Un No-Wind’s Land

© Thomas Coville/ on board Sodebo

Les chiffres de la nuit parlent d’eux-mêmes ! Six nœuds de moyenne sur les dernières 24 heures, moins de 5 nœuds depuis 3h du matin, Thomas Coville est bel et bien au cœur d’un anticyclone de Sainte-Hélène qui lui barre la route. A l’image de sa trace sinusoïdale ce matin, le skipper du maxi-trimaran Sodebo n’a d’autres choix que de subir les aléas d’un vent erratique à 600 milles dans l’Est de Rio de Janeiro. Sans surprise, le retard sur Francis Joyon augmente au fil des heures et les nerfs du marin sont mis à rude épreuve. Patience…

Tout et tous dessus !

Avec ses 560m2 de voiles (GV haute et génois), le trimaran Sodebo a sorti toute sa garde robe et Thomas tente d’exploiter à chaque instant, le meilleur angle de progression par rapport au vent. Loffer*, abattre*, loffer, abattre… et scruter l’horizon dans l’attente du moindre petit signe annonciateur de vent, ainsi va la vie du skipper sur le grand lac de l’Atlantique Sud.

Si ses routeurs essayent de lui trouver une échappatoire, quand tout se joue à un petit nœud de plus ou de moins, la réalité du terrain est bien plus parlante que celle des fichiers. En ce jour de « Saint-Thomas», lui seul possède les cartes en main.

Gigantesque panne de vent.

Le clapotis des étraves sur l’eau, le « floc-floc » des voiles qui claquent dans un silence pesant, des températures écrasantes, c’est le cauchemar du marin en course perpétuelle contre le temps. Si Thomas garde le moral et nous fait même partager quelques jolis moments comme ce somptueux coucher de soleil reçu cette nuit, ce scénario est clairement celui qu’il redoutait le plus. « Depuis lundi midi, quand nous avons pris ensemble cette décision de traverser Sainte-Hélène plutôt que de tenter de le contourner en allongeant considérablement la route, nous nous préparions à des heures difficiles. Il n’y a pas de regret à avoir, la situation plus à l’Ouest de l’anticyclone est tout aussi incertaine et instable ce matin. Il est vrai que nous n’avons jamais eu à faire face à de telles conditions sur les derniers tours du monde de Thomas. Aujourd’hui, il faut juste espérer que cela se dégage au plus vite et qu’il puisse retrouver des vitesses plus confortables, » explique Thierry Briend.

Redoutable Atlantique !

S’attaquer au record du tour du monde en solitaire, c’est s’attaquer à une montagne ! Et si Thomas Coville connaît bien l’exercice, force est de constater que sur les 21 600 milles (40 000 km) du parcours autour de la planète, l’Atlantique est le morceau le plus difficile à dompter ! Du Nord au Sud, il présente tous les types de systèmes météo et donc de nombreuses zones de transition dont il faut s’affranchir non sans mal. En 2011, tandis qu’il était en avance de 300 milles sur Francis Joyon lors de sa remontée vers Brest, le skipper de Sodebo avait subi les affres de l’anticyclone des Açores cette fois-ci- sur presque 1500 milles ! L’Atlantique, dont Thomas est probablement l’un des élèves les plus assidus, se montre décidemment peu commode.

A son 11ème jour de course, avec 5120 milles dans son sillage, Thomas n’a parcouru qu’un quart de la distance théorique de son tour du monde. L’aventure ne fait que commencer ! On peut compter sur la détermination et le talent du sportif pour tenter de se sortir au mieux de cette impasse et attraper au plus vite l’autoroute du Grand Sud.

Pointage le 28 janvier à 13h30 (Heure française) :

  • Distance parcourue sur la route en 24 heures : 114, 9 milles
  • Vitesse moyenne sur la route en 24 heures : 5,5 noeuds
  • Delta avec le détenteur : 484 milles de retard

Tableau de marche depuis le départ : pointage tous les jours à 6h45 UTC

  • Jour : Milles parcourus en 24h, vitesse moyenne, avance/retard avec le détenteur
  • Jour 1 : 296 milles/24h, 13 nds, – 134 milles
  • Jour 2 : 511 milles/24h, 21,4 nds, – 26 milles
  • Jour 3 : 454 milles/24h, 19,5 nds, – 77 milles
  • Jour 4 : 429 milles/24h, 21 nds, – 151 milles
  • Jour 5 : 521,6 milles/24h, 24,9 nds, -147,46 milles
  • Jour 6 : 565,7 milles/24h, 24,8 nds, – 71,32 milles
  • Jour 7 : 272,6 milles /24h, 12,4 nds, – 112,75 milles
  • Jour 8 : 228,1 milles/24h, 12,2 nds, -267,15 milles
  • Jour 9 : 370,2 milles/24h, 16,2 nds, – 254,45 milles
  • Jour 10 : 336,4 milles/24h, 24 nds, -243 milles
  • Jour 11 : 180 milles/24h, 8,3 nds, – 376 milles

*Loffer : Se rapprocher du vent
*Abattre : S’écarter du vent

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