On ne lâche rien !

Christophe Varène

Après le passage des Canaries, les concurrents de la Panerai Transat Classique 2012 espèrent enfin toucher les alizés, cap sur La Barbade. Dans cette course de vitesse, des pelotons se forment où s’engage une lutte acharnée.

Quelle bagarre ! À chaque pointage, le classement des concurrents de la Panerai Transat Classique 2012 présente une nouvelle physionomie. En lutte depuis le début de la course, il y 8 jours maintenant, The Blue Peter et White Dolphin se livrent à un chassé-croisé permanent qui, ce matin, tourne à l’avantage du doyen de la course. Mais le grand « Dauphin Blanc » ne va pas se laisser impressionner pour autant car, s’il reste devant en distance à parcourir jusqu’à l’arrivée, il compte moins d’une heure de retard en temps compensé. Les deux voiliers profitent des premiers alizés et affichent 7,5 nœuds de moyenne sur 24 heures. Dans les poursuivants, Croix des Gardes fait une très belle remontée et vient menacer les places de Persephone et de Corto, respectivement 5 heures et 1 heure devant en temps compensé. La pression monte d’autant que ce trio d’enfer lorgne sur la 3e place de Gweneven. Passé au plus près des îles Selvagem, le Swan 38 profite depuis quelques jours de sa situation sur la route directe pour s’installer sur la troisième marche du podium, mais il se trouve aujourd’hui confronté à des zones de vent plus faibles. Entre ces quatre-là, il est impossible aujourd’hui de faire le moindre pronostic.

Toucher les alizés

Et que dire de la confrontation entre Cipango, Artaius et Gimcrack. Ces trois concurrents se livrent à un combat à distance et, après un passage très tactique de l’archipel des Canaries, ils espèrent à leur tour toucher les fameux alizés qui les conduiront vers les Caraïbes, ainsi que le décrit Gérald, de Gimcrack, aux écoliers de La Barbade : « Nous sommes en bagarre avec Cipango, le voilier de Maurice, un très bon ami, Croix des Gardes, Valteam et Artaius. La nuit dernière, le vent était bon et nous avons fait une belle navigation nocturne, entre 7,5 et 8 nœuds, une très bonne vitesse pour Gimcrack. J’espère que nous marcherons à 8,5 nœuds au milieu de l’océan Atlantique. » Le grand Valteam, de son côté, tente de revenir dans la partie, mais reste tributaire de vents plus soutenus qui tardent à venir. Marie des Isles continue de fermer la marche de cette course passionnante, à suivre sur le site www.transatclassique.com.

Messages du bord

The Blue Peter

« Le soleil vient de se lever plein de promesses. Aujourd’hui, au programme : négociation de la petite molle avec bascule au nord. On espère aussi pêcher quelque chose. Ce matin, quand j’ai pris (Manu, le navigateur, ndlr) le quart avec Paola, on a eu la visite d’une bande de dauphins vraiment déchaînés : ils faisaient des bonds de 5 à 6 m. Du jamais vu ! Bref, la vie est dure, déjà les maillots de bain à 9 h du mat’. Il va falloir tenir le coup. »

Red Hackle

« On avance, mais sans excès de vitesse, l’alizé se fait attendre, pas facile de réorganiser un système déstabilisé. Côté bord, une emmerde en amène toujours une autre : après notre dessalinisateur, c’est probablement notre complément de gas-oil, fait a Las Palmas, qui nous met la zone, probablement de l’eau dans réservoir. Le groupe électrogène et le moteur ne démarrent plus. Donc, au menu du jour, restriction des dépenses énergétiques et atelier mécanique. Pas gagné, mais il faut s’y coller si on veut arriver sans faire les boy-scouts dans la forêt… Ne soyez pas étonnés si nous donnons peu de nouvelles. On évite au maximum les dépenses d’énergie tant que l’on n’aura pas réussi à remettre un moyen de charge en état de marche. […] À part cela, on marche correctement sous spi rose. On essaie de ne pas se coller dans la bulle sur notre route un peu à l’ouest. […] Il fait doux, on avance, on mange bien et on file vers La Barbade. Pas de soucis chez les « Reds », on est heureux. »

White Dolphin

« Aujourd’hui, nous allons parler poissons… Avant le départ, on nous a appâté avec la présence de bancs de baleines autour des Canaries. Nous avons été attentifs, délaissant parfois nos réglages de voiles quand nous pensions apercevoir au loin une masse sombre ou son geyser… Que nenni. Rien. Que dalle. Nada. Pas une baleine à l’horizon. Fred pense, je cite, « qu’elles sont toutes mortes, les baleines ! »… Et que dire de l’absence totale de poissons volants ? Qui sera le premier à s’en prendre un en pleine figure, sans avoir rien demandé, alors qu’il sera cramponné à la barre, attentif à l’angle du vent apparent (ou peut-être encore à chercher désespérément des baleines…) ? […] Sinon, à bord, nous jouons au « C’est-t-y où qu’on va ? », petit jeu rigolo sur tablette qui consiste à dézoomer en grand afin de voir quel pays nous atteindrons si nous conservons tel ou tel cap.Cela va du Nigeria à Terre-Neuve en passant par Bonne-Espérance, la Terre de Feu ou parfois… La Barbade. Pascal en est friand. Nico a un autre dada : venir déconcentrer ses petits collègues de quart en leur lisant des extraits du « Petit Livre des Contrepèteries ». Fous rires assurés et, pour le barreur, virages garantis. »

Croix des Gardes

« Nous avons bien soigné la tactique pour traverser l’archipel des Canaries et gagné ainsi quelques places. Nous avons poussé à fond le spinnaker pour aller vite, en espérant battre nos collègues partis au sud des îles. Au crépuscule, le bateau se battait sous la pression et James n’aimait pas ça du tout. Aucun de nous ne voulait affaler et perdre de la vitesse, mais la raison a prévalu. Nous n’avons qu’un spi et si nous l’explosons, nous risquons de nous retrouver plus tard dans des petits airs avec seulement un génois. […] Nous avons aussi eu un problème sur la pompe de cale. James s’est rendu compte qu’elle aurait pu mettre le feu au bateau. Tout est rentré dans l’ordre. […] Peu de nouvelles sur la vie sauvage. Dave a juste repéré un aileron noir au large de Fuerteventura et nous avons traversé un petit groupe de requins pèlerins, l’une des plus grandes créatures vivant dans la mer. »

Source

Rivacom

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