Arrivées et nouveaux départs

© Jean-Marie Liot

Les arrivées des deux premiers Multi 50 furent belles à Itajaí. Vainqueurs de la Transat Jacques Vabre dans leur catégorie, Erwan Le Roux et Yann Eliès (FenêtréA Cardinal) ont franchi la ligne à 06h 40min 15s (heure française) ce matin. Environ cinq heures plus tard, Yves Le Blevec et Kito de Pavant (Actual) en finissaient à leur tour. Joie, soulagement et esprit sportif sur les pontons. Ce soir, 33 duos sont encore en course dans la transatlantique en double. Les IMOCA, non loin du cap Frio, se préparent à un final incertain avec la négociation d’un front orageux. Quant aux Class40, ils s’extirpent un à un du Pot au Noir : bientôt l’équateur !

« Pour faire un beau vainqueur, il faut un excellent deuxième ». Tout juste arrivé sur les pontons d’Itajaí, Yann Eliès trouve la formule juste pour qualifier le duel atlantique qui s’est joué entre FenêtréA Cardinal et Actual. Une course rapide, puisque le leader a mis 14j 17h 40min 15s pour boucler ce parcours de 5 450 milles au départ du Havre. L’issue a été incertaine jusqu’au bout. Car malgré leur escale technique à Madère, Yves Le Blevec et Kito de Pavant (Actual) ont réussi à recoller et même à passer en tête dans le Pot au Noir. Jusqu’au bout, ils se sont battus, tentant un ultime coup tactique avec une option Nord à l’approche d’Itajaí. Cela n’a pas payé, mais Actual a effectivement fait un excellent rival. Erwan Le Roux et Yann Eliès (FenêtréA Cardinal) ont quant à eux été constants et costauds dans cette course transatlantique éprouvante. Kito de Pavant : « Il y a énormément de stress sur ces bateaux, on reste sur le qui-vive même quand il fait beau. Le stress génère de la fatigue et il faut gérer tout ça. Ça fait un moment qu’on est dans le rouge, on a fait des bêtises qu’on n’aurait pas dû faire ». Les deux duos ont aussi eu des mots forts pour Lalou Roucayrol et Mayeul Riffet, qui ont chaviré à bord d’Arkema Région Aquitaine. Derrière, la course continue. Rennes Métropole Saint Malo Agglomération est à environ 1 000 milles du but, tandis que Vers un monde sans sida est à la poursuite de deux IMOCA (Votre Nom Autour du Monde et Energa), au Sud de Recife.

IMOCA : Des options avant le front

Vincent Riou et Jean Le Cam sont ce soir les plus rapides de la flotte IMOCA, à 18,3 nœuds ! A 17h (heure française) le duo de PRB était à un peu plus de 600 milles du but. Mais ce sont Marc Guillemot et Pascal Bidégorry (Safran) qui affichent la meilleure distance sur 24 heures (292,5 milles). La lutte pour la deuxième place se poursuit avec Maître CoQ (Jérémie Beyou/Christopher Pratt). Ces deux bateaux naviguent sur une même ligne, mais avec un écart latéral d’une soixantaine de milles. Cheminées Poujoulat (Bernard Stamm/Philippe Legros), quatrième, joue une option plus au large. Qui ne tente rien… Pour les quatre duos de tête, la prochaine difficulté météorologique sera un front orageux actif qui peut présager des surprises. Prudence, donc. Derrière, c’est toujours aussi serré entre Votre Nom Autour du Monde et Energa qui se tiennent en moins d’un mille ! Et Initiatives-Cœur conserve sa huitième place, au détriment de Team Plastique.

Class40 : Bientôt l’équateur

Sébastien Rogues et Fabien Delahaye (GDF SUEZ) sont les grands gagnants du Pot au Noir. Ils ont repris une belle avance sur Mare (Jorg Riechers/Pierre Brasseur) et Tales Santander 2014 (Alex Pella/Pablo Santurde), eux aussi sortis de la zone de convergence intertropicale. A 17h, ça semblait aussi reparti pour SNCF-Geodis, Groupe Picoty Watt & Sea – Région Poitou Charentes et ERDF – Des pieds et des mains. Pour tous ces tandems, une nouvelle phase de la course débute avec l’équateur en ligne de mire. Rogues et Delahaye ne sont plus qu’à quelques dizaines de milles de l’hémisphère Sud. Ça va vite pour les leaders en Class40 ! En revanche, toujours à 17h, Vaquita, Campagne de France, Caterham Challenge et Phoenix Europe – entre autres – étaient scotchés à moins de 2 nœuds. Le Pot au Noir dans toute sa « splendeur »…

Ils ont dit

Yann Eliès, co-skipper de FenêtréA Cardinal (Multi 50) :

