Bonus offensif pour Spindrift racing

© Mark Lloyd / MOD S.A.

La 5e étape du MOD70 European Tour a été lancée dans une quasi pétole marseillaise. En duel pour la victoire finale, FONCIA et Spindrift racing ont ouvert les hostilités dès les premières minutes de course. Yann Guichard rafle les trois points bonus juste devant Michel Desjoyeaux qui en prend deux à son tour. Le ton est donné. C’est parti pour 48 heures de régate au contact, dont le dénouement se jouera mardi à Gênes.

Cet après midi en rade sud, les trois coups ont retenti. Les cinq protagonistes du MOD70 European Tour ont donné, en chuchotant, les premières répliques de ce dernier acte à grand suspense Pluie continue, plafond gris et vent aux abonnés absents constituaient le décor de la scène marseillaise. A 15h53, sous grand gennaker, les trimarans monotypes ont coupé la ligne sur la pointe des pieds. Comme à son habitude, Michel Desjoyeaux prenait le départ sous le vent de ses adversaires et dans une maigre risée, il se glissait en tête à la bouée de reaching, quelques mètres devant son éternel rival Spindrift racing. Dans le petit bord de près menant au château d’If, Yann Guichard et ses hommes reprenaient l’avantage et contournaient les îles du Frioul devant le reste de la flotte, jusqu’à empocher trois points bonus à la « scoring gate » mouillée devant le Roucas Blanc. 2 minutes et 7 secondes plus tard, c’était au tour de Michel Desjoyeaux et des siens de remporter 2 points. Au moment de faire cap au sud-ouest en direction de Minorque, la prochaine marque à contourner, le team FONCIA a toujours l’avantage au classement. Leur destin est entre leur main et il leur suffit de terminer dans le tableau arrière du trimaran noir pour l’emporter. De leur côté, les hommes de Spindrift racing doivent absolument intercaler deux bateaux entre eux et le MOD03 pour réaliser leur rêve de victoire.

Le corps à corps entre les deux équipages ne fait que commencer et présage un long et épuisant duel pendant toute la durée de cette étape.

Derrière eux, c’est un combat pour la troisième marche du podium que vont se livrent Musandam-Oman Sail, Groupe Edmond de Rothschild et Race for Water.

Une opération commando de 48 heures

3700 milles ont déjà été parcourus dans cet European Tour. Il n’en reste plus que 651. Soit 48 heures de course pour grimper les échelons ou défendre sa position au classement. Dans ce contexte, les équipages vont tout donner. Ils devront pour cela « composer avec l’imprévisible », comme le disait ce matin Jean-François Cuzon, le navigateur de Musandam-Oman Sail. La première difficulté de la journée étant passée (le parcours côtier marseillais), l’étape suivante consistera à attraper la Tramontane qui souffle actuellement au large du golfe du Lion et qui propulsera dès ce soir la flotte au portant. Le premier à en bénéficier pourrait marquer un net avantage. Deuxième écueil, le passage cette nuit sous le vent de Minorque (Baléares), avec le risque de possibles dévents sous les reliefs. La remontée vers le nord-est en direction de la Giraglia s’effectuera elle aussi au portant, dans un vent de secteur ouest qui ne cessera d’adonner et de forcir à l’approche du cap Corse. Mais ce qui inquiète le plus les navigateurs sont les 40 derniers milles à parcourir dans le golfe de Gênes. Dans les parages de la ligne d’arrivée, le vent sera évanescent. Et l’on pourrait fort bien assister à un regroupement général à quelques milles du finish, comme ce fut le cas à Dublin…

Ils ont dit :

Michel Desjoyeaux, skipper de FONCIA : « Que le meilleur gagne »
« Nous avons une mission : continuer sur notre lancée, nous faire plaisir, bien fait notre boulot. Accepter les erreurs et se réjouir des belles actions. En ce qui concerne le duel avec Spindrift… A mon avis, ils vont essayer de nous plomber l’étape et nous, on va essayer de leur plomber l’étape. C’est comme ça que ça va se passer. Dans cet European Tour, ça a bien distribué, chacun a eu son heure de gloire et ses moments de doutes. Les bagarres, sur toutes les étapes, ont toujours été très dynamiques. Et on peut souhaiter que ce soit comme ça jusqu’à l’arrivée. Souhaitez-nous que les ventilateurs se mettent dans le bon sens, que la pluie s’arrête, et que le meilleur gagne à Gênes ».

