Les beaux jours sont devant eux … pour quelques jours encore !

Christophe Launay / www.sealaunay.com

Petit air de paradis pour la majorité de la flotte, purgatoire pour ceux qui sont encore dans le pot au noir, la flotte du Vendée Globe est divisée maintenant en trois groupes distincts. En tête, six furieux se disputent à coups d’encablures, suivis par un trio de vieux routiers à qui il n’en faut pas conter. A l’arrière, c’est le regroupement général dans le pot au noir.

Au large des côtes du Brésil, la flotte semble prise d’une certaine indolence. La mer n’est pas encore formée, l’alizé est bienveillant et les solitaires en profitent pour se refaire une santé après onze jours de course qui ont sollicité les organismes. La descente musclée de l’Atlantique Nord a laissé des traces et chacun veille à réparer les petits bobos matériels, à emmagasiner du sommeil, voire à ouvrir les premières pages des quelques bouquins embarqués.

Pour vivre heureux, vivons penchés

Au près légèrement débridé, les monocoques avancent plein sud et s’apprêtent à longer la face occidentale de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Tous vivent dans un monde incliné à plus de 30° où la moindre brosse à dents a pris place dans les sacs de « matossage », opération qui consiste à porter sur le côté au vent, tout ce qui est déplaçable à bord, pour tenter de rééquilibrer le bateau et lui donner un surcroit de puissance. Les solitaires vivent dans un monde divisé en deux dans le sens de la longueur où d’un côté c’est un joyeux capharnaüm et de l’autre un espace vide où le moindre corpuscule est traqué. En leader intraitable, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) continue de creuser l’écart avec ses poursuivants au sein desquels Alex Thomson (Hugo Boss) perd un peu de terrain. Ces types de conditions sont particulièrement favorables aux voiliers de dernière génération et le navigateur britannique paie là, le poids des ans de sa machine. Bonne nouvelle néanmoins pour Alex, la réparation réussie de son hydrogénérateur.

Pénalités et coups de freins

Si devant, la chasse au banquier continue, le deuxième groupe a dû composer avec la pénalité infligée par le jury. Jean Le Cam (SynerCiel), Mike Golding (Gamesa) et Dominique Wavre (Mirabaud) se sont acquittés de cette tâche non sans quelques grognements. Difficile, quand on part en quête d’espaces de liberté, de se voir rappeler à l’ordre pour une infraction règlementaire…

De ces considérations, les quatre concurrents encore aux prises avec le pot au noir, n’en ont cure. Si Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered), Tanguy de Lamotte (Initiatives-Cœur) et dans une moindre mesure Arnaud Boissières (Akena Vérandas) semblent s’extirper de ses griffes, ce n’est pas encore le cas de Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) qui voit là une part de sa très belle remontée se noyer sous les nuages de grains. Plus à l’arrière encore, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) irradie les ondes de son bonheur d’être en mer. Parti pour vivre une belle aventure, le navigateur italien est entré de plain-pied dans son histoire. Ce faisant, il incarne parfaitement la grande tradition du Vendée Globe qui fait se côtoyer bouffeurs de milles et dévoreurs d’aventure.

Classement au 22/11 – 16h00

  1. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) à 20823,8 milles de l’arrivée
  2. François Gabart (MACIF) à 53,8 milles du leader
  3. Vincent Riou (PRB) à 62,6 milles du leader
  4. Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) à 66,6 milles du leader
  5. Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) à 73,2 milles du leader

Ils ont dit

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire)

On descend dans l’alizée du sud-est, tranquillement. Toujours en bâbord amure. C’est quand même assez cool depuis quelques jours et il nous faudra encore quelques jours pour contourner l’anticyclone de Sainte Hélène.
Entre l’entretien du bateau et la météo, j’ai attaqué un premier roman policier. Je lis quelques pages et ça me permet de m’endormir. Je lis aussi pendant les repas ou l’après-midi quand je décroche un peu du rangement. A bord, j’ai un document de mon équipe pour contrôler l’entretien du bateau. J’ai de quoi faire, j’ai ma liste pour tout vérifier. Il fait plus frais à bord, les journées sont un peu moins physiques. J’économise un peu d’énergie pour la suite car dans une dizaine de jours on va attaquer la montagne, les premiers cols.

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Vérandas)

Ça va, tranquillement. Le pot au noir n’a pas été sympa avec moi, la vache, j’ai halluciné ! J’ai l’impression que ça repart tout doucement… mais vraiment doucement. Il fait beau, on va essayer d’avancer un peu plus vite. Rien à voir avec il y a quatre ans, les grains ont duré plus longtemps et on a du mal à redécoller.

Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac-Paprec 3)

Les côtes brésiliennes s’approchent, c’est signe de chaleur, de musique et de fête ! C’est une mer assez calme au début mais j’adore cette mer. Je suis en position un peu d’attaque, on va voir comment ça se passe, mais tactiquement (il imite Didier Deschamps) ça me va. C’était ma première bonne nuit avec pas mal de temps de sommeil, une nuit assez calme avec pas trop de réglages.

Jérémie Beyou (FRA, Maître CoQ)

Je suis toujours au Cap Vert, on devrait partir cet après-midi, direction la France. On a effectué certaines opérations pour savoir ce qui s’était passé. Une pièce comme ça, qui a une charge de rupture à plus de 150 tonnes, qui casse, c’est qu’on a du taper quelque chose. On a vu un bel impact sur le bulbe de quille donc ça doit être ça. Sur l’avenir, je n’ai pas changé mon discours. Il faut qu’on soit capable de finir les courses et le monotype peut être une réponse, avec des cahiers des charges et des jauges contraignantes. Il y a moyen d’énormément progresser je pense.

Bertrand De Broc (FRA, Votre Nom Autour du Monde)

Je suis content de remonter sur Boissières, mais lui va peut être sortir plus tôt de cette zone de calmes qui a tendance à s’étendre plutôt qu’a rétrécir. Il faut être patient à la sortie du pot au noir. Là, je prends le temps de bricoler sur le bateau et j’essaye de le faire marcher car la vitesse n’est pas terrible. On s’occupe sainement ! J’espère revenir au moins sur les trois ou quatre bateaux devant. Mais ce sont quand même de grands marins, ça va être dur.

Source

Liliane Fretté Communication

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