et plus ça va, plus il va nous aider à nous diriger vers Cherbourg. Je pense que l’on aura le courant avec nous à ce moment là donc cela devrait partir par devant. Les premiers vont se faire aspirer par le courant : c’est important de cravacher maintenant. On a 15 nœuds de vent d’Est, je navigue à 6,5 nœuds au près, la mer est plate. J’ai réussi à dormir cette nuit : je suis en forme.

Gildas Morvan (Cercle Vert) :

Il y avait un peu moins d’air à terre, je ne sais pas trop… on va voir. Pour le moment je n’ai pas la gauche (bascule du vent au secteur Nord-Est), c’est un peu embêtant. Je suis parti au large parce que j’attends cette rotation mais actuellement, elle n’est pas là. Je vais voir, je vais virer de bord. J’ai 15 nœuds de vent encore, ça tient mais ça mollit un petit peu : pour l’instant ça va. Après on devrait arriver, si le vent tient, vers la fin de matinée à Cherbourg.

Source

RivaCom

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