Yann Guichard, skipper de Spindrift racing : « Ils ne nous lâcheront pas les basket, mais c’est le jeu »
« Ma mission, c’est de gagner l’étape avant tout. Et d’essayer d’intercaler le plus de bateaux possible entre nous et FONCIA pour qu’on puisse gagner cet European Tour. Pour l’instant, il nous faut intercaler deux bateaux mais dans le petit côtier, il y a 3 points à prendre. Depuis le départ de l’European Tour, de toute façon, c’est très tactique, on se regarde un peu tous. On a fait 90 % de ce tour avec FONCIA : devant, derrière, au vent, sous le vent, donc on a l’habitude. On va forcément se regarder. Ils ne nous lâcheront pas les baskets eux non plus, mais c’est le jeu et ce qui fait la beauté de ces bateaux là. On est proche en vitesse et sur 48 heures de course, je suis sur qu’on va arriver tous très serré à Gênes. J’ai fait beaucoup d’arrivées à Gênes. Il n’y a jamais eu de vent. A 10 milles du finish, on risque de tous se retrouver en paquet pour la grande décision finale »

Jean François Cuzon, navigateur de Musandam-Oman Sail : « Il faudra composer avec l’imprévisible »
« Il va d’abord falloir s’extirper de la zone marseillaise assez rapidement et trouver la meilleure trajectoire : il y a un petit minimum au large et il faudra le contourner pour accrocher la Tramontane. Car le premier qui accrochera ce vent portant de 20/25 nœuds pourra créer un écart sur la route de Minorque où nous devrions être demain matin. Ensuite, on part bâbord au portant avec du vent qui va se renforcer à l’approche du cap Corse, jusqu’à 25/30 nœuds. Une fois le cap Corse passé, on fait route vers Gênes. Près de l’arrivée, il peut y avoir un regroupement dans du vent faible. C’est une étape méditerranéenne avec beaucoup de changements, du léger, du vent fort, des choses un peu imprévisibles, donc il faudra composer avec tout ça. ETA à Gênes, à la louche : mardi matin vers 11 heures. »

Stève Ravussin, skipper de Race for Water : « On se réserve pour la fin »
« On va se donner de la peine comme d’habitude. On est motivé. On aimerait gagner une manche sur cet European Tour. Hier, on ne l’a pas fait parce qu’on voulait se réserver pour la fin ! C’est dommage qu’on n’ait pas été plus dans le coup tout de suite. Car ce serait encore plus serré entre tous les bateaux. Avec 7 concurrents l’année prochaine, ce sera encore plus dur. Mais c’est vrai que c’est fabuleux, toutes les étapes se sont bien passées. Là, les conditions météo vont être sympa. Avec une belle lune la nuit. Et c’est l’arrivée à Gênes qui départagera tout le monde, alors c’est super ».

Sébastien Josse, skipper de Groupe Edmond Rothschild : « En mode à fond »
« On veut accrocher le podium. Tout est encore possible. Il n’y a pas d’étape où on part avec moins de motivation que d’autres, mais celle-là, en tout cas, on va en remettre encore un coup. Dans l’idéal : prendre les points bonus et claquer la manche ! Le mot d’ordre c’est d’être à l’attaque. L’étape va durer 48 heures donc on va se mettre en mode ‘à fond’. Il y a des phases où il faudra être à bloc, d’autres où il faudra se reposer pour bien négocier l’arrivée dans le golfe de Gênes. C’est un endroit très délicat, sans vent et il faudra être lucide pour bien l’aborder. Il faudra avoir les nerfs solides sur l’arrivée. Donc l’idée générale c’est : prendre les points bonus et arriver les idées claires à la Giraglia »

Classement général provisoire MOD70 European Tour
1 FONCIA 236 + 2 points bonus = 238 pts
2 Spindrift racing 229pts + 3 points bonus = 232 pts
3 Musandam-Oman Sail 203pts + 1 point bonus = 204 pts
4 Race for Water = 202pts
5 Groupe Edmond de Rothschild = 194pts

Source

Caroline Muller

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