Un nouveau saut de puce à travers le Pacifique

© Denis Tisserand

Une étape record avec 670 milles avalés en seulement 3 jours et 6h. La météo digne du Tour d’Irlande au mois de mai ne m’a pas épargné avec quasiment une pluie en continu et un vent soutenu d’Est. C’est la meilleure saison pour naviguer dans le Pacifique, mais il semblerait pourtant que l’on soit réellement dans la saison des pluies. Heureusement le plaisir de la glisse est revenu avec un vent portant qui me porta sur un bord vers le paradis. Très vite privé d’un pilote automatique, je m’obligeai à barrer beaucoup pour économiser le 2ème. J’avais fait le choix au départ de partir avec une nouvelle combinaison étanche Musto, j’appréciais du coup de pouvoir être réellement au sec dans cette machine à laver permanente.

À l’aube de la 2ème nuit, je commençais à naviguer dans l’archipel des Fidji comptant des milliers d’îles. Le manque de GPS commence vraiment à être une vraie difficulté majeure. Cumuler un vrai slalom géant entre les îles et l’impossibilité de faire des points au sextant (couverture nuageuse totale) tient de l’équilibrisme et surtout d’une navigation à l’estime et à la carte très précise. Au moment du coucher du soleil, c’est le bruit des vagues qui se brisent sur le récif qui m’a fait sursauter, un empannage en 4ème vitesse m’a épargné d’une fin assurée. Tout un récif d’environ 1km à ras de l’eau, juste invisible à quelques centaines de mètres, je sens que le danger est permanent et que la moindre erreur de navigation pourrait être fatale.

Quelques heures plus tard au milieu de la nuit, c’est au tour des orages de gronder, vent fort, pluie torrentielle, éclairs à quelques dizaines de mètres du bateau ont animé toute ma nuit. Les souvenirs du coup de foudre sur l’étape précédente ne me donnaient pas beaucoup de confiance. À 4h du matin je sortais enfin de cet enfer, au bord de l’épuisement.

Je plongeais alors dans un sommeil profond et pour la première fois depuis très longtemps j’ai réussi à dormir 2h d’affilée. Le réveil intuitif m’a une nouvelle fois sauvé, j’étais à seulement quelques encablures du récif de la dernière île avant l’arrivée. J’ai vraiment l’impression qu’une bonne petite étoile me protège sur ce Défi pour que je puisse aller au bout.

Une nouvelle arrivée de nuit, le franchissement des passes avec le bruit assourdissant des vagues qui s’éclatent sur les cailloux à quelques mètres seulement est toujours un moment de tension incroyable où la moindre faute serait sanctionnée.

Une étape courte, mais très intense avec un repos mérité. Forward Sailing m’a envoyé un nouveau gennaker ici que je devrai récupérer avant de repartir pour les Iles Vanuatu la semaine prochaine. Je n’ai usé aucune voile depuis mon départ, simple précaution pour la 2ème partie.

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Sophie Kamoun Communication

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