Une nuit (presque) tranquille

© Anthony Marchand

Pas de grain, pas de nuage : la nuit est plutôt tranquille pour les solitaires de la Transat Bretagne – Martinique. En apparence en tous cas, puisqu’à 500 milles de l’arrivée à Fort-de-France, il n’est plus question de ménager ses efforts, d’autant que les écarts se sont considérablement réduits ces dernières 24 heures, et que le podium est encore loin d’être joué.

Après avoir faibli à une petite quinzaine de nœuds hier soir, le vent est rentré de nouveau cette nuit. C’est donc avec un bon flux de 20-25 nœuds que les concurrents de la Transat Bretagne – Martinique progressent actuellement. « C’est super agréable. Le ciel est dégagé, le vent est stable, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps », se satisfaisait Erwan Tabarly, ce matin à la vacation de 5 heures. Résultat, les Figaro Bénéteau 2 glissent tranquillement et sans trop d’efforts entre 9 et 10 nœuds ce vendredi. « Dans ces conditions, c’est surtout le pilote automatique qui barre. Pour nous, c’est de la vielle et quelques réglages, c’est tout » résumait le skipper d’Armor Lux – Comptoir de la Mer, soulagé cependant de constater que malgré une longue sieste de trois heures, il n’a pas cédé de terrain à son dauphin, Gildas Morvan, et conserve une confortable avance de 50 milles au classement. Pour lui, pas question de relâcher la pression pour autant, même si le scénario de cette fin de course s’annonce à son avantage. « Il y a un point d’empannage à bien caler cet après-midi ou ce soir. Ce sera pareil pour tout le monde. Ensuite, on va tous se retrouver bâbord amure et s’aligner » a précisé le Fouesnantais. En clair, tous ses adversaires seront dans son axe et l’essentiel de son jeu se résumera alors en deux points : aller vite et marquer. « On sera dans la dernière ligne droite. Si je parviens à garder mon rythme actuel, je n’aurai plus qu’à gérer tout en restant vigilant sur les grains » a souligné Erwan Tabarly, conscient que son concurrent direct à bord de Cercle Vert doit désormais passer plus de temps faire en sorte de conserver sa deuxième place plutôt que de lancer une attaque.

Et pour cause, le géant de Landéda a perdu une dizaine de milles, ces dernières 24 heures, sur Fabien Delahaye après un décalage mal inspiré au sud. « Gildas n’est plus qu’à 10 milles devant moi. C’est limite si je vois sa lumière de mât. Je suis content » lâchait le skipper Macif 2012, tôt ce matin. Reste qu’il n’est pas le seul à avoir effectué une belle opération au classement depuis hier. Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) est, lui aussi, revenu comme une fusée grâce à un décalage intéressant au nord et à une très bonne vitesse au portant. C’est d’ailleurs lui qui peut se vanter du plus gros gain entre hier 5 heures et aujourd’hui à la même heure. Il a, en effet, gagné 13 milles sur le leader et pointe désormais à moins de 30 milles du troisième. « Je le surveille » a avoué Fabien. Ce dernier le sait, rien n’est joué d’autant que le vent est plus consistant au nord actuellement. Il s’attend donc à voir le Lorientais lui grappiller encore quelques milles dans la journée, avant le fameux dernier « gros » empannage programmé d’ici une dizaine d’heures qui permettra ensuite à la flotte d’attaquer un dernier long bord bâbord vers la Martinique. Un bord qui n’aura cependant rien d’un tout droit et lors duquel les petits coups feront la différence. « Des petites oscillations en intensité et en direction peuvent être intéressantes si on les exploite bien. Ce sera du gagne petit mais il faudra être performant ». C’est Fabien Delahaye qui le dit.

Ils ont dit :

Erwan Tabarly (Armor Lux-Comptoir de la Mer) :

On a passé une nuit super agréable, pas de grains, un ciel bien clair. Le vent est à peu près stable, le bateau avance. C’est une nuit comme on n’en a pas passé depuis longtemps. C’est super, ça glisse tout seul. Il y a un peu de clapot résiduel qui gêne un peu la progression du bateau. Il y a eu un empannage avant la tombée de la nuit mais depuis, il n’y a pas eu de manœuvre, c’est vraiment calme. Plusieurs fois je me suis endormi. Je suis resté endormi 3 heures de rang, probablement avec la fatigue accumulée. J’ai bien récupéré. J’ai eu un peu peur mais comme ça avance tout seul et qu’il n’y avait pas de grain, on ne fait que de la veille. Les grains, il peut y en avoir encore, on verra bien. On a encore un empannage dans l’après-midi ou la soirée d’aujourd’hui. Pour tout le monde c’est à peu près pareil et après on va s’aligner sur une même trajectoire pour aller jusqu’à la Martinique. L’idée est d’avoir un petit matelas de milles assez conséquent pour la dernière ligne droite. Ce soir quand tout le monde se sera remis en bâbord, ce sera la dernière ligne droite. Si je continue à ce rythme, il ne restera qu’à gérer les grains et faire avancer. Par rapport aux deux jours précédents, ça limitera les possibilités pour attaquer derrière. Là c’est du marquage de toutes façons, je n’ai pas trop le choix parce qu’on a des bascules assez franches. Tout le monde suit les rotations du vent. Gildas a décidé, il y a deux jours, de partir dans le sud, je l’ai accompagné un peu en marquant. Ca nous a fait perdre quelques milles sur Fabien et du coup lui va être bien occupé à garder sa deuxième place. Ce que je sais c’est qu’il faut aller vite.

Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) :

Il n’y a pas beaucoup de milles entre Gildas (Morvan) et moi, je suis limite de voir son feu de mât. C’est plutôt la bonne nouvelle de ces dernières heures, c’est que je reviens pas mal. C’est bien revenu derrière aussi, avec Anthony (Marchand) qui fait une belle remontée. Je surveille derrière et je suis à l’attaque de Gildas. La nuit dernière a commencé par la formation de gros grains en soirée et à la tombée de la nuit. Puis ça a chassé les nuages et depuis c’est un beau ciel étoilé. Il y a quelques petits grains qui passent et augmentent le vent mais globalement c’est stable. Ca permet de se reposer. Il nous reste une dizaine d’heures avant de caler le dernier empannage certainement avant la Martinique. La stratégie globalement va s’affiner. On est tous en train d’aller chercher du Nord Ouest pour aller chercher un renforcement du vent qui rentre par derrière. Des nuits comme ça, avec la stabilité du vent, tu es moins performant à la barre. L’important c’est de rester sur le rythme et de rester frais, de se reposer la nuit et d’attaquer la journée. Il faut barrer la journée pour aller le plus vite possible. Il va y avoir forcément de la surveillance et du coup, pour le dernier classement de la journée, on sera limite d’avoir empanné. Ce que je regarde quand j’ouvre le classement, c’est la vitesse moyenne et le positionnement sur le plan d’eau. J’ai pas mal manœuvré hier avant de me caler et je ne savais pas comment j’étais positionné par rapport aux autres. Je me rends compte que je ne suis pas trop mal, que je suis presque côte à côte avec Gildas. Là, on est vent arrière dans les grains. Il y a des petites oscillations en intensité et en direction qui peuvent être intéressantes si on les exploite bien.

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Rivacom

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