« Physiquement, nous sommes atteints, touchés. Sur la fin du parcours, les dernières heures, on n’a pas arrêté de trébucher sur le bateau, de se faire des petits bobos. On a eu deux jours super difficiles, notamment hier où on a enchaîné : le solent s’est ouvert en deux, le chariot de grand-voile s’est arraché, la Brooks (électronique, NDLR) qui tombe en panne, et la cerise sur le gâteau, un filet de pêche ! Pour faire un beau vainqueur, il faut un excellent deuxième. Yves et Kito ont été très bons, ils nous ont toujours mis la pression. Jusqu’à ce matin où ils ont tenté le dernier coup, même s‘ils savaient que ce n‘était pas la bonne route, ils ont tenté. Eux aussi ont mis de l’engagement sur cette course… On regardait les relevés, les classements, on épluchait tout, on a vu qu’ils étaient au taquet. »

Yves Le Blevec, skipper d’Actual (Multi 50) :

« Ces bateaux sont quand même bien éprouvants ! C’est super, on a mis moins de 15 jours pour faire le Havre- Itajaí. Ce sont de belles moyennes, mais l’inconfort est à la hauteur de la vitesse. Et puis, quelle bagarre ! Bravo à Yann et Erwan, ils ont fait une course top ! Ils vont vite… On se connaît bien, on est voisins de pontons à la Trinité-sur-Mer. Ils sont souvent plus à l’aise en vitesse. On essaye de mettre la pression, de jouer des coups, mais globalement ils sont plus rapides. Nos cirés n’étaient pas tellement étanches, on a souffert de l’humidité ! Nous sommes dans le même état qu’un mec qui a fait la Mini Transat. Tu arrives rincé, c’est très inconfortable, on vit en permanence dans l’humidité. Dès que tu vas dehors tu t’en prends plein la gueule. Le chavirage d’Arkema m’a rendu très triste. Quand je vois Lalou (Roucayrol) qui a construit son bateau, il a mis toute son énergie dedans. J’étais très ému. Ils ont été piégés bêtement. Ça me rend triste car ce projet était plein de cœur et il s’est effondré d’un coup. Et à la fois, on sait qu’en multicoque, c’est stable à l’envers, moins à l’endroit… »

Marc Guillemot, skipper de Safran (IMOCA) :

« Depuis les Canaries, nous étions en cirés mais depuis ce matin, grand soleil ! En petite tenue et nous en sommes même à nous dire, « heureusement que la grand-voile est là pour nous protéger ». Il y a du vent, c’est sympa là. Nous avons choisi d’aller à la côte, nous n’avons pas réellement de stratégie, nous suivons le vent. Nous n’avons pas la certitude de faire le meilleur choix ou pas, nous assumons pour l’instant et nous verrons, nous y travaillons.
Un front froid va bientôt nous cueillir, notre stratégie va dans ce sens en fait. Nous réfléchissons à comment l’aborder au mieux, mais ce n’est pas simple, nous n’avons pas la solution mais il faut faire des choix et nous en avons fait un ! Félicitations au deux Multi 50 arrivés à Itajaì, ils ont fait un très beau parcours. »

Louis Duc, skipper de Phoenix Europe (Class40) :

« Nous sommes dans le Pot au Noir depuis hier matin. Il y a pas mal de moments sans vent. Cela ne s’est pas trop mal passé dans l’Est au début, mais là nous sommes au ralenti. Nous avons eu quelques petites bricoles et nous avons un peu déchanté par rapport à nos options. Nous naviguons un peu à l’ancienne car notre aérien a cassé. En ce moment, la mer tape, ça n’aide pas. Mais c’est sûr que globalement on va vite sur cette transat, c’est fou ! Nous sommes en permanence à regarder les risées, les grains et les rafales qui arrivent et peuvent vite surprendre, et nous avons les yeux rivés sur les classements. Pour l’instant, ça se passe pas mal avec les 5-6 bateaux autour de nous et on tente de recoller avec le groupe de devant. Nous sommes en forme, nous parvenons à bien nous reposer chacun notre tour. Pour l’équateur, moi je l’ai déjà passé deux fois, mais je n’ai pas encore d’idée pour le bizutage de ma chère co-skipper (Stéphanie Alran) ! »

Positions du 22/11 à 17h00

CLASS40

1 – GDF SUEZ à 1993,06 milles de l’arrivée
2 – Mare à 79,73 milles du premier
3 – Tales Santander 2014 à 101,06 milles du premier

MULTI 50

1 – FenêtréA Cardinal arrivé le 22/11/13 à 6h40mn 15s HF
2 – Actual arrivé le 22/11/13 à 11h47mn 30s HF
3 – Rennes Métropole / Saint-Malo agglomération à 1033,13 de l’arrivée

IMOCA

1 – PRB à 620,3 milles de l’arrivée
2 – SAFRAN à 40,75 milles du premier
3 – Maitre CoQ à 79,94 milles du premier

MOD70

1 – Edmond de Rothschild arrivé le 18/11/13 à 18h03mn 54s HF
2 – Oman Air-Musandam arrivé le 18/11/13 à 23h 04mn 09s HF

Source

Soazig Guého

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