Journée mondiale de l’empannage

© Alexis Courcoux

A 1250 milles du but, la transat est passée dans sa phase tactique. Dans 20 nœuds d’alizé, les duos empannent les uns après les autres. L’enjeu : rester dans la veine de vent soutenu et peaufiner l’atterrissage sur l’arc antillais. Or, cette régate au vent arrière sera certainement décisive pour la suite. Les six prétendants au podium ont six jours pour faire la différence avant le grand final à Saint-Barth, le 28 avril au matin.

La belle vie en mer

Une transatlantique à la voile, ça devrait être remboursé par la sécu ! Coupés du monde, les marins profitent de la vie au grand air, loin de la litanie des infos anxiogènes. La satisfaction des besoins vitaux (dormir, boire, manger) devient un plaisir incommensurable, faire marcher le bateau, une préoccupation de tous les instants, même pour les concurrents relégués en queue de classement. En ce 16e jour de course, à part des maux de dos tenaces (Kito de Pavant) et quelques coups de soleil (Alexia Barrier), tous les équipages semblaient jouir de leur navigation vers les Antilles. Les nordistes profitent enfin d’alizés plus construits. Les sudistes sont galvanisés par la bagarre qui les oppose.

Grands concours d’empannages

Jeanne Grégoire en est convaincue : c’est au sud que ça se passe. Scutum a donc empanné très tôt ce matin pour se démarquer de son compagnon de route Generali, toujours en tête au pointage de 16 heures. Toute la journée, les empannages se sont succédé, inlassablement. A bord de Skipper Macif, Fabien Delahaye et Yoann Richomme exploitent la moindre bascule pour se décaler dans le sud. « Dès que l’oscillation (du vent) dure plus de 5 minutes : on réveille l’autre et on empanne. L’opération prend trois minutes. On en a fait 5 ou 6 comme ça dans la nuit » déclarait Yoann.
Même Generali doit s’y contraindre « nous essayons de préserver notre place mais nos amis du sud ont plus de vent. Je suis devant mon ordi à la table à cartes… ce n’est pas gagné notre histoire. Nous sommes en tête du classement, mais stratégiquement… » s’inquiétait Nicolas Lunven. Le but de toutes ces manœuvres : rester dans un couloir d’alizé soutenu et ajuster sa trajectoire pour l’atterrissage sur l’arc antillais. Pour l’instant, un seul équipage demeure en ligne droite, tribord amure, celui de 30 Corsaires. Alexia Barrier et Laurent Pellecuer avaient anticipé cela, d’où leur insistance à toujours gagner dans le sud (ils sont positionnés 120 milles dans le sud de Generali). Dès à présent, leur investissement devrait commencer à payer.

Une finale à six

A six jours du dénouement à Saint-Barth, ils sont six équipages à pouvoir raisonnablement prétendre au podium de cette 12e édition : Generali, Safran-Guy Cotten, Skipper Macif, La Cornouaille, Scutum et 30 Corsaires. Dans ce groupe de lauréats potentiels, on trouve un melting pot de coureurs aux profils divers : deux anciens vainqueurs de la Transat AG2R LA MONDIALE (Roland Jourdain et Laurent Pellecuer), un double mixte habitué aux podiums sur cette course (Gérald Veniard et Jeanne Grégoire), un vainqueur de La Solitaire (Nicolas Lunven), de nombreuses fines lames du circuit Figaro (Paul Meilhat, Fabien Delahaye, Yoann Richomme, Eric Peron) et surtout deux bizuths : Gwenolé Gahinet et Martin Le Pape. Martin n’a jamais traversé l’Atlantique et n’avait jusque là jamais passé plus de deux jours en mer. Gwenolé a disputé la Mini Transat, mais débarque tout juste dans le circuit Figaro. L’histoire serait belle si elle récompensait l’un et/ou l’autre de ces deux jeunes marins très prometteurs.

LES MOTS DES MARINS

Michel Desjoyeaux, Bretagne – Crédit Mutuel Performance :

On a un alizé plutôt mou. Plus on descend dans le sud, plus on devrait toucher de la pression mais on est un peu impatient. Il y a entre 13 et 15 nœuds de vent, rarement plus. On essaie de faire avancer le bateau. On enchaîne les heures de nav’ et les quarts. Concernant l’option nord, on peut toujours la regretter. Quand on a passé les Canaries, on a vu quelques opportunités. Si on ne jouait jamais, on ne gagnerait pas souvent. Evidemment, on est déçu mais au moins, on a essayé quelque chose. On a vu assez vite que la porte ne s’ouvrirait pas mais c’était trop tard pour rallier le camp des sudistes. On n’y est pas allé tout seul et il y a toujours de l’enjeu. On va essayer de ne pas récupérer la cuiller en bois.

LE CHIFFRE DU JOUR

  • 3494 : Vous êtes 3494 à avoir voté sur Facebook pour le Prix de la Solidarité. En tête, l’association Gold of Bengal avec 827 voix. Continuez ! La course n’est pas finie.

LE TROPHEE DE LA PERFORMANCE

Remporté pour la première fois par La Cornouaille. Martin Le Pape et Roland Jourdain ont été les plus rapides sur 24 heures (en distance au but) en parcourant 215 milles entre le 21 et le 22 avril 12h00.

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