La roue de la fortune

© Alexis Courcoux

A chaque jour ses gagnants et ses perdants. Hier, les sudistes s’étiolaient sur une mer d’huile. Aujourd’hui ils filent sous spi dans un alizé qui se consolide d’heure en heure. 500 milles plus au nord, les leaders Horeau/Desjoyeaux et leurs 4 acolytes, tirent des bords dans un vent d’ouest mou et capricieux. Ces deux camps persistent à s’écarter de la route…

Imaginez une grande ligne tracée entre les Canaries et Saint-Barth, soit la route directe pour rallier la ligne d’arrivée. De part et d’autre de cette ligne, un grand V dont les branches s’écartent de jour en jour. C’est à cela que ressemble la flotte de La Transat AG2R LA MONDIALE. Plus de 500 milles séparent désormais les tenants du nord de ceux du sud et autant de kilomètres d’incertitudes. Les routages calculés par les logiciels de navigation ne donnent l’avantage à personne. Ces grandes envolées stratégiques pourraient bien n’accoucher que de quelques heures de décalage au moment du dénouement antillais.

La roue tourne

En attendant, chaque jour offre son lot d’espoirs ou de contrariétés, selon que l’on pointe ses étraves vers le nord-ouest ou vers le Cap Vert.
Hier, mardi, les sudistes, tanqués sur une mer d’huile, étaient à la peine. Aujourd’hui, la roue a tourné. Pendant que le club des 5 louvoie dans des vents contraires, irréguliers et plutôt faiblissant, les méridionaux tracent tout droit sous spis dans 16 nœuds de nord-est. Des prémices d’alizé.

Persister encore 24 à 36 heures

Toutefois, aucun des deux groupes n’a encore atteint ses objectifs. Corentin Horeau/Michel Desjoyeaux et leurs 4 comparses doivent poursuivre leur effort pour passer le sud de cette dépression qui les contrarie, puis traverser une zone de transition avant de rencontrer des vents favorables à la bordure d’un anticyclone.
De l’autre côté du spectre, les 9 équipages doivent persister au sud pour trouver des alizés plus forts, plus solides, qui leur permettront de rattraper leur retard sur leurs adversaires (entre 200 et 300 milles)
En réalité, il faudra attendre encore 24 à 36 heures avant que tout le monde ne revienne doucement converger vers la route directe. Et que les 14 concurrents, prennent enfin le cap de la ligne d’arrivée.

Les courses dans la course

La controverse nord-sud, n’est pas la seule passionnante. Dans chacun des camps, il y a une course dans la course. Côté nord, il y a celle qui oppose Bretagne-Crédit Mutuel Performance et le trio Made in Midi, Interface Concept et Gedimat. Depuis deux jours, ces quatre bateaux se partagent la vedette en tête du classement.
Côté sud, la flotte étant étalée sur plus de 100 milles, tout le monde ne navigue pas avec le même vent. Cet après midi, les bateaux les plus à l’est – La Cornouaille, Safran-Guy Cotten, Skipper Macif et surtout 30 Corsaires – bénéficiaient d’un alizé plus établi. Alexia Barrier et Laurent Pellecuer étaient les plus rapides, dépassant les 9 nœuds de moyenne.
Toilette, cacahuètes et Schweppes aux agrumes
Les petits airs ont du bon. Hier, dans la pétole, les équipages se sont consolés en prenant soin d’eux. Et de leur bateau. Réparation de spi et grosse vaisselle (Made in Midi), nettoyage des winches à l’huile d’olive (Scutum). Séance de rasage, toilette intégrale, nouvelles tenues propres et sèches. Certains se sont octroyés une brève baignade, d’autres comme Eric Peron et Nico Lunven, un petit apéro sans alcool en terrasse (cacahuètes et Schweppes). Les photos et les petits mots du bord affluent : méduses, tortues, couchers de soleils flamboyants… Cet après-midi, Ronan Treussart et Simon Troël nous gratifiaient d’un spi gonflé comme une baudruche. Signe que les alizés sont là.

LES MOTS DES MARINS

Message d’Entreprendre en Cornouaille, reçu cet après-midi :

Bonjour à tous vous qui êtes a terre et suivez les aventures de ces trente valeureux marins!
Nous sommes à bord d’Entreprendre en Cornouaille et nous pouvons dire aujourd’hui que l’anticyclone nous a enfin lâchés et que nous allons pouvoir voguer librement vers St-Barth. Sans nul doute que d’autres péripéties viendront pimenter notre quotidien vélique. Mais aujourd’hui nous soufflons un peu à l’image de cet alizé de nord est.
Je pourrais vous relater notre rencontre « amicale » avec un cétacé nous escortant sur la grande bleue pendant quelques milles ou bien encore vous annoncer le départ en mission imminent d’escadrilles de poissons volants. Malheureusement le temps m’est compté, la pression de la compétition reprend le dessus et il faut que je m’y remette.
A bientôt pour de nouvelles aventures.

LE TROPHEE DE LA PERFORMANCE

Remporté par Bretagne- Crédit Mutuel Performance. Corentin Horeau et Michel Desjoyeaux ont été les plus rapides ces dernières 24 heures en parcourant 128,8 milles entre le 15 et le 16 avril 12h00

LE CHIFFRE DU JOUR

530 milles (980 km), c’est la distance latérale qui sépare Bretagne-Crédit Mutuel Performance (au nord-ouest) de 30 Corsaires (au sud-est), soit l’équivalent de la distance entre Marseille et Nantes.

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