Le bal des débutants

© Alexis Courcoux

Chaque année, La Solitaire du Figaro-Eric Bompard Cachemire récompense ses débutants. La bagarre pour le titre du meilleur novice constitue toujours une course dans la course et le classement Bénéteau des bizuths un indicateur fiable pour détecter les champions de demain. Six coureurs composent la promotion 2012. Moyenne d’âge 26 ans.

Bizutage en règle

Les six jeunes premiers engagés cette année s’appellent Corentin Horeau, 23 ans, (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir), Thomas Normand, 25 ans, (Financière de l’Echiquier), Julien Villion, 24 ans, (Seixo Promotion), Nick Cherry, 27 ans (Artemis 77, GBR), Henry Bomby, 21 ans (Artemis 37, GBR) et Kristin Songe Moller, 35 ans, (Kristin for fulle seil, NOR). Ils ne viennent pas tous de la même école, n’ont pas la même expérience, ni les mêmes ambitions. Nick Cherry s’est illustré en match racing, Thomas Normand en Mini 6.50, Julien Villion a débuté en catamaran de sport, Corentin Horeau a fait ses armes en équipage, Henry Bomby a effectué à 18 ans un tour de l’Angleterre en solo, et Kristin Songe Moller était une ancienne planchiste de haut niveau. Mais dans quatre jours, ils seront tous embarqués dans la même aventure : une exploration en profondeur de leurs qualités humaines et sportives, sous forme de bizutage en règle. Dans ce voyage de trois semaines entre Paimpol et Cherbourg-Octeville ils découvriront l’âpreté de la compétition à armes égales, la pression, la fatigue, des forces insoupçonnées mais aussi, peut-être quelques amères désillusions. La plupart n’ont jamais vécu que deux ou trois jours en mer en solitaire…

Tensiomètre et ambitions variables

A quatre jours du départ de la première étape (et alors qu’ils assistaient ce mercredi à leur briefing spécial bizuth), ils ne sont pas tous, non plus, dans le même état d’esprit. Les trois Français sont déjà très impatients de mettre les voiles. Nick Cherry avouait être un peu nerveux, « mais de la bonne nervosité » et éprouver déjà quelques difficultés à dormir sur ses deux oreilles. Henry Bomby, le benjamin de la flotte, se sentait « relax », rassuré par une équipe anglaise bien organisée autour de lui. Même calme chez Kristin Songe Moller, très enthousiaste d’être là, au milieu des 37 Figaro-Bénéteau.
Ces six-là n’ont pas non plus les mêmes ambitions. Normand, Horeau et Villion visent ouvertement le classement bizuth, Kristin part en mode plaisir-découverte. Quant à Nick et Henry, ils ne souhaitent pas se faire d’idée préconçue ni présager de leurs résultats, juste donner le meilleur d’eux-mêmes.
Le grand gagnant du bal des débutants succèdera cette année à Morgan Lagravière (Vendée), auteur d’une course exceptionnelle en 2011. Dans l’histoire de La Solitaire, seul le Suisse Laurent Bourgnon avait remporté le classement général toutes catégories lors de sa première participation. C’était en 1988. Mais depuis l’avènement des monotypes, cet exploit ne s’est jamais répété. En terminant 2e en 2000, Armel Le Cléac’h s’en était juste approché…

Ils ont dit :

Kristin Songe Moller (Kristin For Fulle Seil) :

« C’est en Scandinavie que j’ai passé le plus de temps en mer et seule ; 3 nuits au total. Je suis assez calme finalement et je trouve l’ambiance ici incroyable. J’ai encore quelques petites choses à vérifier sur le bateau et à intégrer, mais je suis prête. La pression pour moi viendra après les différents briefings de samedi. Du point de vue de la compétition, si je termine avec le style et le sourire et bien je serai vraiment ravie. Sur l’eau, tout peut arriver mais l’important est que je fasse de mon mieux. »

Nick Cherry, (Artemis 77) GBR :

« Je me sens bien, je me sens prêt. J’ai eu suffisamment de temps pour penser à tout ce que je devais faire pour préparer la course, les étapes, le bateau. Tout est prêt autant que possible et je suis confiant, juste excité de partir. Je suis un tout petit peu nerveux mais dans le bon sens je pense. Ça commence à être un peu plus difficile de s’endormir et ça deviendra de plus en plus dur à l’approche du départ. »

Henry Bomby (Artemis 37), GBR :

« Je me sens très décontract’ en fait. Avec l’équipe d’Artemis autour, Sam (Goodchild) et Marcus (Hutchinson) m’aident à démêler des sujets qui auraient pu être potentiellement stressants. Nous sommes très structurés, très organisés, et ça enlève une énorme quantité de stress dans toute la préparation. Donc pas de stress, hier on est allé voir la Volvo Ocean Race, demain, je fais une petite sortie en navigation, juste pour le plaisir. Je n’ai pas d’objectif ni d’attente particulière. Je pense que c’est dangereux d’en avoir simplement parce que je ne sais pas comment je vais me comporter. Le but est de donner le meilleur. Peut-être qu’avant la dernière étape, je pourrai vous en dire plus… »

Thomas Normand (Financière de l’échiquier) :

« Le bateau est prêt. Le fait que ce soit l’ancien Figaro Bénéteau de Jérémie Beyou est un plus car on sait qu’il est abouti et fiabilisé. Si j’avance moins vite que les autres, ça sera uniquement de ma faute. Ce qui est important pour moi, c’est le dépassement autant physique que mental. Le fait d’aller plus loin dans le sommeil, de s’engager encore plus et d’être incisif sont des éléments clés dans la réussite. J’ai la chance d’être bien préparé et entouré en faisant partie de l’écurie de Jean-Pierre Dick. Je bénéficie de ses conseils et de ceux de Jean Le Cam (triple vainqueur de La Solitaire) et d’Isabelle Joschke. Mais mon manque d’expérience est évident sur cette course et il est possible que j’en sous-estime certaines phases. Mon objectif est de gagner le classement bizuth et je vais m’arracher pour être le plus compétitif possible. »

Corentin Horeau (Bretagne Crédit Mutuel Espoir) :

« J’ai fait ma plus longue navigation en solitaire lors de la Solo Concarneau : 3 jours et 2 nuits en mer. En revanche j’ai déjà passé trois mois en cargo en mer ! Je suis à la fois calme et à l’aise et l’envie d’y aller est là. Je n’ai pas trop de pression. J’ai la chance d’avoir l’appui d’Anthony (Anthony Marchand skipper de Bretagne – Crédit Mutuel Performance, ndr). Nous échangeons pas mal et il répond très souvent à mes questions. La Solitaire du Figaro –Eric Bompard Cachemire est une course mythique. C’est certain que j’y pense depuis longtemps et jamais je n’aurais imaginé qu’à 23 ans j’allais y participer. J’ai vraiment envie de me battre et de régater ».

Julien Villion (Seixo Promotion) :

« Cette période d’avant course est assez longue. Je profite un peu de ce temps pour me préparer et la pression va monter petit à petit mais je suis en grande forme physique. Je suis aussi là pour m’amuser même si je vise le classement général des bizuths. Je suis un compétiteur. Je n’ai pas de pression particulière, ça devrait bien se passer ».

Source

RivaCom

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