Franck Cammas et son team vus par ….

© Paul Todd / Volvo Ocean Race

Mardi dernier, entre 2h et 5 heures du matin, sous un fin crachin irlandais, il y avait près de 40 000 personnes sur le port de Galway pour accueillir les concurrents qui venaient de boucler leur 9ème et dernière étape, un sprint de 550 milles entre Lorient et Galway.

Sur les pontons, parmi les membres du team Groupama, submergés par l’émotion du travail bien fait d’une équipe forte et soudée, Thierry Péponnet.

Ancien champion olympique, expert en match-race et en parcours côtier, le Havrais, méditerranéen d’adoption, est l’un des nombreux hommes de l’ombre qui ont contribué à cette victoire française « made in France » dans ce qui peut être comparé à une Coupe du Monde de Voile, qui a réuni la crème de ce sport, de l’olympisme à la course au large, en passant par le match race et la voile en solitaire.

Comme, Stéphane Guilbaud (Team manager), Laurent Pagès, (responsable du programme voiles), Loïc Dorez (responsable du bureau d’études), Ben Wright (responsable de l’assistance technique), Hervé Le Quilliec, (responsable logistique), Olivier Mainguy (responsable du gréement et tant d’autres à terre), Pierre Tissier (responsable de la construction de Groupama 4), Luc Gellusseau (responsable des règles de course) et tant d’autres à terre dans le team Groupama, Thierry Péponnet a contribué à cette campagne victorieuse tricolore et jette un regard lucide et bienveillant sur cette équipe d’excellence.

Parlant de l’homme clé du team, Franck Cammas ; « C’est un gars hors norme et il est difficile à suivre. C’est pourtant le rôle qu’on attend d’un leader : montrer une voie, une méthode de travail. »

« Notre force a été de travailler très vite à améliorer nos points faibles. » Péponnet revient en cartésien sur l’exploit de Groupama sailing team, vainqueur ‘mathématique’ de cette édition 2011-12, puisqu’ils n’ont pas besoin des points de la dernière manches, l’In-Port de Galway, disputée le samedi 7 juillet prochain, pour rester en tête du classement général définitif.

« On a pris le taureau par les cornes dès Alicante au lieu, comme certaines équipes, de dire ‘On a un bateau qui se traîne, c’est foutu …’ Et cela a porté ses fruits. Au départ, on était à la ramasse dans le petit temps et aujourd’hui, on défend chèrement notre peau dans ces conditions qui ne nous sont pourtant pas favorables. »

Champion olympique de 470 et coach réputé, le Français a rejoint le team de Franck Cammas il y a plus d’un an. Il décrit un groupe qui fonctionne par « une remise en cause permanente et un leader incontesté. »

Il parle d’un « Franck qui tire tout le monde vers le haut, dans tous les secteurs de cette entreprise de 60 personnes. » Il avoue ne pas savoir où le skipper français trouve son énergie.

À l’entraîneur, on pose évidemment la question de la cohésion du groupe. On a parlé pendant un certain temps d’un problème d’entente entre les Français et les étrangers du bord. Péponnet nie.

« Le problème, ce n’était pas les Anglais contre les Français. Pour moi, la plus grosse problématique a été la vitesse à laquelle Franck a pris possession du bateau en retirant des initiatives aux équipiers. C’est cela qui a été le plus dur à vivre. Franck s’est appuyé sur des gars qui avaient de l’expérience, mais comme il a sa propre expertise, il a petit à petit pris beaucoup d’initiatives. Les équipiers l’ont pris comme une perte de confiance.

« J’ai compris assez vite que c’était déstabilisant pour les uns et les autres. Par exemple, avant le départ d’Alicante, il y avait une frustration des équipiers à l’égard de Franck, qui remettait en cause la manière dont on virait sous A0. Et il avait raison ! »

C’est là que le rôle technique du coach inshore est devenu plus complexe. Et que la finesse de Péponnet, « qui apporte un regard extérieur, » a été utile.

« À un moment donné, il faut faire comprendre aux gars qu’ils doivent s’asseoir sur leur ego. Ça bouscule leurs références mais Franck le fait pour être plus performant sur l’eau.

