Treize jours d’Amitié !

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C’est fait ! A 19h 38 minutes et 19 secondes heure française ce lundi 21 avril 2014 (17h38’19’’ TU), le maxi-trimaran IDEC a coupé la ligne d’arrivée à Rio de Janeiro, au Brésil. Francis Joyon établit ainsi le premier temps de référence de la Route de l’Amitié, nouveau record entre Bordeaux (France) et Rio de Janeiro (Brésil). Son temps de course : 13 jours, 03 heures, 05 minutes et 19 secondes pour couvrir les 4812 milles du parcours théorique.
Francis Joyon avait quitté Bordeaux le mardi 8 avril, déclenchant le top départ dans l’estuaire de la Gironde à 16h33 heure française (14h33’00 TU). C’était quatre jours seulement après avoir ouvert officiellement le stand-by et reçu des soutiens appuyés, notamment ceux de l’Equipe de France de Football, des Girondins de Bordeaux, de Fabien Barthez etc. Cette toute nouvelle Route de l’Amitié entre Bordeaux et Rio de Janeiro, conçue comme un trait d’union entre la France et le Brésil, a été en effet imaginée au profit d’associations caritatives brésiliennes et de l’ICM, Institut du Cerveau et de la Moelle Epiniere.

15,2 nœuds de moyenne sur l’ortho et 18,1 nœuds en réel

Le temps de course d’IDEC : 13 jours, 03 heures, 05 minutes et 19 secondes pour couvrir les 4812 milles du parcours théorique, soit une moyenne sur l’orthodromie de 15,27 nœuds. En réalité, IDEC a parcouru 910 milles de plus sur l’eau : 5722 milles nautiques à 18,16 nœuds de moyenne. Explication : Francis Joyon a du surfer sur le dos de dépressions successives, du cap Finisterre jusqu’au milieu de l’océan Atlantique. Là, il n’a pas hésité à écarter sa trajectoire jusqu’à 900 milles de la route directe, soit plus de 1600 kilomètres ! Une nouvelle fois, Francis Joyon a su faire parler toute la vitesse de son maxi trimaran pour jouer avec les systèmes météo. Il a très souvent flirté avec les 30 nœuds de vitesse…

Les 24 dernières heures de mer le long du Brésil ont été très exigeantes pour le pilote d’IDEC, qui a du lutter contre des vents de face pour les 120 derniers milles vers Rio de Janeiro. Epuisé, en déficit de sommeil, Francis Joyon a du se dépasser et multiplier les virements de bord et les manœuvres pour finir par franchir la ligne. Ces 13 jours de mer ont été à la fois originaux – sur une trajectoire très nord/ouest – et très engagés. Quelques instants après le passage de la ligne, Francis Joyon nous livrait ses premières impressions sur ce nouveau record. Les voici.

Les mots de Francis Joyon à l’arrivée

La première réaction

Je suis vraiment content d’en avoir terminé, car les dernières 24 heures ont été très éprouvantes. Physiquement, il faudrait me ramasser à la petite cuillère, là ! Je n’ai pas du tout dormi depuis deux jours, à cause des conditions mais aussi parce qu’il y a vraiment beaucoup de trafic le long des côtes brésiliennes. Il faut être en permanence sur ses gardes. C’est un exercice assez épuisant.

Les dernières 24 heures de mer

La dernière difficulté à surmonter à été très stressante. Vers minuit la nuit dernière, j’ai été pris dans un énorme orage, très impressionnant… et le vent a basculé d’un seul coup de 180 degrés ! Je suis passé du portant au vent debout, en plein dans le nez, avec des variations en force très déstabilisantes : de 10 à 25 nœuds en quelques secondes ! A bord d’un grand multicoque comme IDEC, ce sont des conditions très délicates. Il faut sans cesse manœuvrer, prendre des ris, les renvoyer. Le tout sous la menace d’un énorme trafic entre la côte et les plateformes pétrolières au large. Un remorqueur est passé tout près du bateau pendant que je manoeuvrais par exemple… Et puis, le vent debout, pile dans l’axe de la route, tout le monde sait que ni le bateau ni moi nous n’aimons ça ! Pour toutes ces raisons je suis encore plus heureux d’arriver ici, au Brésil !

Le chrono et la trajectoire

Avant le départ de Bordeaux, j’imaginais mettre autour de 15 jours. Donc 13 jours c’est plutôt bien compte tenu de la route très à l’ouest que j’ai du emprunter pour rebondir sur les bordures des dépressions de l’Atlantique, puis de la grande épaisseur du Pot au noir (300 milles, ndr) où j’ai été certes ralenti, mais sans jamais m’arrêter complètement. Et puis cette trajectoire a été un excellent entraînement pour la Route du Rhum : quand j’ai pu enfin basculer sur une route sud dans l’Atlantique, je n’étais plus qu’à deux jours de mer de La Guadeloupe ! J’ai parcouru beaucoup de milles, beaucoup plus que sur la route théorique… et j’ai encore appris des choses. Chaque mille qui passe, chaque manœuvre me fait progresser encore dans la connaissance du bateau. Mon chrono est bien sur améliorable, à la faveur d’une météo qui permettrait une trajectoire plus directe.

Le bateau

Je suis très satisfait parce qu’IDEC prouve qu’il est encore rapide et qu’il est solide. Je n’ai rien cassé de majeur. Les petits pépins techniques rencontrés sont de la routine, vraiment minimes. Je vais tous pouvoir les résoudre moi même, ici au Brésil. Ce ne sont que des détails. Aucun souci de ce côté là donc.

Pour l’ICM

Naviguer pour soutenir l’ICM et les associations, pour la bonne cause en somme, est quelque chose de très motivant pour moi. Cela ajoute une dimension spirituelle à la force brute de la voile.

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Mis à l'eau le: 22 avril 2014

Matossé sous: Records

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