Coup de poker à travers Sainte-Hélène

© Vincent Curutchet

Avant l’équateur, le skipper de Sodebo voyait déjà que l’anticyclone de Sainte-Hélène couvrait tout le Sud de l’Atlantique Sud. Après avoir épluché, comparé et approfondi les multiples informations à leur disposition, les routeurs ont proposé à Thomas d’attaquer le problème de face plutôt que d’essayer de le contourner.

Le marin va rester sur la route directe et couper la zone de vent faible en gardant une trajectoire au Sud-Est la plus rapprochante possible des vents portants du Grand Sud qu’ils pourraient toucher autour du 30 janvier. Thomas fait ici le pari de couper au plus court même si, dès ce soir, le vent aura surement déjà chuté autour des 5 nœuds… Le garçon qui a pleinement conscience de ce qui l’attend, assume ce choix qui ne va pas l’économiser, bien au contraire.

Monotonie, connaît pas !

Les journées se suivent et ne se ressemblent pas. Sodebo a parcouru 560 milles à plus de 23 nœuds de moyenne entre dimanche et ce matin. « Nous mangeons notre le pain blanc, » confiait le skipper dans sa vidéo envoyée hier soir. Il s’apprêtait à découper son dernier fruit frais, un ananas qu’il s’était gardé pour cette descente le long du Brésil. Pendant ce temps, il faisait une pointe à 34 nœuds : « ça va vraiment fort, 31 nœuds de vent moyen, ça dépote, travers au vent et à la mer. La bateau cabre sur le foil et se met à voler simplement, hyper équilibré, c’est le fruit de beaucoup de travail et une belle satisfaction technique. Ce soir, c’est sympa, hier ça l’était moins. Et devant, Sainte-Hélène s’annonce désagréable avec nous. Il faut prendre les journées comme elles viennent. »

Y aller franco

« Depuis la fin des alizés de l’Hémisphère Nord, on se gratte la tête pour trouver un passage, » explique le routeur Jean-Luc Nélias. « Nous avons maintenu une trajectoire entre les grains qui nous a laissé le plus de choix possibles jusqu’au dernier moment. Et le dernier moment, c’était ce matin où nous avons choisi de tenter le routage le moins utopique dans cet océan d’incertitude. »

Sodebo est entré dans l’anticyclone aujourd’hui, autour de 15 heures, avec un speedo qui est repassé sous les 12 nœuds. C’est parti pour trois jours au ralenti dans cette zone de petit temps où il va falloir exploiter la moindre risée, régler sans cesse les voiles afin de se glisser entre les centres anticycloniques qui se forment sur la route. L’objectif étant d’aller attraper, dans environ 72 heures, une petite dépression qui ouvrirait la porte des Quarantièmes.

Tenter sa chance

Cette décision d’aller provoquer la réussite dans une région très incertaine colle bien à l’état d’esprit du marin. Se résigner et rallonger la route avec la seule certitude de faire plus de milles aurait entamé à coup sûr le moral de celui qui joue contre le temps. Il le sait, il l’a déjà fait trois fois, en 2007, 2008 et 2011. Là, Thomas va continuer de progresser sur la route, même à faible vitesse. Le skipper de Sodebo met cartes sur table. Espérons qu’il ait la main heureuse. Réponse dans trois jours…

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