« C’est la preuve d’un grand professionnel. C’est un gars hors norme et il est difficile à suivre. C’est pourtant le rôle qu’on attend d’un leader : montrer une voie, une méthode de travail. »

Il a cerné le groupe, il a aidé l’équipage. Après l’exploit, et à quelques jours de la course In-Port de Galway qui ne peut pas déranger ce classement historique, il laisse l’émotion parler.

« L’arrivée à Galway était un moment très fort, intense à partager. Tu le voyais dans le regard de toute l’équipe, navigante et technique. Ils avaient les larmes aux yeux. Ça faisait longtemps que je n’avais pas partagé ce genre d’émotions. »

Et puis forcément, le coach refait surface. « Il y a un petit enjeu samedi prochain : gagner le classement In-Port. C’est la motivation que je vais glisser dans le briefing demain … »

Si le podium final de cette 11ème édition de la Volvo Ocean Race ne peut plus évoluer, avec Camper 2ème et Puma 3ème, l’enjeu sera pour Abu Dhabi Ocean Racing ou Groupama d’emporter le classement In-Port avec une 4ème victoire d’In-Port.

C’est sur cette dernière confrontation sur l’eau que s’achèvera la Volvo Ocean Race 2011-12.

Ils ont dit : Témoignages des skippers de la Volvo Ocean Race 2011-12 :

Chris Nicholson, skipper de CAMPER with Emirates Team New Zealand :

« La progression de Groupama dans cette Volvo Ocean Race a été énorme. Deplus, ils sont tellement sympathiques. Ce sont vraiment de super mecs. Chapeau bas à eux ! »

Ken Read, skipper de PUMA Ocean Racing powered by BERG:

« Ils sont rapides, ils sont intelligents, c’est la combinaison qui tue. Je leur donne tellement de crédit parce qu’ils ont commencé à cet événement un peu à la traine, spécialement dans le petit temps. Ils ont su améliorer tous leurs points faibles comme jamais je n’ai vu aucun team le faire auparavant. J’ai eu l’occasion de mieux connaitre certains de ces gars. Je les apprécie beaucoup en tant que personnes et en tant que compétiteurs. Je leur adresse toutes les félicitations du monde. Ils le méritent. »

Iker Martínez, skipper de Telefónica:

« Je veux féliciter Groupama pour cette victoire. Ils la méritent et sont les plus légitimes vainqueurs de cette édition. »

Neal McDonald, chef de quart sur Telefónica:

« J’ai toujours eu le sentiment secret que Groupama allait être impressionnant. Dès le premier jour à Alicante, je n’en croyais pas mes yeux quand j’ai vu leur vitesse sur l’eau dès la première bouée. Cette victoire est une bonne chose pour eux. Ils ont fait du super boulot.

Ian Walker, skipper, Abu Dhabi Ocean Racing:

« J’ai une énorme admiration pour Franck et son team. Ils ont approché cette course à leur manière, pas comme les autres le font traditionnellement. Ils ont dominé la deuxième partie de cette édition. J’ai de bons amis à bord de Groupama 4 et je suis vraiment ravi pour eux.

Point sur la course, avant la 19ème et dernière manche, l’In-Port de Galway, samedi :

Après 9 étapes océaniques et 9 régates « in-port »

  1. Groupama sailing team (Franck Cammas) : 250 pts
  2. Camper with Emirates team New Zealand (Chris Nicholson) : 226 pts
  3. Puma Ocean Racing powered by BERG (Ken Read) : 220 pts
  4. Telefonica (Iker Martinez) : 209 pts
  5. Abu Dhabi Ocean Racing (Ian Walker) : 129 pts
  6. Sanya (Mike Sanderson) : 50 pts

Equipes victorieuses des 17 manches (sur 19 manches) :

9 Etapes :

  • Telefonica : (E1, E2 et E3)
  • Groupama 4 : (E4, E8)
  • Puma Ocean Racing : (E5 et E6)
  • Abu Dhabi Ocean Racing (E7)
  • Camper : (E9)

9 In-Port Race :

  • Abu Dhabi Ocean Racing : (Alicante, Abu Dhabi, Miami)
  • Telefonica : (Cape Town, Sanya)
  • Camper with Emirates Team New Zealand : (Auckland)
  • Groupama 4 : (Itajai, Lisbonne, Lorient)

Source

Anne Massot

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