La chasse aux nœuds

© Alexis Courcoux

Au Nord comme au Sud, pas de trêve pascale en ce dimanche de Pâques. Il reste 1 700 milles à parcourir jusqu’à l’arrivée à Saint-Barthélemy. 1 700 milles, c’est beaucoup, et les équipages, partis il y a deux semaines jour pour jour de Concarneau, commencent à trouver le temps long, à fatiguer physiquement. Ce matin, les Sudistes naviguent dans des conditions toniques où il faut sans cesse régler le spi et barrer suivant le rythme des vagues, tandis que les Nordistes pestent contre ce vent de nord-nord-est trop mollasson à leur goût.

L’enfer du Nord

Décidément, cette route au nord de l’orthodromie aura donné du fil à retordre aux marins. Malgré la bascule qui leur a permis d’envoyer les spis hier, la force du vent n’est pas encore au rendez-vous pour débouler rapidement vers les Antilles. « Nous avons des conditions pas faciles sous spi. Nous avons 10 nœuds de vent max avec du clapot. Ce n’est pas évident dans ces conditions de faire avancer le bateau » reconnaissait Gwen Gbick (Made in Midi) à la vacation de 5 heures. Les alizés puissants se font attendre pour le groupe du Nord qui reste cependant très concentré. Car malgré le démâtage de Gedimat la nuit dernière, trois bateaux continuent de se contrôler : Made in Midi et Interface au coude à coude, et Bretagne-Crédit Mutuel Performance légèrement décalé au Sud. Pour tous, les vitesses au compteur sont loin d’être affriolantes : à peine plus de 6 nœuds ! Autant dire que l’écart avec le groupe du Sud se réduit ce matin comme une peau de chagrin : 50 milles séparent Made in Midi en tête au classement de 5 h de Safran-Guy Cotten. Les Sudistes vont rapidement reprendre les commandes de la course.

Au Sud, ambiance machine à laver

25 à 30 nœuds de vent, une mer formée, les conditions de navigation dans le Sud sont pour le moins sportives. Une main sur stick, l’autre à la manivelle de winch, les barreurs en ciré s’offrent des quarts sur le pont, version séances de musculation. Yoann Richomme (Skipper Macif) avouait qu’à l’intérieur du bateau, c’était plutôt ambiance machine à laver. « On a du mal à se caler pour dormir, et ça fait un potin d’enfer, du coup nous sommes toujours sur le qui-vive. La coque du bateau résonne, on a l’impression que dehors c’est le carnage, alors qu’en fait tout va bien. » Safran-Guy Cotten demeure toujours le plus rapide de la flotte sudiste et mène Skipper Macif par le bout du nez. « Nous ne comprenons pas pourquoi il va si vite ! » soulignait Yoann Richomme ce matin. Dans ce groupe de six bateaux les trajectoires diffèrent : Generali et Scutum lofent et se rapprochent de la route directe pour gagner en vitesse, Safran-Guy Cotten, Skipper Macif et La Cornouaille continuent leur trajectoire médiane, tandis que 30 Corsaires, persiste et signe au Sud pour cavaler dans du vent plus fort. La victoire à Saint-Barthélemy se jouera dans ce paquet de six bateaux. Les équipages ont encore une semaine pour tout donner…

LES MOTS DES MARINS

Gwen Gbick, Made in Midi

« Tout se passe bien, ça glisse doucement. Nous avons des conditions pas faciles sous spi. Nous avons 10 nœuds de vent max avec du clapot. Hier nous avons eu un peu plus de vent. Il n’est pas très fort depuis la fin d’après midi. Nous sommes à la bagarre avec Interface Concept mais nous ne sommes pas à vue. Nous sommes un peu plus au nord de Bretagne – Crédit Mutuel Performance car nous voulons suivre le vent. L’idée c’est d’aller retoucher les alizés du sud dans la foulée. On devrait les toucher d’ici deux jours. Cela va être long dans ces conditions. Nous sommes contents d’avoir les autres bateaux à côté, nous pouvons nous comparer et nous taper la bourre avec eux. L’ambiance à bord est bonne, nous sommes contents de ce que nous faisons. »

Nicolas Lunven, Generali

« Nous avons eu une nuit un peu tonique, car nous avons eu 25 nœuds de vent. Nous avons choisi de lofer par rapport aux autres concurrents et nous en avons profité pour accélérer. Là, ça va un peu moins vite. Ce n’est pas sûr que l’on reste sur le même bord jusqu’à l’arrivée, car là le vent est nord-est et il devrait tourner à l’est. Nous commençons petit à petit à incurver notre route pour nous rapprocher de la route directe. La stratégie gagnante c’est d’être à la place de ceux qui sont devant et pas à la notre. Nous avons réduit l’écart avec les autres et continuons dans cette optique. La première partie de course est toujours intense, il peut y avoir des rebondissements niveau météo. Ça a été un peu le cas cette année. Ça occupe un peu l’esprit. Et puis depuis le Cap Vert, l’esprit nous dit « qu’est ce qu’on va faire pendant les 10 jours de course restants ? ». Finalement, cela va passer vite et puis il y a toujours à faire, à penser. Normalement nous devrions arriver le lundi 28. »

Yoann Richomme, Skipper Macif

« Cette nuit ça a envoyé pas mal. Nous sommes quasiment tout le temps au dessus de 12 nœuds. Les vagues sont dans le bon sens, donc c’est plus facile. Safran – Guy Cotten n’est pas loin de nous et il va mieux que nous. Donc nous ne sommes pas très contents. Nous sommes à vue avec eux. Ils sont plus rapides que nous. Il faut s’accrocher. Nous devrions arriver entre dimanche et lundi selon les routages. Au départ nous étions en quarts libres et puis comme nous sommes un peu fatigués, nous faisons trois heures chacun. Nous faisons zéro pilote en ce moment. Il faut être assez attentionné. Il y a un peu de tension nerveuse car nous sommes dans le groupe propice à la victoire, alors il ne faut pas se louper. Tu es toujours un peu sur le qui vive à l’intérieur du bateau car cela bouge beaucoup et tu ne sais pas ce qu’il se passe à l’extérieur.»

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