Sur la route toute la « Sainte » journée…

© Vincent Curutchet

A regarder la position de Sodebo sur le globe, lui qui file le long du Brésil avec une mer chaude et des alizés modérés, on pourrait se dire que le solitaire s’offre un délicieux dimanche. Néanmoins, même si les conditions de navigation reste paradisiaques comparées aux tempêtes des Quarantièmes, le scénario qui se profile dans l’Atlantique Sud a de quoi tendre un peu.

Le maxi-trimaran croise à la hauteur du port de Salvador De Bahia, dans le Nordeste brésilien. Avec un retard de 245 milles sur Francis Joyon à la mi-journée, le skipper de Sodebo continue de mettre du charbon malgré l’instabilité ambiante. Avec une vitesse moyenne de 12 à 30 nœuds depuis hier, Thomas gère au mieux cette descente au Sud dans un vent extrêmement variable. « Passer du Solent à la Trinquette (voiles d’avant), régler le chariot de GV (grand voile) toutes les cinq minutes, essayer d’avoir toujours les meilleurs réglages en fonction du vent, Thomas se demandait bien quand est-ce qu’il pourrait fermer l’œil, » explique le routeur Thierry Briend. « L’anticyclone se positionne tellement bas que l’alizé est très peu compressé et reste vraiment perturbé. Pas facile d’aller a des vitesses régulières dans ces conditions mais Thomas a bien bossé et gagne sur la route même si, devant, la situation s’avère toujours aussi complexe avec Sainte-Hélène. »

Liberté de choix
Dès demain, le détenteur va commencer à faire cap au Sud-Est. En effet, Francis Joyon avait pu ‘couper le fromage’ au milieu de cette immense zone de haute pression ce qui lui avait permis de raccourcir nettement sa route vers Bonne Espérance. Actuellement Sodebo navigue à peine à 50 milles plus à l’Ouest que Idec au même moment. Avec ses routeurs, Thomas a en effet gardé une option médiane pour se laisser le choix de traverser si une porte s’ouvrait dans Sainte-Hélène.

« Jusqu’ici, nous avons conservé le choix entre plusieurs scénario même si aucun n’est très réjouissant. Aujourd’hui, les observations annoncent moins de 5 nœuds de vent dans une grande partie de l’anticyclone qui s’étale sur la moitié de l’Atlantique Sud. Et on ne voit toujours pas de dépression se former vers Rio, ce qui nous donnerait alors un peu d’air pour traverser, » poursuit Thierry depuis le QG breton du team Sodebo avant d’affirmer. « On sait qu’on ne coupera pas le fromage comme Francis, maintenant, il va falloir limiter la perte de temps pour Thomas. »

Hélène, rempart du Grand Sud
Jean-Luc Nélias et son équipe passent en revue plusieurs fois par jour les options possibles afin d’éviter à Thomas de faire le grand tour de la paroisse par l’Ouest en longeant les côtes brésiliennes.

Sur cette analyse de Météo France, fidèle partenaire des records de Thomas Coville, on voit un grand cercle noir devant les étraves de Sodebo. Avec 1015 hectopascals tout autour, et très peu de gradient, cette immense cellule anticyclonique se montre tellement peu active qu’elle créée un véritable désert sans vent. (Cf Image Météo France)

Comment faire le mur quand il est si haut ? Garder son calme pour attaquer un parcours du combattant au ralenti. « Le vent va commencer à faiblir demain lundi et surtout mardi, » poursuit Thierry. « Nous allons entamer une partie difficile où Francis va gagner à une vitesse de 20 nœuds sur la route, alors que nous allons nous en écarter à 10. Le delta va logiquement se creuser. Il va falloir rester calme et s’appliquer à exploiter tout ce qui va se présenter pour mettre très vite cette zone dans le tableau arrière de Sodebo. »

Routes divergentes avec Lionel ?
Il n’y a pas qu’avec Francis Joyon que la route de Thomas pourrait différer. Autre chasseur de chrono, Lionel Lemonchois partage les angoisses du skipper de Sodebo, même si les choses ne sont pas identiques pour les deux hommes.

En effet, à bord de son Maxi80 Prince de Bretagne, le Normand court après le record Port-Louis (France)-Port-Louis (Ile Maurice). Il cherche donc à enrouler au plus court la pointe de l’Afrique pour remonter dans l’Océan Indien. Sa trajectoire dans l’Atlantique Sud en est forcément influencée. Il navigue d’ailleurs plus à l’Est que Thomas depuis l’équateur. Autre paramètre, alors que Sodebo est un bateau de tour du monde conçu pour surfer les déferlantes du Grand Sud, Prince de Bretagne est plus court, plus léger et d’autant plus à l’aise dans les petits airs. Attaquer Sainte-Hélène de face, ou presque, pourrait donc paraître un peu plus ‘séduisant’.

Position le 26/01 (Jour 10) à 12h30 (HF)

  • Distance parcourue depuis le départ : 4 394 milles
  • Vitesse sur les 15’ dernières minutes : 30 nœuds
  • Vitesse moyenne sur 24 heures sur la route : 17,6 nœuds
  • Distance parcourue en 24 heures sur la route : 388 milles
  • Écart avec le détenteur : 245 milles de retard

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