Jour 5 – Spindrift 2 sous les 1000

© Chris Schmid

En son 5ème jour de course, le maxi trimaran Spindrift 2 de Dona Bertarelli et Yann Guichard entame ce matin les derniers 1 000 milles d’un parcours qui au départ de Cadix en comptait théoriquement, et sur une route directe, 3 884. Les longs bords alizéens ont déjà permis au Maxi Tri de cumuler 3 350 milles au compteur, à la stupéfiante vitesse de 29,9 noeuds de moyenne, soit 25,7 noeuds sur la route directe théorique! Autant dire que ces deux premiers tiers de course, dans un scénario quasi idéal de vents d’est nord est bien soutenus, ont permis au plus grand trimarans du monde et à ses 14 hommes et femme d’équipage de s’exprimer au mieux de leur fantastique potentiel.

Mais Dona et ses 13 découvreurs ont dévoré une bonne partie de leur pain blanc, et c’est une phase hautement stratégique qui s’ouvre aujourd’hui, dans un vent allant faiblissant. Finies pour l’heure les longues glissades en limite des 40 nœuds au speedomètre. L’heure est au placement, à la trajectoire efficace, au toucher de barre, dans un vent de plus en plus mou à l’approche de ce fameux col barométrique évoqué par les spécialistes, une zone de transition entre deux systèmes ventés, qu’il va falloir traverser pour atteindre des flux puissants en activité le long du continent nord américain. Yann Guichard, Dona Bertarelli et Erwan Israel, qui constituent la cellule du bord chargée de la navigation, en concertation avec Richard Silvani de Météo France à terre, ont longuement cogité leur affaire durant toute la journée d’hier. La décision d’emprunter une route au plus près de l’ortho, la plus directe vers la marque s’est imposée d’elle même. « Faire de l’ouest le plus rapidement possible », tel est le mot d’ordre de Yann pour les 20 heures à venir. « Une zone de « molle » de près de 400 milles de long nous sépare du prochain système venté. Il n’ya plus à se poser de question. Il faut avancer le plus vite possible au plus près de l’ortho. »

La vie à bord de Spindrift 2 a ainsi singulièrement changé en quelques heures. Aux milles facilement gagnés quand le grand oiseau noir, blanc et or volait à plus de 30 noeuds en équilibre sur la crête des vagues, succède une progression plus laborieuse, où l’inertie des 25 tonnes du géant lutte dans moins d’une dizaine de noeuds de vent, quand les orages ne viennent pas, comme ce fut le cas cette nuit, compliquer davantage encore la vie de l’équipage avec ces brusques changements de force et de direction du vent sous les grains. « Il faut cravacher, profiter de la moindre risée pour gagner dans l’ouest » martèle Guichard. « La mer s’est bien aplanie, et nous sommes exactement sur la route. L’attention aux réglages est maximum, et si nous n’avons rien changé à notre rythme de vie et de quart, on sent bien que chacun veille au grain, au détail qui facilite le jeu de plus en plus fin des barreurs. »

Point d’inquiétude majeure dans l’ambiance amicale et professionnelle du bord. Mais chacun est désormais bien conscient que les 300 et quelques milles d’avance ne seront pas de trop au moment du décompte. Un moment que Guichard se refuse pour l’heure à préciser. « Nous avons encore deux bonnes journées devant nous. Difficile d’être plus précis à cet instant. » C’est donc une journée cruciale qui s’avance. Spindrift 2, plus grand trimaran de course au monde, est confronté aux conditions les moins adaptées à sa carrure de dévoreur d’océans. « Notre fort tirant d’air (47 mètres ndlr) nous permet d’aller chercher les flux loin en hauteur, car au ras de l’eau, il n’y a plus beaucoup d’air » précise Yann. Dans la chaleur moite de latitudes encore très chaudes en cette saison, Spindrift 2 écrit une nouvelle partition de sa belle aventure sur les traces de Christophe Colomb, plus tendue celle là, plus nerveuse, certainement plus exigeante mentalement. « A fond, jusqu’à la ligne » ponctue Yann Guichard.

Mot de la nuit :

Bonsoir,
27°52.25N, 54°45.30W, quelque part au milieu de l’Atlantique, le Maxi Spindrift2 file dans sa cinquième nuit noire. En effet depuis le début de cette tentative de record sur la route de la Découverte, les nuits sont totalement noires, sans aucune lune pour éclairer ce vaste terrain de jeu. Alors les marins de Spindrift2 scrutent le ciel et le radar pour déceler les grains, pendant que le barreur se fie à ses sensations d’équilibre de barre et aux gros nombres rouges qui défilent sur les compteurs pour maintenir la bonne allure. Et oui, depuis deux nuits la météo nous propose quelques pièges en nous mettant sur la route des phénomènes de grains qui, en fonction de notre positionnement par rapport à eux, tuent le vent ou le renforcent subitement. Veille et réactivité sont donc les maitres mots à bord. Bonne fin de nuit. Xavier

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